Les loups qui ont fait parler d’eux.......
La bête du Gévaudan – chapitre 4
Les louvetiers du royaume - 1
Après s’être porté volontaire, le capitaine Jean Baptiste Louis François Duhamel[1], accompagné de cinquante-six dragons, arriva à Mende, le 3 novembre 1764, avec mission de détruire la bête.
Le surlendemain, il s’installa à
Saint-Chély-D’apcher pour être au plus près du repère de l’animal.
Avec beaucoup de stratégies, il
organisa de grandes chasses et malgré le déploiement de toutes ses forces, la
bête restait introuvable, mais poursuivait ses crimes.
La joie de la population à
l’arrivée des troupes se ternit bien vite. Non seulement la bête rôdait et
attaquait toujours, mais les dragons, manquant de discipline, ravageaient les
récoltes et surtout vivaient, et cela très largement, sur les vivres des
habitants chez lesquels ils étaient logés, sans bourse délier, cela va de soi.
Sans compter les chevaux qu’il fallait nourrir, l’intendance des magasins de
fourrage de leur caserne à Langogne ne suivant pas.
Et en plus, comble de malchance, le
mauvais temps persistait – il neigeait à gros flocons sans discontinuer - ne
permettant aucune chasse.
Dix-huit villages avaient ses
dragons qui veillaient, surveillaient, posaient des pièges ou encore gardaient
les bêtes, habillés avec des vêtements de femmes. Ce dernier stratagème étant
fait pour tromper l’animal maléfique.
Quant au capitaine Jean Baptiste Louis François Duhamel, il était logé à l’auberge de Grassat.
Duhamel et son détachement avaient vainement chassé la bête féroce du côté de St-Chély, notamment fin novembre vers St-Denis, les Laubies et Aumont et du 19 au 23 décembre vers Rimeize et Fau de Peyre. La bête féroce leur avait échappé le 22 décembre dans une forêt près de Beauregard paroisse du Fau.
Ce fut donc en vain que l’animal
fut chassé, du côté de Saint-Chély, Saint-Denis-les-Laubies, Amont, vers
Rimeize et Fau-de-Peyre.
Pourtant, dans la forêt près de
Beauregard, dans la paroisse de Fau, le 22 décembre 1764, la bête avait été
approchée, on avait même cru un instant pouvoir la tuer, mais elle s’était
échappée.
Un échec cuisant pour le capitaine.
Le 24 décembre, Duhamel reçut
l’ordre de rejoindre ses quartiers à Langogne.
Quinze jours plus tard, le même détachement fut de retour. A sa tête le même Capitaine Duhamel. C’était le 10 janvier 1765.
Ce furent de nouvelles battues, toujours de plus en plus importantes, comme celle du 7 février 1765.
La bête connaissait bien la
région, elle savait où se cacher.
Nouveaux revers pour les dragons que le capitaine mit sur le dos des paysans. Trop indisciplinés. Trop peureux.
Sans résultat, le détachement regagna ses pénates, le 8 avril 1765. Il ne
revint jamais en Gévaudan.
Dans une lettre à l’Intendant d’Auvergne, le capitaine Duhamel fit
une description assez étrange de la bête.
« Cet animal est de la taille
d’un taureau d’un an. Il a les pattes aussi fortes que celles d’un ours, avec
six griffes à chacune de la longueur d’un doigt, la gueulle extraordinairement
large, le poitrail aussi long que celui d’un léopard, la queue grosse comme le
bras est au moins de quatre pieds de longueur, le poil de la bête est au moins
noirâtre, les yeux de la grandeur de ceux d’un veau et étincelants, les
oreilles courtes comme celles d’un loup et droites, le poil du ventre
blanchâtre, celui du corps rouge avec une raie noire large de quatre doigts
depuis le col jusqu’à la queue. »
Il concluait par :
« Je crois que vous penserez
comme moi, que cet animal est un monstre dont le père est un lion ; reste
à savoir quelle en est la mère. »
[1] Le capitaine Duhamel, né le 6 avril 1732 à
Amiens - Capitaine aide-major, commandant du détachement des dragons des
Volontaires de Clermont-Prince en Gévaudan (1764-1765) - Très
méthodique, le capitaine Duhamel possédait une grande vivacité d’esprit. Il
avait le teint rougeaud. Les dames admiraient sa belle moustache blanche.
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