Quatrième
partie : le procès
Il
était donné plus amples informations sur les différentes victimes,
malheureusement décédées :
- ·
M. Lefebvre Placide – 75 ans – rentier –
demeurant à Roclincourt ( le Constitutionnel[2] avait
noté : Tocquancourt).
- ·
Melle Legay Emérance – 22 ans - domiciliée à Bapaume (le Constitutionnel
avait noté résidant à Fampoux).
- ·
M. Taberry Adolphe Joseph – 4 ans, d’Arras.
- ·
Mlle Flamand Marie-Josèphe - célibataire – domiciliée à Marcq (le
Constitutionnel avait noté demeurant près de Bouchain).
- ·
M. Pirard Louis – 4 ans - habitant Mont-à-terre
près de Creil. (le Constitutionnel avait noté M. Picard et domicilié à
Montataire).
- ·
M. Lecomte Désiré - 25 ans – officier de santé - exerçant à Izel-les-Hameaux.
- ·
M. Bourgeois Jean-Baptiste - soldat de la
classe 1845 – demeurant à Amiens
- ·
Grimbert Marie Catherine Honorine – veuve de
Fidel-Henri Dewolde – propriétaire à Armentières
- ·
Deguin Charles Edouard – demeurant à Amiens –
soldat de la classe 1845
- ·
Vivot (prénom ?) – 30 ans environ –
célibataire - chef conducteur – décoré – domicilié à Paris rue de Valenciennes
– né à Besançon.
- ·
Saint-Hilaire (prénom ?) – 32 ans environ
– célibataire – conducteur – résidant à Paris, 1 rue Sainte-Croix-d’Antin
- ·
Sarazin (prénom ?) – conducteur de la
Picarde – au service de M. Guérin, entrepreneur de messageries – natif de
Brebières.
- ·
Une femme non identifiée – 30 ans environ –
vêtue d’une robe fond marron à carreaux, une jupe de même laine, un collet
blanc, une paire de bas noirs qui portait des bijoux de peu de valeur et d’une
bourse en perle contenant trente-cinq centimes.
- ·
Une autre femme non identifiée - 30 ans
environ – vêtue d’une robe d’indienne rayée rouge et blanc, de deux collets,
d’un tablier noir dit étoffe de laine, deux jupes dont une blanche en
calicot et l’autre en laine blanche,
d’une paire de bas blancs en coton et d’une paire de souliers en tissus ou
pantoufles.
Concernant
ces deux jeunes femmes et selon des témoignages, elles se trouvaient dans le
wagon en compagnie de M. Guérin, venant de Lille et de Rouen et elles se
prénommaient l’une, Julie, et l’autre, Sophie.
Concernant
les blessés, recueillis par les
habitants de Fampoux et des villages environnants, se trouvaient
- ·
Mme Pirard, habitant Mont-à-Terre près de
Creil, la mère du petit Louis décédé, souffrant de fortes contusions à la tête
et d’une fracture de la clavicule gauche. Elle était en voie de guérison.
- ·
Mme Braine, épouse de maître Braine, président
de la chambre des notaires à Arras, avait de nombreuses contusions et blessures
à la tête. Son état était satisfaisant..
- ·
Bertrand d’Aigny, l’aide-de-camp du général
Oudinot qui mourut quelque temps après de ses blessures.
- ·
M. Deguy[3], chef
d’escadron, aide-de-camp de M. le général marquis Oudinot. Il avait de
nombreuses et graves blessures dont trois côtes fracturées. Son état semblait
critique.
- ·
Un Anglais et sa femme séjournant à l’Hôtel de
Flandre à Douai. Un bras cassé pour le mari et des contusions pour l’épouse.
Leur état n’était pas préoccupant.
- ·
Un autre Anglais, descendu dans le même hôtel
à Douai.
- ·
M. Grapinet, un négociant en dentelle,
demeurant à Paris, avait déjà repris ses activités.
- ·
Melle Bouchain, fille de M. Bouchain-Lecat,
négociant miroitier à Lille rue Grande-Chaussée. Après quelques contusions à la
cage thoracique, elle était presque rétablie et pouvait regagner son domicile.
- ·
Mme Vanovredec, demeurant à Puteaux route de
Suresnes, près de Paris, était rétablie de ses quelques contusions.
- ·
M. P. Minart, directeur de la Caisse
artésienne, était déjà guéri de ses quelques blessures.
- ·
M. Lestiboudois, médecin, ancien député du
Nord, ne fut que légèrement blessé à la main par des éclats de verre.
- ·
Mme Robinet, veuve d’un ancien employé
supérieur de la préfecture d’Arras, se trouvait dans les wagons de tête, ceux
qui firent un plongeon dans la tourbière. Elle fut sauvée in extremis par un
jeune homme qui lui-même était grièvement blessé par un éclat de bois qui lui
traversait un bras et qu’il n’hésita pas à arracher courageusement avant de
sauter dans l’eau. Mme Robinet ne connaîtra jamais le nom de son sauveur.
On disait
aussi qu’une religieuse avait péri dans cet accident. Il y avait bien une
demoiselle de Lomessen du couvent de Gelte à Bruxelles qui voyageait avec sa
famille, mais elle ne faisait pas partie des victimes.
L’affaire
fut portée rapidement devant le tribunal de police de Lille.
Le 20 août
1846, comparaissaient :
- ·
Jules Alexandre Petiet – 33 ans – ingénieur de
l’exploitation chargé de l’organisation générale du service.
- ·
Pierre Joseph Hovelt – 37 ans –
sous-inspecteur – chef de train.
- ·
Alexandre Duthoit – 26 ans – mécanicien de la
machine de tête.
- ·
Antoine Françoise Bolu – 46 ans – mécanicien
de la seconde machine.
Témoins et
experts se succédèrent à la barre, mais rien de concret n’émergea de tous ces
débats. Les prévenus furent donc, tous les quatre, relaxés.
Pourtant,
il fallait déterminer les causes de cette catastrophe, d’autant plus qu’elle
avait entraîné la mort de plusieurs personnes.
Un procès
fut ouvert et se déroula du 11 au 15 novembre 1846 et cette fois les quatre
prévenus : Jules Alexandre Petiet, Pierre Joseph Hovelt, Alexandre Duthoit
et Antoine Françoise Bolu furent reconnus responsables.
Responsables ?
Oui, car il fut prouvé que cette catastrophe avait été due à une vitesse
excessive, conjuguée à la présence d’un obstacle se trouvant sur la voie. Même
la plaidoirie de leur avocat, Eugène Bethmont, ne put faire fléchir les jurés.
Le
ministère public fit appel à ce jugement.
[1] Sources : divers articles de journaux dont « le constitutionnel » du 11 juillet 1845 – Gallica.
[2]
Les différences étant dues pour le journaliste
du Constitutionnel à des renseignements pris juste après la catastrophe et sous
le choc de celle-ci, sans avoir pris le temps – l’article devant paraître
rapidement – de vérifier plus amplement les dires.
[3] Orthographié également De Guys.
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