mercredi 28 septembre 2022
Les derniers condamnés à mort dans l'Eure et en Seine-Maritime - Paul Septime Maitayer - troisième partie
Deuxième condamné, un certain
Maitayer Paul Septime
Chapitre
3
Malgré une brillante plaidoirie de Maître Decori, après délibération des
jurés, l’accusé Paul Septime Maitayer fut déclaré coupable et condamné à la
peine capitale.
Bien que s’étant forgé une solide carapace, Paul Septime sentit celle-ci
se fissurer lorsque le verdict tomba.
Suite à ce jugement et dans
l’attente de son exécution, Paul Septime Maitayer fut incarcéré à la prison
d’Evreux.
Un journaliste de l’Union Républicaine obtint l’autorisation
de le rencontrer dans sa cellule, située au second étage de l’établissement
pénitentiaire. Voilà comment il décrivit le lieu :
« ..... Longue
de quatre mètres sur deux de large et de trois mètres cinquante de haut,
éclairée par une petite fenêtre carrée, placée à dix centimètres du plafond,
avec pour tout ameublement, un lit de camp...... »
Ce journaliste précisait dans son
article que lors de sa venue, le détenu Maitayer jouait aux dames avec un
gardien chargé de le surveiller jour et nuit. Détenu et geôlier se trouvaient
assis sur le sol.
Une chaîne de quatre-vingts
centimètres environ, allant du bois du lit à la cheville gauche du prisonnier
entravait les mouvements de ce dernier, l’empêchant ainsi de s’évader. Par
contre, pas de camisole de force comme il était d’usage de vêtir les condamnés
à mort.
Paul Septime Maitayer se prêta au
jeu des questions-réponses.
Oui, il regrettait son geste
criminel.
Oui, il dormait et mangeait bien,
bénéficiant de repas améliorés grâce à l’argent déposé au greffe par sa mère.
Sa pauvre mère !! Toujours si bonne et douce envers lui malgré tout le mal
qui lui avait fait par sa mauvaise conduite depuis l’enfance.
Maitayer précisa également qu’il
lisait un livre de messe que l’aumônier de la prison lui avait laissé.
Et puis, il avait grand espoir d’obtenir
la clémence du Président de la République, Sadi Carnot, élu le 3 décembre 1887.
Il croyait en cette clémence. Dur
comme fer !!! Mais l’attente interminable faisait monter en lui l’angoisse
et la terreur, provoquant de brusques mouvements d’humeur, jusqu’à refuser de
voir l’aumônier avec qui il échangeait pourtant régulièrement depuis sa
captivité.
Sa bonne conduite, sa soumission,
n’étaient-elles que façade ?
Sa vraie nature se révélait-elle
alors ?
Ses nerfs craquaient peu à
peu.......
Evreux, le 31 mars 1888, sur
l’avenue de Caen, 2 h 30 du matin :
Sous une pluie battante, Monsieur
Deibler commençait le montage de la machine.
31 mars, dans la cellule de
Maitayer, 4 h 45 du matin :
Monsieur Marvollet, Procureur de
la République, accompagné de Monsieur Lalande, commis-greffier et de Monsieur
Souriau, directeur de la maison d’arrêt, venait annoncer au détenu que l’heure
était venue d’expier ses fautes envers la société.
A cette annonce, Maitayer se mit
à pousser des cris déchirants et à appeler sa mère. Il se débattait, hurlait,
courait le long du mur de sa cellule, échappant ainsi aux gardiens qui
souhaitaient lui enlever ses chaînes.
Cela mit un bon quart d’heure
avant que le futur supplicié retrouve un semblant de calme.
Il fut procédé ensuite à la coupe
de ses cheveux. Après, il lui fut donné un cognac et une cigarette.
A présent, calme en apparence,
Paul Septime Maitayer fut conduit sur les lieux de son supplice dans un
fourgon.
Avant le moment fatidique,
surplombant la foule venue nombreuse, il recommanda de ne pas faire comme lui,
de ne jamais dévier du juste chemin, puis il embrassa le prêtre.
Evreux, le 31 mars 1888, sur
l’avenue de Caen, à 5 heures et demie du matin, le couperet tomba.
Ce furent deux employés
administratifs du palais de justice de la rue Joséphine à Evreux, Félix Mercier
et Narcisse Bascher, qui déclarèrent le décès en mairie d’Evreux.
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