mercredi 14 août 2024

Les sorcières de Bergheim - Chapitre 1 : Marguerite Möwel

 



Une mauvaise récolte. Des bruits annonciateurs de guerre.

Un contexte engendrant la peur et faisant ressurgir les superstitions.

 

La famille Möwel était une des plus considérées de la ville de Rorschwihr, proche de Ribeauvillé, Sélestat et Colmar[1].  Parmi ses membres, une jeune femme était montrée du doigt.

Elle se prénommait Marguerite. Elle ne semblait être que l’ombre d’elle-même, toujours maussade.

Son attitude lui avait valu un surnom : la boudeuse.

 

Il faut bien avouer que cette jeune femme n’avait pas eu de chance. Son promis avait rompu leurs fiançailles pour épouser, vous ne devinerez pas qui : sa cousine.

Elle avait aussi eu un enfant, alors qu’elle n’était pas mariée.

La venue de l’enfant n’avait-elle pas été à l’origine de la rupture des fiançailles ?

 

Marguerite s’était donc éloignée peu à peu des autres, se repliant sur elle-même.

Vivre en retrait des autres, mauvais signe !

Les langues s’activèrent.

Qu’avait-elle à cacher ?

 

Et ce fut ainsi que les pires ennuis – encore et toujours – s’abattirent sur la pauvre Marguerite.

Trois conseillers de la ville l’accusèrent d’avoir commis des maléfices.

Marguerite fut arrêtée et présentée devant la « Cour des maléfices », qui lui fit subir l’épreuve de l’estrapade, un des pires supplices de l’époque.

Bien sûr, Marguerite avoua avoir eu « commerce avec le diable » qui s’était présenté à elle sous le nom de Rolland.

Avec cet aveu, elle venait de signer son arrêt de mort.

 

Le 29 mai 1586, menée sur le chemin des bestiaux, à environ un kilomètre de Bergheim sur la route menant à Sélestat, Marguerite fut attachée à un poteau entouré de fagots de bois auxquels le bourreau, venu spécialement de Colmar, assisté de ses aides, mit le feu.

Marguerite Möwel périt dans les flammes devant tous les habitants de Bergheim venus assister au spectacle.

Quelle cruauté !

 

Le temps passa. Un an... deux ans... peut-être trois.....

Puis un jour, une paysanne vint se plaindre d’avoir été violée, alors qu’elle travaillait dans un champ.

Le violeur fut arrêté et reconnu les faits dont il était accusé.

Comme excuse, il expliqua : « j’ai trouvé la femme jolie ! »

Il avoua que ce n’était pas la première fois !

Pour lui, tout cela était naturel.

Et si cet homme était le nommé Rolland ?

 

N’était-ce pas cet homme, ce violeur, qui aurait mérité de périr sur le bûcher ?

Rien sur un quelconque procès le concernant !

Quelle honte !

  

Quel est ce supplice nommé « l’estrapade » ?

 Méthode de torture inventée par les Italiens et en usage jusqu’en Russie et que François 1er ramena des guerres d’Italie.

Châtiment que les Italiens appelaient urlo soit « le hurlement ».

Les bras attachés dans le dos par des cordes, le supplicier était hissé en haut d’un mât et suspendu dans le vide. Le bourreau le laissait alors tomber, arrêtant la chute brusquement avant que le corps touche le sol. Opération répétée plusieurs fois.

Des poids allant de 60 à 125 kgs était parfois fixés aux pieds de la pauvre victime, entraînant la dislocation des épaules, voire l’arrachement des bras.

Cette horrible torture fut, largement, utilisée par l’Inquisition.

Ce fut Louis XVI qui abolit l’estrapade en 1776.

 

Comment pouvait-on être aussi cruel ?



[1] Rorschwihr, ville située  à  5 km de Ribeauvillé, à10 km de Sélestat et à 15 km de Colmar.

 

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