mercredi 7 septembre 2022

Les derniers condamnés à mort dans l'Eure et en Seine-Maritime - un soldat nommé Jodon - deuxième partie

 

Premier condamné, un soldat nommé Jodon.

Chapitre 2

 


 

Et puis, et surtout, il fut découvert sur le caporal fourrier quelques pièces chiliennes et péruviennes qui justement se trouvaient dans le coffre de la banque de Monsieur Adam.

D’autre part, au moment des faits, Achille Jodon ne put fournir aucun alibi.

 




 

Cour d’assises de Rouen – M. Buchere, avocat général – Maître Blondel, avocat de Jodon[1].

Achille Hippolyte Armand Jodon, fils naturel de Joséphine Jodon[2], né le 11 décembre 1852 à Ingouville (Seine Inférieure), comparut devant ses juges devant la Cour d’assises de Rouen.

C’était un jeune homme blond, à la taille élancée, vêtu élégamment. Calme, il montra une attitude humble et respectueuse.

 

Malgré les cinquante-trois témoignages aux dépositions accablantes, Achille Jodon nia tout en bloc.

Les pièces chiliennes et péruviennes ? Pur hasard.

L’arme qui avait donné la mort ? Pas à lui.

 

Devant la déposition du sieur Joalland, armurier au Havre, l’ayant formellement reconnu comme étant venu lui acheter l’arme incriminée, la réponse du caporal fut ferme :

« Je suis, en effet, allé acheter cette arme, mais c’était pour une connaissance, du nom de Scholl. Ce qu’il a fait avec par la suite ne me regarde pas. »

 

Aucun Scholl dans les parages ! Pure invention.

Tout accusait le caporal Jodon, aussi le 10 mai 1875, après trois jours d’audience, le verdict tomba : Condamnation à la peine de mort.

 

Renvoi à la Cour d’assises d’Evreux dans l’Eure.

La cour de cassation frappa de nullité le jugement de Rouen, pour vice de forme[3].

 

Les débats commencèrent le 28 juillet 1875.

Tout redémarrait......

-          La permission allant de fin novembre 1874 au 4 décembre 1874.

-          Les retrouvailles avec Edouard Florence.

-          Le vol chez le sieur Adam du Havre, soit :

o   7 100 F en monnaie et papier étrangers et billets de banque français.

o   Environ 400 F en pièces de 5 F en argent.

o   Un sac contenant des pièces chiliennes et péruviennes pour une valeur d’environ 1 200 F.

-          L’achat du revolver

-          Le meurtre et le cadavre retrouvé dans une rue de Sainte-Adresse.

-          .....

 

Le 29 juillet 1875, la Cour d’Evreux émit le même verdict : la peine de mort.

Le condamné Jodon, caporal fourrier au 87ème régiment de ligne[4], fut remis à la disposition de l’autorité militaire dont il dépendait.

 

Bien que le verdict de la Cour d’Evreux stipule que l’exécution devait se tenir sur une des places publiques du Havre, l’exécution eut lieu à Evreux. Jodon ne fut pas guillotiné, mais en tant que militaire, il devait être passé par les armes.

 

 

Ce fut donc le 7 septembre 1875, à 5 heures du matin, que la sentence fut exécutée à Evreux, section du Val-Iton.

L’acte de décès mentionne que la déclaration en mairie fut faite par :

·         Eugène Henri Marie Maurice Rendu – adjudant sous-officier au 28ème régiment de ligne – âgé de 21 ans – demeurant à la caserne des Ursulines à Evreux.

·         Jean Alexandre François Darras – sergent au 28ème régiment de ligne – âgé de 23 ans – demeurant à la caserne Saint-Sauveur à Evreux.

 

 

 

Informations annexes

 

Acte de décès de Edouard Florence

Acte transcrit le 2 décembre 1874

 

.... Jeune homme trouvé mort en cette commune sur la côte dite de Tourneville à 8 heures du matin le 30 novembre 1874 à Sainte-Adresse, canton nord du Havre.

Célibataire, employé chez un banquier demeurant au Havre, 22 ans, né à Saverne (Bas Rhin), le 23 avril 1852, fils de feu Florence François et feu Maire Catherine.....

 

Les personnes qui ont déclaré le décès sont :

·         Prestel Jean Georges – 50 ans.

·         Pimbel Charles – 26 ans.



[1] Journal La Liberté du 14 mai 1875.

[2] Joséphine Jodon avait eu cet enfant avec un capitaine d’artillerie anglais qui pour des raisons personnelles n’a jamais voulu reconnaître cet enfant, mais participa financièrement à son éducation.

[3] Journal le XIXème siècle.

[4] En 1854, l’infanterie légère est transformée et ses régiments sont convertis en unités d’infanterie de ligne. Le 12ème régiment d’infanterie légère prend le nom de 87ème régiment d’infanterie de ligne.

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