mercredi 21 août 2024

Les sorcières de Bergheim - Chapitre 2 : Anna Weckenzipfel



L’histoire d’Anna Weckenzipfel est incroyable.

Mais en cette fin de XVIème siècle, elle parut tout à fait crédible.....

 

Comme beaucoup de femmes, Anna Weckenzipfel connaissait le pouvoir des plantes. Elle s’en servait régulièrement pour soigner les siens et aussi ses proches voisins.

Ses remèdes n’avaient rien de magique, ils étaient le résultat de l’observation de la nature depuis des générations.

Ce fut ainsi qu’elle soigna et guérit Jacques Potter, habitant une maison proche de la sienne.

Pourtant, elle avait des raisons de lui en vouloir à cet homme ! En effet, il lui avait tué une de ses poules d’un coup de fusil.

Personne ne fut réellement au courant des circonstances de ce déplorable accident. Était-il volontaire ? Était-ce un accident ?

Ce qu’on retint, ce fut la mort de la pauvre volaille.

 

Quelque temps plus tard, allez savoir pourquoi, Jacques accusa la dame Wickenzipfel de lui avoir insufflé un mal à l’aide d’une baguette.

Pourtant, cet homme avait l’air en pleine santé.

De quel mal pouvait donc souffrir l’homme Potter ?

 

Enfin, ce que retint la justice, c’était qu’Anna se servait d’une baguette qui possédait des pouvoirs maléfiques. Et de pouvoirs maléfiques découlait le mot « sortilège », engendrant un autre terme : sorcière !

 

Et voilà, comment Anna se retrouva interrogée par les juges de la « Cour des maléfices ».

 

Au cours des interrogatoires, la femme Weckenzipfel conta une étrange histoire.

Elle se trouvait dans les vignes lorsqu’un inconnu tout vêtu de noir s’approcha d’elle :

« Si tu me suis, tu n’auras plus à faire ce dur travail », lui dit-il.

Anna le repoussa, mais l’homme fut plus fort qu’elle. Il la bouscula, la fit tomber sur le sol et abusa d’elle.

Elle ne put rien faire pour se défendre, même pas crier. D’ailleurs comment aurait-elle pu faire, n’avait-il pas plaqué une de ses mains sur sa bouche ? Une main froide, horriblement froide, comme la glace en hiver.

Avant de partir l’homme lui avait jeté une petite bourse :

«  Je te donne en cadeau ce petit sac contenant des thalers, mais tu dois dorénavant renier ton dieu et me servir. »

 

Les juges l’écoutaient, déjà convaincus de sa culpabilité. L’un d’eux prit la parole :

« Et cet homme, vous a-t-il donné son nom ?

        Il a dit s’appeler Kochlöffel[1] .

        Combien y avait-il dans le sac ?

        Lorsque je l’ai ouvert en rentrant chez moi, il était rempli de crottin de cheval.

        Avez-vous revu cet homme ?

        Oui, trois jours plus tard. Toujours au vignoble où je travaillais.

 

Et alors, Anna poursuivit son récit, expliquant que ce jour-là, Kochlöffel lui avait remis une baguette, en lui précisant :

« Si quelqu’un te fait du mal, tu n’auras qu’à le frapper de cette baguette en invoquant mon nom et la personne sera frappée de paralysie. »

 

Anna pensa tout de suite que ce serait une belle vengeance envers Jacques Potter. Ne lui avait-il pas abattu une de ses poules ?

 

Dans la demeure d’Anna Weckenzipfel, il fut bien retrouvé une baguette.

Une baguette qui, selon ses dires, lui servait aussi de monture pour se rendre à des réunions de sorcières, près de Saint-Hippolyte.

 

Cette dernière confession fut décisive !

Le jugement fut irréversible.

La peine de mort !!!

Le 28 juin 1586, Anna Weckenzipfel périt brûlée vive dans la ville de Bergheim !



[1] Traduction de kochlöffel : cuillère à pot.

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