mercredi 16 février 2022

Les catastrophes ferroviaires - 8 juillet 1846 - Quatrième partie

 

 Ce fut le 8 juillet 1846, dans le nord de la France[1]

Quatrième partie : le procès


 Le journal « la Presse » publia le 15 juillet 1846, un article se voulant rassurant, expliquant « ....nous avons le bonheur d’annoncer que les pertes, toutes grandes, toutes déplorables qu’elles soient, sont pourtant moins considérables qu’on l’avait dit.... ».

Il était donné plus amples informations sur les différentes victimes, malheureusement décédées :

 

  • ·         M. Lefebvre Placide – 75 ans – rentier – demeurant à Roclincourt ( le Constitutionnel[2] avait noté : Tocquancourt).
  • ·         Melle Legay Emérance – 22 ans -  domiciliée à Bapaume (le Constitutionnel avait noté  résidant à Fampoux).
  • ·         M. Taberry Adolphe Joseph – 4 ans, d’Arras.
  • ·         Mlle Flamand Marie-Josèphe -  célibataire – domiciliée à Marcq (le Constitutionnel avait noté  demeurant près de Bouchain).
  • ·         M. Pirard Louis – 4 ans - habitant Mont-à-terre près de Creil. (le Constitutionnel avait noté  M. Picard et domicilié à Montataire).
  • ·         M. Lecomte Désiré -  25 ans – officier de santé - exerçant à Izel-les-Hameaux.
  • ·         M. Bourgeois Jean-Baptiste - soldat de la classe 1845 – demeurant à Amiens
  • ·         Grimbert Marie Catherine Honorine – veuve de Fidel-Henri Dewolde – propriétaire à Armentières
  • ·         Deguin Charles Edouard – demeurant à Amiens – soldat de la classe 1845
  • ·         Vivot (prénom ?) – 30 ans environ – célibataire - chef conducteur – décoré – domicilié à Paris rue de Valenciennes – né à Besançon.
  • ·         Saint-Hilaire (prénom ?) – 32 ans environ – célibataire – conducteur – résidant à Paris, 1 rue Sainte-Croix-d’Antin
  • ·         Sarazin (prénom ?) – conducteur de la Picarde – au service de M. Guérin, entrepreneur de messageries – natif de Brebières.
  • ·         Une femme non identifiée – 30 ans environ – vêtue d’une robe fond marron à carreaux, une jupe de même laine, un collet blanc, une paire de bas noirs qui portait des bijoux de peu de valeur et d’une bourse en perle contenant trente-cinq centimes.
  • ·         Une autre femme non identifiée - 30 ans environ – vêtue d’une robe d’indienne rayée rouge et blanc, de deux collets, d’un tablier noir dit étoffe de laine, deux jupes dont une blanche en calicot  et l’autre en laine blanche, d’une paire de bas blancs en coton et d’une paire de souliers en tissus ou pantoufles.

Concernant ces deux jeunes femmes et selon des témoignages, elles se trouvaient dans le wagon en compagnie de M. Guérin, venant de Lille et de Rouen et elles se prénommaient l’une, Julie, et l’autre, Sophie.

 

Concernant les blessés,  recueillis par les habitants de Fampoux et des villages environnants, se trouvaient

 

  • ·        Mme Pirard, habitant Mont-à-Terre près de Creil, la mère du petit Louis décédé, souffrant de fortes contusions à la tête et d’une fracture de la clavicule gauche. Elle était en voie de guérison.
  • ·         Mme Braine, épouse de maître Braine, président de la chambre des notaires à Arras, avait de nombreuses contusions et blessures à la tête. Son état était satisfaisant..
  • ·         Bertrand d’Aigny, l’aide-de-camp du général Oudinot qui mourut quelque temps après de ses blessures.
  • ·         M. Deguy[3], chef d’escadron, aide-de-camp de M. le général marquis Oudinot. Il avait de nombreuses et graves blessures dont trois côtes fracturées. Son état semblait critique.
  • ·         Un Anglais et sa femme séjournant à l’Hôtel de Flandre à Douai. Un bras cassé pour le mari et des contusions pour l’épouse. Leur état n’était pas préoccupant.
  • ·         Un autre Anglais, descendu dans le même hôtel à Douai.
  • ·         M. Grapinet, un négociant en dentelle, demeurant à Paris, avait déjà repris ses activités.
  • ·         Melle Bouchain, fille de M. Bouchain-Lecat, négociant miroitier à Lille rue Grande-Chaussée. Après quelques contusions à la cage thoracique, elle était presque rétablie et pouvait regagner son domicile.
  • ·         Mme Vanovredec, demeurant à Puteaux route de Suresnes, près de Paris, était rétablie de ses quelques contusions.
  • ·         M. P. Minart, directeur de la Caisse artésienne, était déjà guéri de ses quelques blessures.
  • ·         M. Lestiboudois, médecin, ancien député du Nord, ne fut que légèrement blessé à la main par des éclats de verre.
  • ·         Mme Robinet, veuve d’un ancien employé supérieur de la préfecture d’Arras, se trouvait dans les wagons de tête, ceux qui firent un plongeon dans la tourbière. Elle fut sauvée in extremis par un jeune homme qui lui-même était grièvement blessé par un éclat de bois qui lui traversait un bras et qu’il n’hésita pas à arracher courageusement avant de sauter dans l’eau. Mme Robinet ne connaîtra jamais le nom de son sauveur.

 

On disait aussi qu’une religieuse avait péri dans cet accident. Il y avait bien une demoiselle de Lomessen du couvent de Gelte à Bruxelles qui voyageait avec sa famille, mais elle ne faisait pas partie des victimes.

 

L’affaire fut portée rapidement devant le tribunal de police de Lille.

Le 20 août 1846, comparaissaient :

  • ·         Jules Alexandre Petiet – 33 ans – ingénieur de l’exploitation chargé de l’organisation générale du service.
  • ·         Pierre Joseph Hovelt – 37 ans – sous-inspecteur – chef de train.
  • ·         Alexandre Duthoit – 26 ans – mécanicien de la machine de tête.
  • ·         Antoine Françoise Bolu – 46 ans – mécanicien de la seconde machine.

 

Témoins et experts se succédèrent à la barre, mais rien de concret n’émergea de tous ces débats. Les prévenus furent donc, tous les quatre, relaxés.



Pourtant, il fallait déterminer les causes de cette catastrophe, d’autant plus qu’elle avait entraîné la mort de plusieurs personnes.

Un procès fut ouvert et se déroula du 11 au 15 novembre 1846 et cette fois les quatre prévenus : Jules Alexandre Petiet, Pierre Joseph Hovelt, Alexandre Duthoit et Antoine Françoise Bolu furent reconnus responsables.

Responsables ? Oui, car il fut prouvé que cette catastrophe avait été due à une vitesse excessive, conjuguée à la présence d’un obstacle se trouvant sur la voie. Même la plaidoirie de leur avocat, Eugène Bethmont, ne put faire fléchir les jurés.

 

Le ministère public fit appel à ce jugement.



[1] Sources : divers articles de journaux dont « le constitutionnel » du 11 juillet 1845 – Gallica.

[2] Les différences étant dues pour le journaliste du Constitutionnel à des renseignements pris juste après la catastrophe et sous le choc de celle-ci, sans avoir pris le temps – l’article devant paraître rapidement – de vérifier plus amplement les dires.

 

[3] Orthographié également De Guys.

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