mercredi 22 juin 2022

Les catastrophes ferroviaires - novembre 1897 - première partie

 

Ce fut le 24 novembre 1897  – sur la ligne Toulouse-Bayonne.

 

Première partie : l’accident[1]




La gare de Tournay, tout comme celle de Capvern, dans les Hautes-Pyrénées, mises en service en 1867, se trouvent sur la ligne ferroviaire  allant de Toulouse à Bayonne desservie par les chemins de fer du Midi.

La gare de Tournay est placée au pied de la rampe de Capvern qui permet à la voie ferrée de passer de 596 mètres d’altitude à 261 mètres sur une distance de 8 kilomètres, soit une pente de 33%.

La prudence étant de ne pas aller trop vite dans cette descente afin d’éviter que le train ne s’emballe.

Dans le sens de la montée, les convois, surtout s’ils étaient lourds, se voyaient renforcés par une seconde locomotive.

 

Ce matin-là était un matin ordinaire.

Comme chaque matin, à 4 h 30, le train mixte 1507 était parti de Montréjeau.

Comme chaque matin, il s’arrêta en gare de Tournay à 6 h 35.

En sa qualité de train mixte, il était composé de trois voitures de voyageurs, une de chaque classe, et de voitures de marchandises.

Comme chaque matin...... Sauf que ce matin-là, un épais brouillard ne laissait qu’une visibilité très réduite et surtout ce brouillard déposait sur les rails une humidité les rendant très brillants et glissants.

 

Un train de ballast, transportant du matériel très lourd sur des plateformes, mais aussi des ouvriers terrassiers, suivait de peu le train 1507. Un poids énorme tracté par une seule locomotive. Ce train abordait la rampe  de Capvern, ces huit kilomètres qu’appréhendaient tous les conducteurs en raison de sa forte dénivellation et de la possibilité de voir le convoi devenir incontrôlable.


Ce matin-là, le conducteur se nommait Jean Victor Darroux et très vite celui-ci s’inquiéta devant la vitesse que prenait le convoi. Il glissait, le convoi, bien plus qu’il ne roulait. Il prenait de la vitesse à chaque mètre parcouru. Il actionna les freins, Jean Victor Darroux, mais ceux-ci ne répondirent plus. Le train poussait par son chargement atteint les 60 kms/heure. Il n’y avait rien à faire !!!

En raison de l’épais brouillard, Victor Darroux aperçut au dernier moment le train 1507 qui s’apprêtait à quitter la gare de Tournay, mais qu’aurait-il pu faire de plus...... Rien.


Ce fut dans un fracas incroyable que la machine du train de ballast éventra les deux wagons de queue  du train 1507 où se trouvaient des passagers......

 

La population de Tournay accourut pour porter secours, ce qu’elle découvrit était cauchemardesque.

 


Un spectacle effroyable... Avant d’écraser les derniers wagons du train 1507, la locomotive du train de ballast avait creusé dans le sol un sillon d’un mètre cinquante de profondeur.

Tout autour les wagons-plateformes, renversés, avaient déversé leur chargement de sable et de cailloux et la voie étaient submergée de débris d’essieux tordus ou brisés, de roues, de montants de wagons, de banquettes éventrées.......

Les premiers secours furent mis rapidement en place. Les blessés légers soignés sur place et le plus gravement atteints dirigés vers l’hôpital de Tarbes.

Le maire de Tournay, Monsieur Lacrampe-Lousteau, avait prévenu aussitôt la préfecture pour que des ambulances soient envoyées sans retard.

 

Le travail de déblaiement fut difficile, il fallut avoir recours à plusieurs locomotives pour retirer les morceaux d’épaves, car des voyageurs pouvaient se trouver encore prisonniers dessous.

 

Un moment poignant devant la découverte des nombreuses victimes.



[1] Journal l’Indépendant des Hautes-Pyrénées – 27 novembre 1897.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.