mercredi 14 juillet 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 20

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 

La bête du Gévaudan – chapitre 5


Les louvetiers du royaume - 2

 

 

Si le Capitaine Duhamel avait quitté le Gévaudan fin décembre pour y revenir mi-janvier, la bête, elle, y était bel et bien restée, et poursuivait en toute impunité ses ravages......

 

Le roi qui n’était pas insensible à ce qui se passait dans son royaume, à moins qu’il eût envie d’éviter une révolte, proposa des primes de plus en plus importantes pour la capture de l’animal et envoya deux louvetiers de grande réputation, Messieurs de Vaumesle d’Enneval, père[1] et fils[2].

 

Jean-Charles Marc Antoine Vaumesle d'Enneval, originaire de Vimoutiers, était gentilhomme en pays d’Auge. Il avait la réputation d’être un des meilleurs chasseurs de loups du royaume de France. Il ne comptait  pas moins de mille deux cents loups à son actif, raison pour laquelle il avait reçu le titre honorifique de « Grand Louvetier de Normandie ».

Jean François Vaumesle d’’Enneval, son fils, capitaine au régiment d'infanterie de Bresse,  avait demandé un congé afin d’être le second de l’équipage de son père dans cette chasse à la bête.

Les d’Enneval étaient venus accompagnés de leurs valets, leurs piqueurs et huit chiens limiers dont six de grande taille. Ils arrivèrent à Saint-Flour le 19 février 1765 où ils passèrent quelques jours, avant de s’installer à Saint-Chély-d’Apcher, le 2 mars suivant.

 

Jusqu’en avril 1765, les d’Enneval[3] firent chasse commune avec les dragons du capitaine Duhamel.

Leurs désaccords, évidemment en raison de leur rivalité, furent de plus en plus fréquents.

Les d’Enneval se plaignaient que les battues journalières de Duhamel et ses dragons apeuraient l’animal qui se terrait.

Duhamel critiquait les méthodes des d’Enneval les trouvant peu adaptées.

 

Le mois de mars 1765 se passa sans aucun résultat.

 

Très vite, les heurts trop fréquents entre les chasseurs rivaux, nuisant à leurs obligations, décidèrent les autorités locales à mettre fin au contrat du Capitaine Duhamel qui  dut,  avec ses hommes, réintégrer son casernement de Langogne, début avril.

 

A présent seuls sur le terrain, les d’Enneval utilisèrent tout d’abord les mêmes stratagèmes que leur prédécesseur : battues, affûts, pièges, poisons.....

 

Grâce au flair de leurs limiers, entraînés à la chasse aux loups, la bête livra peu à peu ses habitudes. Elle revenait souvent dans le bois de Ténazeyre, situé sur les pentes du Mont Mouchet.

L’animal avait été aperçu par un piqueur à l’affût qui lui avait tiré dessus, sans l’atteindre toutefois. Mais celui-ci affirma que la bête était accompagnée d’un animal plus petit, une louve apparemment.

 

Afin de s’approcher au plus près de la bête, les d‘Enneval Père et fils et leur équipage quittèrent Saint-Chély pour prendre leurs quartiers à Malzieu dans la Margeride,  en Lozère. C’était le 29 avril 1765.

 

Le lendemain, une grande chasse avec le concours de cinquante-six paroisses et rassemblant dix mille hommes fut organisée avec l’immense espoir d’en finir.

De nombreux loups trouvèrent la mort sous les tirs des armes à feu....... sauf la bête !!

 

Le mois d’avril s’acheva sans résultat.

 

Pourtant, de nombreux courriers arrivaient, tous porteurs  des méthodes les plus efficaces, comme :

Cette idée d’un nommé Couderc, chirurgien à Béziers :

·         Creuser un octogone composé de huit fosses profondes et masquées par des branchages, au centre duquel on placerait deux ou trois enfants pour servir d’appât.

Cet homme avait-il proposé ses propres enfants comme « appât » ?

Un monsieur Herbert, de Paris, lui, donnait cette idée, assez spéciale :

·         Habiller un mouton en fille, le coiffer d’un bonnet et embusquer des tireurs à proximité. Pour que le mouton imite bien un enfant, l’attacher à deux bons pieux fichés en terre. Le mouton en gesticulant, attirera encore plus l’hyène qui, en outre, ne pourra l’emporter.

Ou encore :

·         Fabriquer des femmes artificielles, avec trois vessies de porc gonflées, à savoir, une pour la tête et deux pour les siens. Remplies de poison ces mannequins seraient déposés sur les itinéraires empruntés le plus fréquemment par la bête.

 

 

A suivre .........



[1] Jean Charles Marc Antoine de Vaumesle d’Enneval, né le 28 septembre 1702 à Vimoutiers et décédé le 9 novembre 1769 dans cette même ville. Il était parfois désigné, au sein de la Louveterie Provinciale, comme Martin d'Enneval ou monsieur le marquis d'Enneval

[2] Jean François de Vaumesle d’Enneval, né le 8 mars 1734 - Argentan (61) – aucune date de décès trouvée - grand chasseur de loups comme son père. Ecuyer et capitaine au régiment d'infanterie de Bresse jusqu’en  novembre 1762, il servit ensuite, toujours sous ce grade, au régiment des recrues d'Alençon.

[3] Le caractère orgueilleux et autoritaire de Jean Charles Marc Antoine d’Enneval lui valut des inimitiés, voire des hostilités, de la part de Etienne Lafont et du Comte de Morangies.

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