jeudi 10 septembre 2020

NOUVELLE HISTOIRE VRAIE - CHAPITRE 6

 


Nouvelle Histoire vraie

Chapitre 6

Le roman de Andrée-Anne Babelay

 

 

« Madame, déclara  Andrée Anne, je vous quitte ! »

 

La dame en question, cartomancienne de son état, n’vit pas vu ce départ dans les cartes. Cette domestique venant tout juste d’entrer à son service donnait déjà ses huit jours !

« Mais pourquoi ? s’enquit-elle, vous n’êtes pas bien à mon service ? C’est en raison du salaire ? Je ne vous donne pas assez ? C’est que dans mon art, je ne gagne pas beaucoup, mais je peux peut-être ......

 

Il était vrai que cartomancienne était un métier aléatoire quoique la période de guerre incertaine et angoissante avait vu depuis quelques mois affluer un grand nombre de clients.

 

« Non, non, madame, répliqua la jeune fille, c’est que j’ai rencontré un monsieur très bien et nous allons nous marier.

-       Mais, vous le connaissez depuis combien de temps ?

-       Bah ! depuis la semaine dernière !!

-       Ne croyez vous pas que c’est un peu rapide ?

-       Bah, pourquoi ? Il me plaît, je lui plais, pourquoi se poser des questions ?

 

Vu sous cet angle, en effet, pourquoi se poser des questions !!! Sauf que.....

Andrée-Anne Babelay était une jeune fille impulsive et surtout très instable.

Elle ne restait jamais bien longtemps dans un emploi.

Chez cette cartomancienne qui avait pignon sur le rue de Belleville, elle avait commencé le 28 janvier 1917. Le 11 mars, elle déclarait : « je pars ! ».

Des emplois, elle en avait eu et des plus divers :  fleuriste, perleuse, femme de chambre......

 

C’était dans la rue que la jeune Andrée-Anne, âgée de dix-neuf ans, avait lié conversation avec un monsieur dont le regard avait été attiré par sa silhouette. Il fallait dire qu’elle ne passait pas inaperçu cette jouvencelle, un vrai feu-follet à la chevelure brune et au regard insolent.

Elle n’avait peur de rien, ni de personne.

 

André-Anne apprit très vite que le monsieur habitait depuis le 10 février, une chambre rue de Maubeuge, au numéro 10, mais qu’il cherchait autre chose, une maison spacieuse avec jardin. Monsieur Guillet, c’était son nom, avait trente-cinq ans.

 

Andrée-Anne s’empressa d’aller conter cette rencontre à sa mère qui, remariée, résidait dans le quartier des Lilas. Mère et fille se voyaient souvent. Après avoir papoté un petit moment, elles se donnèrent rendez-vous le lendemain 13 mars, place de la République.

« 14 heures 30, ça te va, demanda Andrée-Anne à sa mère.

-       Oui ! Alors à demain !!

 

Le lendemain, Andrée ne fut pas au rendez-vous !!

La mère fut étonnée de cette absente, mais connaissant sa fille, elle n’y prêta pas plus attention que cela.

« Elle passera ce soir, pensa-t-elle »

Le soir, aucune visite. Le lendemain, elle reçut un petit message disant :

« Je n’ai plus d’emploi, je pars en province faire un remplacement. Je te recontacte dans deux ou trois jours. »

 

Après avoir pris connaissance de la brève missive, elle replia le papier en soupirant.

« Toujours aussi instable ! Quand arrivera-t-elle à se fixer ? »

 

Pieux mensonge, si on pouvait dire, car Andrée-Anne n’avait pas quitté Paris, elle s’était installée tut bonnement au domicile de monsieur Guillet.

Monsieur Guillet, afin de ne pas éveiller la curiosité de ses voisins, avait averti la concierge de l’immeuble dans lequel il habitait, qu’il recevait sa nièce quelques jours.

 

Le 28 mars, monsieur Guillet, avec un large sourire, lança :

« J’ai loué une maison à la campagne. Nous partons demain. Tu pourras aonsi me dire comment la décorer. »

 

Cette perspective enjoua Andrée-Anne et le lendemain, après le voyage en train, le couple arriva à Gambais et s’installa dans la maison dite « l’Ermitage », louée à un certain monsieur Tric.

 

Pendant les jours qui suivirent, monsieur Guillet, pour régler ses affaires, fit plusieurs voyages à Paris. Lorsque son amant s’absentait, la jeune fille faisait du vélo sur la route ou prenait le soleil dans le jardin, discutant même avec les voisins. A chacun de ses retours, monsieur Guillet ne manquait jamais de rapporter quelque petit présent à sa jeune conquête. Bonbons, pâtisserie, fleurs..... Rien n’était trop beau pour la voir sourire.

 

 

Que se passa-t-il quelques jours avant le 12 avril 1917 ?

La curiosité de Andrée-Anne fut-elle la cause de querelles ?

Qu’avait-elle découvert dans les bâtiments qui se trouvaient dans le jardin et qui, fermés à clef, renfermaient des objets appartenant, soi-disant, au propriétaire du lieu ?

Le franc-parler et des menaces (peut-être) de la part de la jeune fille ont-ils inquiété monsieur Guillet qui avait sûrement beaucoup à cacher ?

Pourtant, il était très attaché à cette « gamine », mais ne devenait-elle pas un peu trop incontrôlable ?

 

 

A partir du 12 avril, plus personne n’aperçut la demoiselle Babelay pédalant sur la route de Gambais ou se promenant dans le jardin de la villa l’Ermitage.

La mère d’Andrée-Anne, inquiète du silence prolongée de son enfant, se rendit au commissariat de police. Des recherches furent entreprises. Elles restèrent vaines.

 

Andrée-Anne Babelay avait vu le jour le 10 juillet 1897 à Paris. Elle était la seconde d’une fratrie de quatre enfants.

Elle avait un ami qui était parti au front en mars 1917......

Si le jeune homme avait été réformé, tout cela ne serait pas arrivé......

Mais avec des « SI » !!

 

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