Nouvelle Histoire vraie
Chapitre 5
Le roman de Anne Collomb
Deux petites annonces dans un journal vont sceller à
jamais le sort de cette femme.
"J’ai 39 ans, je suis
veuve, sans enfant, et pour ainsi dire sans famille puisque sous peu elle
quittera Paris. Je gagne 2100 F par an dans un bureau. Je suis parvenue à faire
quelques économies qui, avec le petit peu que j’avais quand mon mari est mort,
s’élèvent à 8000 F."
« M. 45 ans, seul, sans famille, situation 4 000, ayant
intérieur, désire épouser dame ayant situation en rapport. »
Mai 1916, Mme veuve Collomb, âgée de quarante-quatre[1] ans, trouve la vie bien
triste.
Veuve depuis quinze ans, elle travaille comme dactylographe
dans une compagnie d’assurance, un emploi qui lui amène un salaire lui
permettant de vivre aisément, voire de mettre un peu d’argent de côté.
De l’argent de côté ! Pour en faire quoi quand on
est seule ?
Bien sûr, elle a un ami, mais elle sait que cette
relation est sans avenir.
Ce qu’elle souhaite, Anne Collomb, c’est trouver un
mari pour partager sa vie au quotidien.
Voilà pourquoi, elle avait franchi le pas en faisant
paraître une petite annonce dans laquelle elle s’était rajeunie afin d’avoir
plus de chance. D’ailleurs, à bien la regarder, brune, petite et toute menue,
Anne Collomb ne fait pas ses quarante ans.
Un petit mensonge bien anodin, qu’il serait facile à
expliquer et à se faire pardonner, si elle rencontrer « l’homme
idéal », celui dont elle rêve tant.
De son côté, un certain Monsieur Cuchet, l’auteur de
la seconde annonce, cherche également l’âme sœur.
Mis en relation, le couple se rencontre, parle
longuement, se plaît et envisage une relation durable et plus intime. Très
vite, même, ils se mettent en ménage et envisagent de se marier.
Oui, ils se mettent en ménage ! Madame Collomb quitte même son appartement
de la rue Rodier et le couple s’installe rue Châteaudun dans ce qui devient
leur « petit nid d’amour ».
Anne Collomb est heureuse. Enfin, elle envisage
l’avenir avec espoir. L’homme qu’elle a rencontré grâce à un petit encadré dans
le journal est aimant, attentionné et.... ne manque pas de charme.
Ne manque plus à son bonheur que le passage devant
monsieur le maire et l’alliance au doigt.
Pour cela, il faut régler un petit détail et pas de
moindre.
La France est en guerre. Monsieur Cuchet est un
réfugié venant de Lille. Dans le nord de la France, les combats font rage,
beaucoup de villes sont détruites. Pour se marier, il faut des papiers, et les
délais pour les obtenir sont très longs.
Anne Collomb se montre conciliante et patiente :
« Nous attendrons le temps qu’il faudra. Ils
arriveront bien un jour tes papiers ! »
Monsieur Cuchet joue de son charme. Ses fonds sont en
baisse, il attend également que ses affaires soient réglées, tout là-bas dans
le nord. Alors, compréhensible, Anne ouvre les cordons de sa bourse et donne de
l’argent à son amant.
Ce que Anne ignore, c’est que son Dom Juan entretient
d’autres relations « amoureuses » avec bien d’autres femmes......
Fin décembre 1916, juste après Noël, monsieur Cuchet
propose à son amie de visiter une maison à Gambais qu’il vient de louer.
Tous deux prennent le train.
C’est l’hiver, il fait froid, mais le temps est
radieux.
Une belle balade en perspective.
Aucune nouvelle de Anne Collomb depuis le 27 décembre
1916......
A la fin de la guerre, Madame Pellat, une amie de Anne,
inquiète de son silence prolongé, interpelle les autorités.........
[1] Peu de chose sur cette dame, seulement une année de naissance, 1872, sans lieu. Pas de nom de jeune fille non plus, ces manques rendant les recherches vaines.
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