Deuxième condamné, un certain
Maitayer Paul Septime
Chapitre
1
On ne parlait que de ça.
Pensez donc, ce n’était pas tous
les jours qu’un vieillard se faisait trucider !
Certains plaignaient le pauvre
homme décédé, la tête fracassée, et sa veuve, la Désirée Clémentine, seule à
présent.
D’autres disaient que de garder
autant d’argent dans sa demeure, même bien caché, c’était toutefois tenter le
diable.
D’autres, encore, écoutaient et
bien que silencieux n’en pensaient pas moins.
Eh oui, il y a bien du malheur,
d’autant plus que l’auteur de cet acte criminel courait encore......
Courrait-il encore bien
longtemps ?
Oui, tous les habitants d’Aubevoye
dans l’Eure et les alentours ne parlaient plus que cela et ça faisait bien les
affaires des tenanciers de bistroquets
qui voyaient leur chiffre d’affaires augmenter.
De commentaire en commentaire,
l’affaire enflait de détails incommensurables, bien loin de la vérité déjà bien
suffisamment horrible en elle-même.
Mais voici ce qu’il fallait
retenir :
Adrien dit Laisné Pierre Germain[1],
rentier, vivait avec son épouse dans une petite propriété, bien modeste, dans
le quartier des Vallets à Aubevoye. A
soixante-dix ans, il avait bien mérité de prendre un peu de repos en finissant
paisiblement sa vie.
En ce matin du 13 novembre 1887,
cet homme, Adrien dit Laisné, fut retrouvé baignant dans son sang, au milieu de
sa cuisine, le crâne enfoncé par des coups donnés avec la crosse de son propre
fusil qui gisait près de lui.
Avait-il essayé de se
défendre ?
Il fut vite constaté que le
mobile de cet acte criminel était le vol, car la petite cache qui contenait
cinquante-mille francs était vide.
Argent en poche, heureux d’avoir
réussi son coup, le criminel ne fut pas long à être arrêté. Il s’était rendu à
Louviers où son passage fut des plus remarqués. Une auberge où il fit un très
bon repas, exhibant son argent, son trop-plein d’argent .... Un passage tout
autant remarqué dans une des maisons de tolérance de la ville où il dépensa
cent francs. Quelle somme !!!
De ce fait, la police qui s’était
mise à la recherche du coupable n’eut aucun mal à le débusquer.
D’ailleurs, Paul Septime Maitayer
ne résista aucunement à la maréchaussée lorsque celle-ci vint l’arrêter, il ne
démentit absolument rien.
D’ailleurs à quoi bon car tout
l’accusait.
D’autre part, il était déjà connu,
depuis fort longtemps, des services de police. Des vols, beaucoup de vols. Des
bagarres, beaucoup de bagarres. Mais jamais aucun meurtre à son actif.
Incarcéré dans la prison de
Louviers, cet homme fit tout de même deux tentatives d’évasion. Comme si tout
ce qui lui arrivait n’était qu’un jeu.....
Un jeu, oui certainement.....
Depuis son enfance, ne jouait-il pas « aux gendarmes et au
voleur » ?
Oui, en quelque sorte, car petit
délinquant, il passa de nombreuses années dans la colonie pénitentiaire pour
jeunes détenus à Gaillon. Cette structure avait été conçue, comme beaucoup
d’autres comme elle, afin de séparer dans les prisons les jeunes délinquants
des grands criminels.
Dans ce grand domaine, les jeunes
garçons travaillaient la terre et apprenaient un métier. Souvent très rebelles,
ils prenaient aussi bien des coups. Ce qui n’était pas la meilleure des
solutions.
Paul Septime avait fait partie de
ceux-là. Il s’était révolté. Il avait
essayé de s’enfuir.....
Chaque fois, retour à la case
départ, avec punitions et coups. Il s’était alors, comme tant d’autres, forgé
une carapace.
[1] Pierre Germain Adrien dit Laisné – fils de Pierre
Jacques Louis Séraphin et Marie Anne Goubert - épousa Désirée Clémentine
Ragault – fille de Pierre et de Marie Désirée Tassin - à Ailly, le 25 octobre
1842.
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