mercredi 8 septembre 2021

Un séisme d’une violence exceptionnelle

 

 

Le recensement de fin 1837 dénombre, sur le territoire de la Martinique, 117 000 habitants, précisant toutefois : 41 000 hommes libres – 76 000 esclaves.

L’île vivait surtout de la culture de la canne à sucre, occupant les deux tiers de la surface cultivée, soit une surface de 21 000 hectares. Les autres cultures consistaient en quelques plantations de café et coton.

Le chef-lieu de l’île était Fort Royal, l’actuelle ville de Fort-de-France.

 

Le 11 janvier 1839 fut un jour des plus funestes.

Depuis plusieurs jours, déjà, la terre grondait. Rien d’inquiétant, cela arrivait souvent.

Quelques vagues plus fortes aussi. Rien d’inquiétant non plus, cela arrivait de temps à autre.

Cette île n’était-elle pas secouée, fréquemment, par de petits séismes et des éruptions volcaniques ?

Les habitants restaient vigilants, le regard scrutant régulièrement la mer ou le haut de la Montagne Pelée. Devant l’inévitable que pouvaient-ils faire ?

 

Ce matin-là, toutefois, après avoir perçu des grondements souterrains, les habitants de l’île ressentirent, vers les six heures, trois brèves secousses provenant du fin fond du sol, brèves entre trente et quarante secondes, mais d’une très grande intensité.

 

Une violence incroyable !

Certaines personnes attestèrent qu’à Fort-Royal et Case-Pilote la terre s’était ouverte en plusieurs endroits, libérant des vapeurs sulfureuses et des cendres volcaniques.

D’autres affirmèrent avoir vu des pans de falaises s’écrouler dans la mer.

Et puis d’autres encore avaient assisté à l’apparition d’une immense vague partant de la terre et s’éloignant vers l’horizon, un tsunami dont le déferlement s’est fait en sens inverse. Une chance inouïe !

 

Mais dans les villes les plus touchées, ce n’étaient que hurlements de frayeur et de douleur qu’accompagnait le bruit infernal des immeubles s’abattant après avoir oscillé.

On s’appelait ici et là attendant, espérant, une réponse prouvant que la personne recherchée était encore en vie. Les parents se lamentaient en serrant contre eux  le corps inanimé, souvent ensanglanté de leur enfant.

Les bâtiments ayant résisté lors des secousses, mais fortement fissurés s’abattaient sur le sol, souvent bien après le calme revenu, alourdissant le nombre de victimes.

C’était le chaos, la désolation.


 

La ville de Fort-Royal fut assurément la plus fortement touchée. Les trois-quarts des maisons furent entièrement détruites, quant aux autres, partiellement écroulées, elles n’étaient pratiquement plus habitables.

Les bâtiments publics n’avaient pas résisté non plus : l’hôtel du Trésor, la gendarmerie, l’hôtel du Procureur Général, la Cour Royale, le Tribunal de Première instance, le Conseil Colonial, l’abattoir, la caserne d’artillerie, les prisons, le théâtre, l’hôpital et aussi l’aqueduc apportant l’eau à la ville.

L’église se dressait encore au milieu des décombres, mais ses murs d’un mètre d’épaisseur étaient parcourus de larges lézardes.

La ville n’était plus qu’un amas de ruines.

 


Le bourg de Case-Pilote fut totalement rasé.

 

Les autres communes, celles dont les maisons étaient essentiellement en bois, furent nettement moins atteintes. Pour cette même raison, à la campagne, les bâtiments les plus touchés furent ceux bâtis en pierre : fours, usines, moulins,…

 

Et les victimes ?

Difficile de les dénombrer avec exactitude, d’autant plus que les esclaves n’étaient pas toujours pris en compte dans les calculs.

Le Bulletin colonial du 26 février 1839  fit état de sept cents corps, rassemblés au cours de la seule journée du 11 janvier 1839, sans aucune distinction de classes.
Le Journal Officiel de la Martinique du 7 septembre 1839 annonça le nombre  de 28 975 blessés.

 

Une estimation de l’époque parle de quatre mille morts, environ.

Beaucoup de familles perdirent un ou plusieurs de leurs proches. Un grand nombre d’enfants devinrent orphelins et  des vieillards se retrouvèrent sans le soutien de leurs enfants.

 

Toutes les personnes valides - soldats de la garnison, matelots .... – furent réquisitionnés pour extraire les blessés et les morts des décombres et commencer le déblaiement qui s’imposait pour faire place nette et reconstruire.

Les secours s’organisèrent.

Des tentes pour mettre à l’abri les rescapés.

Des hôpitaux de campagne pour soigner.

Mais les vivres manquaient et surtout l’eau, de l’eau potable pour éviter les épidémies.

 

Heureusement, dès le 13 janvier 1839, des vivres commencèrent à arriver de toutes les autres parties de l’île qui n’avaient subi aucun dommage.

 

 

Pendant les jours qui suivirent des répliques se produisirent. Mi-janvier et fin janvier 1839. Ce furent encore des moments de panique.

 

La France ne resta pas indifférente au malheur des Martiniquais.

Le 14 avril 1839, un concert de soutien fut organisé à Strasbourg. La recette fut de 3 500 francs. Elle servit à aider les survivants et à redonner de l’espoir.

 

 

Malheureusement, ce ne fut pas le seul séisme que subit cette île qui vit entre séismes et éruptions volcaniques depuis la nuit des temps....

 

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