Ce fut le 24 novembre 1897 – sur la ligne Toulouse-Bayonne.
Première
partie : l’accident
La
gare de Tournay, tout comme celle de Capvern, dans les Hautes-Pyrénées, mises
en service en 1867, se trouvent sur la ligne ferroviaire allant de Toulouse à Bayonne desservie par
les chemins de fer du Midi.
La
gare de Tournay est placée au pied de la rampe de Capvern qui permet à la voie
ferrée de passer de 596 mètres d’altitude à 261 mètres sur une distance de 8
kilomètres, soit une pente de 33%.
La
prudence étant de ne pas aller trop vite dans cette descente afin d’éviter que
le train ne s’emballe.
Dans
le sens de la montée, les convois, surtout s’ils étaient lourds, se voyaient
renforcés par une seconde locomotive.
Ce matin-là était un matin
ordinaire.
Comme chaque matin, à 4 h 30, le
train mixte 1507 était parti de Montréjeau.
Comme chaque matin, il s’arrêta
en gare de Tournay à 6 h 35.
En sa qualité de train mixte, il
était composé de trois voitures de voyageurs, une de chaque classe, et de
voitures de marchandises.
Comme chaque matin...... Sauf que
ce matin-là, un épais brouillard ne laissait qu’une visibilité très réduite et
surtout ce brouillard déposait sur les rails une humidité les rendant très brillants
et glissants.
Un train de ballast, transportant
du matériel très lourd sur des plateformes, mais aussi des ouvriers
terrassiers, suivait de peu le train 1507. Un poids énorme tracté par une seule
locomotive. Ce train abordait la rampe
de Capvern, ces huit kilomètres qu’appréhendaient tous les conducteurs
en raison de sa forte dénivellation et de la possibilité de voir le convoi
devenir incontrôlable.
Ce matin-là, le conducteur se
nommait Jean Victor Darroux et très vite celui-ci s’inquiéta devant la vitesse
que prenait le convoi. Il glissait, le convoi, bien plus qu’il ne roulait. Il
prenait de la vitesse à chaque mètre parcouru. Il actionna les freins, Jean
Victor Darroux, mais ceux-ci ne répondirent plus. Le train poussait par son
chargement atteint les 60 kms/heure. Il n’y avait rien à faire !!!
En raison de l’épais brouillard,
Victor Darroux aperçut au dernier moment le train 1507 qui s’apprêtait à
quitter la gare de Tournay, mais qu’aurait-il pu faire de plus...... Rien.
Ce fut dans un fracas incroyable
que la machine du train de ballast éventra les deux wagons de queue du train 1507 où se trouvaient des
passagers......
La population de Tournay accourut
pour porter secours, ce qu’elle découvrit était cauchemardesque.
Un spectacle effroyable... Avant
d’écraser les derniers wagons du train 1507, la locomotive du train de ballast
avait creusé dans le sol un sillon d’un mètre cinquante de profondeur.
Tout autour les wagons-plateformes,
renversés, avaient déversé leur chargement de sable et de cailloux et la voie
étaient submergée de débris d’essieux tordus ou brisés, de roues, de montants
de wagons, de banquettes éventrées.......
Les premiers secours furent mis
rapidement en place. Les blessés légers soignés sur place et le plus gravement
atteints dirigés vers l’hôpital de Tarbes.
Le maire de Tournay, Monsieur
Lacrampe-Lousteau, avait prévenu aussitôt la préfecture pour que des ambulances
soient envoyées sans retard.
Le travail de déblaiement fut
difficile, il fallut avoir recours à plusieurs locomotives pour retirer les morceaux
d’épaves, car des voyageurs pouvaient se trouver encore prisonniers dessous.
Un moment poignant devant la
découverte des nombreuses victimes.
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