Le
recensement de fin 1837 dénombre, sur le territoire de la Martinique, 117 000
habitants, précisant toutefois : 41 000 hommes libres – 76 000
esclaves.
L’île
vivait surtout de la culture de la canne à sucre, occupant les deux tiers de la
surface cultivée, soit une surface de 21 000 hectares. Les autres cultures
consistaient en quelques plantations de café et coton.
Le
chef-lieu de l’île était Fort Royal, l’actuelle ville de Fort-de-France.
Le
11 janvier 1839 fut un jour des plus funestes.
Depuis
plusieurs jours, déjà, la terre grondait. Rien d’inquiétant, cela arrivait
souvent.
Quelques
vagues plus fortes aussi. Rien d’inquiétant non plus, cela arrivait de temps à
autre.
Cette
île n’était-elle pas secouée, fréquemment, par de petits séismes et des
éruptions volcaniques ?
Les
habitants restaient vigilants, le regard scrutant régulièrement la mer ou le
haut de la Montagne Pelée. Devant l’inévitable que pouvaient-ils faire ?
Ce
matin-là, toutefois, après avoir perçu des grondements souterrains, les
habitants de l’île ressentirent, vers les six heures, trois brèves secousses provenant
du fin fond du sol, brèves entre trente et quarante secondes, mais d’une très
grande intensité.
Une
violence incroyable !
Certaines
personnes attestèrent qu’à Fort-Royal et Case-Pilote la terre s’était ouverte
en plusieurs endroits, libérant des vapeurs sulfureuses et des cendres
volcaniques.
D’autres
affirmèrent avoir vu des pans de falaises s’écrouler dans la mer.
Et
puis d’autres encore avaient assisté à l’apparition d’une immense vague partant
de la terre et s’éloignant vers l’horizon, un tsunami dont le déferlement s’est
fait en sens inverse. Une chance inouïe !
Mais
dans les villes les plus touchées, ce n’étaient que hurlements de frayeur et de
douleur qu’accompagnait le bruit infernal des immeubles s’abattant après avoir
oscillé.
On
s’appelait ici et là attendant, espérant, une réponse prouvant que la personne
recherchée était encore en vie. Les parents se lamentaient en serrant contre
eux le corps inanimé, souvent
ensanglanté de leur enfant.
Les
bâtiments ayant résisté lors des secousses, mais fortement fissurés
s’abattaient sur le sol, souvent bien après le calme revenu, alourdissant le
nombre de victimes.
C’était
le chaos, la désolation.
La ville de Fort-Royal fut assurément la plus fortement touchée. Les trois-quarts des maisons furent entièrement détruites, quant aux autres, partiellement écroulées, elles n’étaient pratiquement plus habitables.
Les
bâtiments publics n’avaient pas résisté non plus : l’hôtel du Trésor, la gendarmerie,
l’hôtel du Procureur Général, la Cour Royale, le Tribunal de Première instance,
le Conseil Colonial, l’abattoir, la caserne d’artillerie, les prisons, le
théâtre, l’hôpital et aussi l’aqueduc apportant l’eau à la ville.
L’église
se dressait encore au milieu des décombres, mais ses murs d’un mètre
d’épaisseur étaient parcourus de larges lézardes.
La
ville n’était plus qu’un amas de ruines.
Le
bourg de Case-Pilote fut totalement rasé.
Les autres communes, celles dont les maisons étaient
essentiellement en bois, furent nettement moins atteintes. Pour cette même
raison, à la campagne, les bâtiments les plus touchés furent ceux bâtis en
pierre : fours, usines, moulins,…
Et
les victimes ?
Difficile
de les dénombrer avec exactitude, d’autant plus que les esclaves n’étaient pas
toujours pris en compte dans les calculs.
Le Bulletin colonial du 26 février 1839 fit état de sept cents corps, rassemblés au
cours de la seule journée du 11 janvier 1839, sans aucune distinction de classes.
Le Journal Officiel de la Martinique du 7 septembre 1839 annonça le nombre de 28 975 blessés.
Une
estimation de l’époque parle de quatre mille morts, environ.
Beaucoup
de familles perdirent un ou plusieurs de leurs proches. Un grand nombre
d’enfants devinrent orphelins et des
vieillards se retrouvèrent sans le soutien de leurs enfants.
Toutes
les personnes valides - soldats de la garnison, matelots .... – furent
réquisitionnés pour extraire les blessés et les morts des décombres et commencer
le déblaiement qui s’imposait pour faire place nette et reconstruire.
Les
secours s’organisèrent.
Des
tentes pour mettre à l’abri les rescapés.
Des
hôpitaux de campagne pour soigner.
Mais
les vivres manquaient et surtout l’eau, de l’eau potable pour éviter les
épidémies.
Heureusement,
dès le 13 janvier 1839, des vivres commencèrent à arriver de toutes les autres
parties de l’île qui n’avaient subi aucun dommage.
Pendant
les jours qui suivirent des répliques se produisirent. Mi-janvier et fin
janvier 1839. Ce furent encore des moments de panique.
La France ne resta pas indifférente au malheur des
Martiniquais.
Le
14 avril 1839, un concert de soutien fut organisé à Strasbourg. La recette fut
de 3 500 francs. Elle servit à aider les survivants et à redonner de l’espoir.
Malheureusement, ce ne fut pas le seul séisme que subit cette
île qui vit entre séismes et éruptions volcaniques depuis la nuit des temps....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.