mercredi 14 septembre 2022

Les derniers condamnés à mort dans l'Eure et en Seine-Maritime - Paul Septime Maitayer - Première partie

 

Deuxième condamné, un certain Maitayer Paul Septime



Chapitre 1

 

 

On ne parlait que de ça.

Pensez donc, ce n’était pas tous les jours qu’un vieillard se faisait trucider !

 

Certains plaignaient le pauvre homme décédé, la tête fracassée, et sa veuve, la Désirée Clémentine, seule à présent.

D’autres disaient que de garder autant d’argent dans sa demeure, même bien caché, c’était toutefois tenter le diable.

D’autres, encore, écoutaient et bien que silencieux n’en pensaient pas moins.

 

Eh oui, il y a bien du malheur, d’autant plus que l’auteur de cet acte criminel courait encore......

Courrait-il encore bien longtemps ?

 

Oui, tous les habitants d’Aubevoye dans l’Eure et les alentours ne parlaient plus que cela et ça faisait bien les affaires des tenanciers de bistroquets  qui voyaient leur chiffre d’affaires augmenter.

 

De commentaire en commentaire, l’affaire enflait de détails incommensurables, bien loin de la vérité déjà bien suffisamment horrible en elle-même.

 

Mais voici ce qu’il fallait retenir :

 

Adrien dit Laisné Pierre Germain[1], rentier, vivait avec son épouse dans une petite propriété, bien modeste, dans le  quartier des Vallets à Aubevoye. A soixante-dix ans, il avait bien mérité de prendre un peu de repos en finissant paisiblement sa vie.

 

 

En ce matin du 13 novembre 1887, cet homme, Adrien dit Laisné, fut retrouvé baignant dans son sang, au milieu de sa cuisine, le crâne enfoncé par des coups donnés avec la crosse de son propre fusil qui gisait près de lui.

Avait-il essayé de se défendre ?

 

Il fut vite constaté que le mobile de cet acte criminel était le vol, car la petite cache qui contenait cinquante-mille francs était vide.

 

Argent en poche, heureux d’avoir réussi son coup, le criminel ne fut pas long à être arrêté. Il s’était rendu à Louviers où son passage fut des plus remarqués. Une auberge où il fit un très bon repas, exhibant son argent, son trop-plein d’argent .... Un passage tout autant remarqué dans une des maisons de tolérance de la ville où il dépensa cent francs. Quelle somme !!!

 

De ce fait, la police qui s’était mise à la recherche du coupable n’eut aucun mal à le débusquer.

D’ailleurs, Paul Septime Maitayer ne résista aucunement à la maréchaussée lorsque celle-ci vint l’arrêter, il ne démentit absolument rien.

 

D’ailleurs à quoi bon car tout l’accusait.

 

D’autre part, il était déjà connu, depuis fort longtemps, des services de police. Des vols, beaucoup de vols. Des bagarres, beaucoup de bagarres. Mais jamais aucun meurtre à son actif.

 

Incarcéré dans la prison de Louviers, cet homme fit tout de même deux tentatives d’évasion. Comme si tout ce qui lui arrivait n’était qu’un jeu.....

 

Un jeu, oui certainement..... Depuis son enfance, ne jouait-il pas « aux gendarmes et au voleur » ?

Oui, en quelque sorte, car petit délinquant, il passa de nombreuses années dans la colonie pénitentiaire pour jeunes détenus à Gaillon. Cette structure avait été conçue, comme beaucoup d’autres comme elle, afin de séparer dans les prisons les jeunes délinquants des grands criminels.

Dans ce grand domaine, les jeunes garçons travaillaient la terre et apprenaient un métier. Souvent très rebelles, ils prenaient aussi bien des coups. Ce qui n’était pas la meilleure des solutions.

 

Paul Septime avait fait partie de ceux-là.  Il s’était révolté. Il avait essayé de s’enfuir.....

Chaque fois, retour à la case départ, avec punitions et coups. Il s’était alors, comme tant d’autres, forgé une carapace.

 

 



[1] Pierre Germain Adrien dit Laisné – fils de Pierre Jacques Louis Séraphin et Marie Anne Goubert - épousa Désirée Clémentine Ragault – fille de Pierre et de Marie Désirée Tassin - à Ailly, le 25 octobre 1842.

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