non plus.
Si la Martinique
possédait un Mont Pelé volcanique à souhait, la Guadeloupe, elle, avait les
vapeurs et les cendres de la Soufrière.
Dans l’un et l’autre
cas, les habitants en supportaient toujours les conséquences.
Et voilà pourquoi,
quelques scientifiques se penchèrent sur l’analyse des séismes, des tsunamis et
des éruptions volcaniques, avec cette question cruciale :
Comment détecter les
mécanismes déclencheurs ?
Septembre 1797, la
Soufrière entra en action.
A ce moment, Thomas Luc
Augustin Hapel-Lachênais[1]
était déjà depuis plusieurs années en Guadeloupe, y ayant débarqué en septembre
1784.
Il fut donc à même
d’étudier le phénomène.
29 septembre : Dans
la Basse-Terre, il fut ressenti un tremblement de terre, accompagné d’un bruit
sourd partant de la Soufrière. Puis s’éleva un nuage noir, suivi d’une pluie de
fines cendres qui recouvrit le site, détruisant la végétation.
Au cours de l’hiver
1797-1798, Thomas Luc Augustin Hapel-Lachênais observa plusieurs recrudescences
de l’activité volcanique.
26 avril 1798 : une
détonation se fit entendre dans la Basse-Terre. La Soufrière était enveloppée
d’un épais nuage, mais aucune chute de cendres. Le nuage, en se dissipant,
laissa voir des vapeurs qui s’échappaient de la partie nord-ouest du cône.
Jaillit ensuite une énorme quantité de pierres qui tels des obus creusaient des
cratères en heurtant le sol.
Thomas Luc Augustin
Hapel-Lachênais expliqua qu’il s’agissait de pierres provenant de la démolition
de laves anciennes.
Quatre années plus tard,
en février et mars 1802, le même scénario se produisit.
1843
Quatre-vingt-dix
secondes !! C’est long, très long lorsque la terre tremble[2]
d’une manière effroyable.
Quatre-vingt-dix
secondes !! C’est interminable lorsque, tout autour de soi, les maisons
s’écroulent dans un bruit d’enfer.
Quatre-vingt-dix
secondes !! C’est insoutenable lorsque la peur prend aux tripes et que la
tête bourdonne de telle sorte qu’aucune réflexion logique ne fonctionne, si ce
n’est l’envie de fuir, loin, très loin, mais où, alors que le sol est jonché de
décombres. Que faire, sinon prier et espérer ?
Quatre-vingt-dix secondes
de terreur, ce fut ce que vécurent tous les habitants de la Guadeloupe, ce
jour-là, 8 février 1843, lors d’un séisme de très forte intensité.
Ce tremblement de terre fut
ressenti également dans les petites Antilles et à Antiga et Bardura, en
Martinique aussi, et jusque dans le sud de la Floride.
Le gouverneur de l’île,
Jean-Baptiste-Marie-Augustin Goubeyre[3], dévasté
devant le désastre, s’adressa aux habitants en ces termes :
Habitants de la Guadeloupe,
La ville de
Pointe-à-Pitre n’existe plus. D’innombrables corps gisent aujourd’hui sous ses
débris d’où vous avez vu sortir plus de quinze cents blessés, miraculeusement
sauvés.
Votre infortune est
grande ! Mais toute ressource n’est pas détruite......
Sur
les ruines de la Pointe-à-Pitre, le onze février 1843.
Votre
gouverneur, Goubeyre.
Le bilan fut accablant.
L’île dans son ensemble fut lourdement touchée. Pointe-à-Pitre était en feu.
Trois mille morts et le
reste de la population démuni de tout.
L’économie de l’île
réduite à néant. Il fallut attendre deux années pour que toutes les usines
soient reconstruites et reprennent leur activité.
La France fut consternée
par cette catastrophe et toutes les communes françaises firent des appels aux
dons[4].
Le calme revenu, il
fallut enterrer les morts, panser les plaies, déblayer et reconstruire.
Reprendre la vie avec cette peur au fond des entrailles, cette peur qui
s’atténua peu à peu avec le temps....
Mais le temps fut bien
court jusqu’à cette année 1851 au cours de laquelle le sol se déroba encore sous
les pieds des Guadeloupéens. Heureusement, peu de morts, peu de dégâts.
Mais les angoisses
ressurgirent, encore plus tenaces.
Environ
cinquante années plus tard, il n’y avait plus que les très anciens, les
rescapés, qui en parlaient encore de cette immense tragédie de 1843.
Etait-ce
pour rappeler que tout pouvait à nouveau recommencer que, le 29 avril 1897 en
milieu de matinée, la terre se mit à trembler[5] et
frappa à nouveau le port de Pointe-à-Pitre ? De nombreux dégâts matériels
dans cette zone urbanisée et marécageuse, mais peu de victimes : 7 morts
et une quarantaine de blessés. Mais c’était déjà beaucoup trop !
C’en
était assez pour ce XVIIIème siècle !!
Le
début du siècle suivant ne fut pas plus clément.
[1]
Thomas Luc Augustin Hapel-Lachênaie - Argentan (Orne)
le 2 avril 1760 – Sainte-Rose ( Guadeloupe) le 14 mai 1808. En France, il
exerce en tant que vétérinaire. A la Guadeloupe : apothicaire, il
travaille à l’hôpital militaire. Il étudie la chimie et obtient le diplôme. Il
cultive aussi la canne à sucre. Il est passionné par beaucoup de sujets : santé
animale, botanique, géologie .... Il est nommé Secrétaire de la Chambre
d’agriculture de la Guadeloupe et membre de la Société d’agriculture et de
physique
[2] De magnitude 7,5 à 8 sur l'échelle de Richter selon les
estimations actuelles.
[3] Riom le
30 octobre 1786 - Pointe-à-Pitre le 7
juin 1845. Officier de marine et gouverneur de la Guadeloupe de 1841 à
1845.
[4] Information recueillie dans les divers comptes-rendus des Conseils municipaux de nombreuses communes.
[5] Estimation d’une magnitude de 5.5.
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