Premier gilet de sauvetage
24
juin 1768
« Les succès mérités de M.
Platigny, & la foule continuelle de ceux qui se rendent à ses bains
nouveaux, n’empêcheront certainement point un grand nombre de personnes, &
surtout les jeunes gens d’avoir recours aux bains en pleine eau. Le sieur Bonal, dont les
soubre-vestes (sic) ou habits à nager dont il est l’inventeur, a offert dès
l’année derniére (sic) le moyen de les prendre sans aucune espece (sic) de
danger. On a déjà (sic) demandé de ces nouvelles machines, & pour cette
ville, & pour les maisons campagne voisine (sic), situées sur les bords de
la Seine, où on a reconnu qu’elles sont de la plus grande commodité. On en
trouve à Dieppe chez ledit sieur Bonal, près la porte de la Barre ; &
à Rouen, chez le sieur Delamare, Mercier, sur le Quai, près la porte du
Crucifix, son correspondant, qui en vient de recevoir de toutes grandeurs. »
Extrait
de « l’encyclopédie méthodique – volume 69 » :
« Quelque temps
après M. Bachstrom, le sieur Bonal, citoyen de Dieppe, imagina une soubreveste
de liège dont l’objet étoit de preserver les marins d’une mort qui ne les
attend que trop communément dans les flots.
Si l’on en croit M.
L’abbé de la Chapelle qui a vu de ces sortes de scaphandres, le sieur Bonal,
sans aucune connoissance de la physique, de l’hydrostatique, ni des mouvements
du corps humain, les avoit formés sans principe et sans aucun jugement. Quoi
qu’il en soit de cette critique, peut-être trop amère de la part d’un auteur
qu’on a accusé d’avoir profité des lumières du sieur Bonal, il est certain que
M. le Marquis de Crussol d’Amboise, dont la candeur & l’honnêteté sont
aussi connues que son profond savoir, n’a pu se dispenser d’avouer, après avoir
essayé en 1759 l’une de ces soubrevestes, qu’à la longue on seroit incommodé de
sa suspension. Des officiers du régiment de la Reine, infanterie, dont il était
alors colonel, essayèrent ce corselet en sa présence & pensèrent faire la
culbute …. »
J’ai
lu aussi que la soubreveste du sieur Bonal ne différait guère de la jaquette de
M. Wilkinson, qui elle-même était fort semblable à celle de M. Bachstrom…..
Qui
a copié sur l’autre ?
Mais
la même critique ressort après essayage en milieu aquatique : « très peu de personnes peuvent se
tenir debout à flot, avec l’une ou l’autre, & encore moins y faire de
grandes manœuvres. »
Quelques
mots encore, mais concernant, cette fois, le sieur Bonal :
Le sieur Bonnal ou Bonal, prénommé Joseph-Nicolas-Alexis,
est né à Dieppe le 4 janvier 1733. Il fut l’inventeur d'une casaque ou corset
de liège, qui reçut « Privilège du Roi », du 15 mars 1748 au 1er
décembre 1759, et qui précéda l'appareil que l'abbé de La Chapelle appela
Scaphandre et sur lequel il écrivit un traité en 1774. Les corsets de liège de
Bonnal furent expérimentés par l'abbé de La Chapelle devant l'Académie des
Sciences, le 24 août 1765. Rien sur le lieu et la date du décès de Joseph Nicolas Alexis Bonal. (Information
trouvée sur le site de la ville de Dieppe)
Décès de la reine
Le
1er Juillet 1768
« Le 24 Juin dernier, à dix
heures & demie du soir, la Reine est décédée à Versailles, âgée de 65 ans
& un jour, étant née le 23 juin 1703. Elle épousa en Septembre 1725, Louis
XV, Roi de France. Elle se nommoit Marie Lezinska, fille de feu Stanislas, Roi
de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, & feu (sic) Marie
Opalinska ; elle a eu de son mariage dix enfans (sic), deux Princes &
huit Princesses, dont il ne reste que Mesdames Adelaïde, Victoire, Sophie &
Louise.
Cette grande Reine réunit en elle
toutes les vertus, & personne n’eut le bonheur de l’aprocher (sic), sans
recevoir des preuves de la bonté de son ame (sic). Aussi sa mémoire sera-t’elle
(sic) toujours en vénération dans le cœur des Français. »
Précédemment,
nous avons parlé des messes dites pour la guérison de la reine de France.
A
cette occasion, je vous avais parlé avec détails de cette reine de France, très
aimée du peuple français.
Quelle
était la vie d’une reine ? Oh, bien sûr, par rapport aux femmes du peuple,
elle n’avait pas une mauvaise vie, mais son seul véritable rôle était de mettre
des enfants au monde, et surtout bien évidemment des garçons, futurs héritiers
du trône de France, se voyant répudiée si elle ne mettait au monde que des
filles.
En cela,
Marie Leczinska s’acquitta bien de sa tâche car elle eut dix enfants :
Marie-Louise-Elisabeth de France
Anne-Henriette de France, sa sœur jumelle (1727-1752)
Marie-Louise de France (1728-1733)
Louis-Ferdinand de France, Dauphin de France (1729-1765).
Philippe de France, Duc d’Anjou (1730-1733)
Marie-Adélaïde de France (1732-1800)
Victoire-Louise-Marie-Thérèse de France (1733-1799)
Sophie-Philippine-Elisabeth de France (1734-1782)
Marie-Louise de France (1728-1733)
Louis-Ferdinand de France, Dauphin de France (1729-1765).
Philippe de France, Duc d’Anjou (1730-1733)
Marie-Adélaïde de France (1732-1800)
Victoire-Louise-Marie-Thérèse de France (1733-1799)
Sophie-Philippine-Elisabeth de France (1734-1782)
Thérèse-Félicité de France (1736-1744)
Louise-Marie de
France (1737-1787) (religieuse au Carmel de Saint-Denis sous le nom de Sœur
Thérèse de Saint-Augustin (1770), prieure du Carmel en 1773)
Mais, hélas, seulement deux
garçons qui ne vécurent pas assez longtemps pour régner.
Même si elle aima ses
enfants, les grossesses, dix en douze
années, l’épuisèrent, ce qui lui fit dire avec lassitude : « Toujours
coucher, toujours grosse, toujours accoucher ! »
L’activité du port de Rouen
5
aout 1768
« Il est sorti de ce port dans
les six premiers mois de l’année 1768, pour différens (sic) ports étrangers 72
Navires ; sçavoir (sic) 5 pour Cadix, 6 pour Dunkerque & Ostende, 7
pour Lisbonne, 3 pour Bilbao, 9 pour Amsterdam, 8 pour Hambourg, 10 pour
l’Angleterre, 8 pour Roterdam, & 13 pour Dantzick, la Suéde (sic) & la
Russie.
Il a été exporté par ces différens
(sic) Navires, pour l’Espagne, 67687 livres d’étoffes de laine, comme pluches,
camelot, étamine, maroc (sic), &c. 141760 livres de toile blancard (sic),
2196 livres de confitures, 7084 chapeaux de castor & demi-castor, 123
barils, 53 demi-barils de harengs sores, 300 livres de morue, une caisse de
souliers de cuir, 194903 livres de feves
(sic) & pois, 2 tonneaux, 1 baril 38 caisses, 15 ballots, 9 bannettes de
merceries mêlées, 28580 liv. de drap de laine, 9848 douzaines de paquets d’un
mille d’épingles, 4990 liv. de toile de lin, 1194 liv. de bougie, 878
bouteilles de vin, 29773 liv. de siamoise, de toile & mouchoirs fil et
coton, 5430 liv. de fayence (sic), 2 caisses de gaze de soie, 900 liv. de
chemises de toile de lin, 425 livres de poudre à poudrer, 330 bouteilles d’eau
divine, 420 douzaines de lunettes, 2 caisses d’instrumens (sic) de physique, 2
caisses d’épées & gardes d’épées en argent, 1000 liv. d’indigo, 29 grosses
de tabatiéres (sic) de cornes, 3225 liv. de padoue de fil, 2 caisses 12
bouteilles & 43 demi-bouteilles de liqueur, 3000 pains de craie, 635 liv.
de fil à coudre, 3564 liv. de gingats (sic) et chemises, 5 ballots de corde de
boyau, 5376 bouteilles de verre voides (sic), 2 trumeaux à bordures dorées, 81
paniers de verre à vitres, 1480 liv. de carreaux dito, 63 douzaines de brosses,
1 caisse de Christ d’yvoire (sic), 410 liv. de coutil, 14 balles de livres, 30
douzaines de ceintures de coton, 12 poëles (sic) de fayence, 19 caisses de
meubles, 15000 cloux (sic) dorés, 4 grosses de poire à poudre, 36 lampes avec leurs réverbéres (sic), 350
liv. de quincaillerie, 118 fromages du pays, 2045 liv. de toile grise, 2
paquets de galons d’or, 75 liv. de bas & couvertures de laine, 24 grosses
de lacets de fil, 270 liv. de toileries, 505 liv. de chandelles, 1 caisse
d’instrumens (sic) de géométrie, 500 liv. de marmites de fer, 5200 liv. de
toile bon teint rayée & à carreaux, 1120 liv. de serviettes de chanvre, 22
cuirs de bœuf tannés, 10600 liv. de bois de teinture, 1 berline & son
train, 1040 liv. d’estampes, 445 liv. de velours de coton, 2200 liv. de
bouracan. »
Quelques
petites explications sur la marchandise qui n’est pas, pour la plupart, comptée
à l’unité, mais au poids.
Des
trumeaux à bordures dorées.
Un
trumeau est la partie d'un mur
ou d'une cloison qui se trouve entre deux baies ou entre deux portes-fenêtres,
mais aussi au-dessus des cheminées,
sous la forme d'un pan de mur
ou de miroirs.
Des
padoues de fil.
Un
padoue est un ruban généralement moitié fil, moitié soie. Ici, en l’occurrence, il
s’agit d’un ruban de fil.
Des
gingats.
Le
gingats est une toile de fil à carreaux
Du
bouracan.
Le
boucaran est une grosse étoffe de laine de mouton ou de chameau, ou encore de poils de chèvre.
Le boucaran peut être apparenté à est un
« gros camelot », une autre étoffe.
Acte de bravoure
14
octobre 1768
« Le 6 de ce mois, sur les
cinq heures du soir, M . le Chevalier de Caligny, Mousquetaire du Roi dans
la seconde Compagnie, âgé de 20 ans, se promenant le long des côtes de Luc,
près la Délivrande, aperçut, à environ 50 pas de la mer, un homme tout habillé,
qui probablement étoit tombé du haut de la Falaise qui fait une pointe dans cet
endroit & est fort longue, & qui se noyoit. Ce jeune Officier apella
(sic) quelques paysans qui n’étoient pas éloignés, & fit tout ce qu’il put
pour les engager à sauver cet homme ; mais voyant que la crainte du danger
l’emportoit chez eux sur tout sentiment, & qu’aucun n’osoit franchir le
pas, il se jetta à la mer qui étoit assez grosse & commençoit à se retirer,
& gagna jusqu’à cet homme que la marée, aidée du vent, emportoit, &
qui, lorsqu’il parvint à lui, achevoit de se noyer ; il l’attira sur le
rivage, & le fit porter dans le corps-de-garde de Luc qui étoit proche.
Malgré tous les secours qu’il reçut sur le champ du Château de Luc, & le
grand feu qu’on fit pour le réchauffer, il ne fut pas possible de lui sauver la
vie. Cet homme inconnu, & qui étant sans doute venu en pèlerinage à la
Délivrande avoit été curieux de voir la mer, pouvoit être âgé de 60 ans, taille
de cinq pieds quatre pouces, chauve, le reste des cheveux & les sourcils
gris, les yeux bleus & fendus, le nez aquilin, la bouche un peu fendue,
ayant un chapeau, une perruque ronde et noire, rune rodingote (sic) de pluche
grise, une veste de drap gris d’épine, boutons unis, une culote de panne noire
ciselée, doublée de peau, des bas de laine gris bleu mêlés, des souliers fins
avec des boucles de pincebeck (sic), une bonne chemise avec des manchettes
d’une petite dentelle large d’un demi pouce, & des boutons de manche de
pincebeck (sic). On ne lui a point trouvé d’argent ; il avoit dans ses poches
un mouchoir, une tabatière, une clef & un tirbouchon (sic) ; il a été
inhumé le 8 à Luc.
On n’a pas cru en donnant au public
avis de cet inconnu, devoir passer sous silence cet acte d’humanité de M. le
Chevalier de Caligny, qui lui fait tout l’honneur possible, & où il a fait
voir qu’il n’est point d’obstacle pour un cœur vraiment grand. »
La
scène se passa exactement à Luc-sur-Mer. Ce fut d’ailleurs dans les registres
de cette paroisse que j’ai découvert l’acte d’inhumation du pauvre homme.
« Le huit octobre
a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse un homme inconnu qu’on a
trouvé mort ayant par soi un chapelet vêtu d’une redingotte blanche agé
d’environ soixante ans haut d’environ cinq pieds de poils blancs en présence de
Louis Lemarchant et de Jacques lemoulinier qui ont signé »
Il
portait des souliers fins avec des boucles de pincebeck. Il s’agit en fait de
pinchbeck, alliage de zinc et de cuivre. Cet alliage porte le nom de son
inventeur, Christopher Pinchbeck, horloger anglais, né vers 1670 et décédé en
1732.
Concernant
le chevalier de Caligny, j’ai effectué quelques recherches et j’ai découvert,
dans un recueil intitulé « fastes militaires ou annales des chevaliers et
ordres royaux et militaires », ce
qui suit :
« …..
Philippe-Paul-Aimé Le Marchard de Caligny et Hubert-François-Guillaume, appelé
le chevalier de Caligny, entrèrent au mois de janvier 1768 dans la seconde
compagnie des mousquetaires et y servirent jusqu’à la suppression de ce corps
au mois de décembre 1775. Le troisième Claude-Achille-Hypolite, appelé Vicomte
de Caligny, étoit entré en 1772, volontaire dans le Régiment de cavalerie du
Roi et mourut à Caen au mois de novembre de la même année….. »
Plusieurs
autres recherches m’ont appris :
· Le
premier de la fratrie, Philippe-Paul-Aimé était né le 13 septembre 1746.
·
Pas de date de naissance pour le second
des garçons, Hubert-François-Guillaume,
dit « Chevalier de Caligny » - mais je peux situer sa
naissance entre 1746 et 1750
· Quant
au troisième des frères, Claude-Achille-Hypolite, il naquit le 5 août 1751 et
décéda le 22 novembre 1772.
Nous
pouvons attribuer le sauvetage à Hubert-François-Guillaume qui devait, en
effet, être dans sa vingtième année.
Assurément, du bon matériel !
Le
21 octobre 1768
« Mardi dernier, MM. De Ville
firent publiquement la visite & l’essai des 22 Pompes à incendie, dans la
cour de l’Hôtel-de-Ville. L’effet répondit à l’attente du public, & prouva
l’exactitude du sieur Hoden, Directeur général de ces Machines hidroliques, à
les entretenir en bon état.
Le même sieur Hoden avoit huit
jours auparavant fait publiquement dans la cour de sa maison, rue de la Pie,
l’essai de deux pompes à un seul corps & piston & à jet continu, de 36
à 37 lignes de diamètre intérieur. Ces deux Pompes portèrent l’eau à plus de 80 pieds de hauteur
perpendiculaire, avec un ajutage de 3 lignes deux tiers, & chacune d’elles
remplit à gueule bée un quart en moins d’une demi-minute, ce qui produit plus
de 30 muids d’eau par heure ; effet supérieur à bien des pompes à deux
corps de pareil volume. Ces deux pompes sont destinées pour un comptoir de la
Compagnie des Indes ».
Je
suis incompétente en ce qui concerne les pompes à incendie, mais ce n’est pas
pour autant que je devais passer sous silence cet article, parlant de nouveaux
matériels.
Les
incendies étaient nombreux dans les villes et un matériel, nouveau et
performant, ne pouvait que rassurer les habitants.
La
rue de la Pie part de la place du Vieux-Marché pour aboutir rue de Fontenelle.
Elle tient son nom d’une des enseignes de la rue. A la fin du XIXème
siècle, elle prit, un temps, le nom de
« rue Pierre Corneille », car dans cette rue habitèrent, un moment,
les frères Corneille.
Une paroisse bien éprouvée
4
novembre 1768
« Le Lundi 12 Septembre dernier,
la paroisse de S. Denis-sur-Sarthon, & plusieurs autres circonvoisines, ont
été grêlées à quatre heures & demie du matin. La grêle comme des glaçons de
différentes formes et grosseur, dont
plusieurs grains pesoient depuis une demi-livre (sic) jusqu’à une livre,
a causé le plus grand dommage sur les orges, les avoines & les
sarrasins ; il y avoit un tiers des orges coupés, que les pluies
continuelles ne permettoient pas de ramasser depuis trois semaines, la grêle
les a battues dans les champs ; les orges à couper ont moins souffert. Les
pommes & les poires ont été abattues & morcelées par la grêle. M.
l’intendant a envoyé un Commissaire pour vérifier les pertes.
La même paroisse est affligée
depuis 13 mois d’une maladie épidémique ; il y a eu 500 malades à
l’extrémité, dont 80 sont morts ; le mois de septembre dernier, on y vit à
la fois 70 malades, ce qui répandit la consternation.
M. Jullien, Intendant d‘Alençon,
touché de ces malheurs, a envoyé M. de Beaucoudray, Docteur-Médecin à Alençon,
qui depuis six semaines, accompagné du Sieur Martin, Chirurgien, visite tous
les jours les malades. M. l’Intendant leur fait fournir les remèdes, les
bouillons, les tisanes, ce qui s’éxécute (sic) avec le plus grand ordre. Il y a
actuellement plus de 100 malades guéris par les soins du Médecin & les
secours de toute espéce (sic) que M. l’Intendant a procurés ; on n’y
compte plus que 20 malades qui paroissent hors de danger. MM. Les Bénédictins
de S. Martin de Séez, qui jouissent de la moitié des grosses dimes de la
paroisse, ont envoyé à M. le Curé 30 liv. pour aider à gouverner les
malades ; chacune s’empresse de lui faire passer leurs aumômes (sic) ; au
moyen de quoi les malades & les pauvres n’ont manqué l’hyver (sic) dernier
ni de pain, ni d’argent, ni de cidre. On a distribué aux malades deux tonneaux
de cidre malgré sa cherté & la rareté ; on a même fourni le bois à
tous sans exception ; on a payé les gardes à quelques-uns ; on les
faisoit visiter par le Chirurgien ; on payoit les remedes (sic), le tout
par la voie du bureau de charité établi dans ladite paroisse, avec la
permission & sous l’autorité du Ministre. »
Saint-Denis-sur-Sarthon est une commune française,
située dans le département de l'Orne, dans la région de Basse-Normandie.
Le
12 septembre 1768, le curé de cette paroisse avait inscrit sur son registre qu'il pleuvait depuis
trois mois, qu'il avait grêlé ce jour de façon remarquable, que les forges de
St Denis et de la Roche manquaient de mines, de charbon, et la faïencerie de
bois.
Quelle est cette maladie ?
4
novembre 1768
« La paroisse de S.
Hilaire-du-Harcouet, au bas Maine, & autres circonvoisines, sont également
affligées d’une maladie, qui depuis un tems (sic) y fait du ravage, malgré la
Faculté des lieux ; elle commence par des coliques aigues, avec une diarrhée
sanguinolente, qui en quelques jours met les malades au tombeau : le zélé
Pasteur d’une de ces paroisses, notre Abonné (M. le Curé de landivy) en
attribue la cause à la quantité de marons (sic) dont les habitans (sic) font
usage, & qui sont un tiers de la nourriture de ces bonnes gens ; il
nous invite à nous joindre à lui pour obtenir de quelqu’ami (sic) de
l’humanité, des avis pour faire cesser, ou au moins diminuer ce mal. Nous nous
flattons que quelque personne habile, dont cette ville est si bien pourvue,
aura égard à une si juste démarche. »
Saint-Hilaire-du-Harcouët
est une commune
située dans le département de la Manche en région Basse-Normandie.
La
ville est située au confluent de la Sélune
et de l'Airon, au
sud de l'Avranchin, au carrefour de trois
régions : la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire.
Son bourg est à 15 km sud-ouest de Mortain,
à 25 km sud-est d'Avranches,
à 28 km au nord de Fougères
et à 38 km à l'ouest de Domfront.
La châtaigne
a longtemps représenté une ressource alimentaire importante pour les
populations. Elle remplaçait souvent les céréales, c’est pour cette raison que
le châtaignier était aussi appelé "l'arbre à pain". A la fin du XIXème
siècle, avec l'exode rural et l'apparition de graves maladies dans les
exploitations, commença le lent déclin des châtaigneraies.
Aujourd'hui,
la consommation de châtaignes fraîches est surtout ponctuelle et saisonnière,
elle est commercialisée de la fin septembre au début du mois de février.
Je
n’ai pas trouvé de lien entre la maladie dont il est question et la
consommation importante de châtaignes. Merci de me renseigner si vous avez une
quelconque information.
Mais,
les habitants de ce village n’auraient-ils pas consommé le fruit du marronnier
d’Inde, dont le fruit, le marron, est toxique ?
Du lait bleu !!
Le
25 novembre 1768
« Il y a dans un canton du
pays de Caux certaines vaches qui donnent du lait semblable en aparence (sic) à
celui des autres, mais dont la crème (sic),
à mesure qu’elle se forme, devient bleue : il n’y a quelquefois que
dix ou douze taches sur une terrine, quelquefois d’avantage ; la crème
(sic) où il y a moins de taches, rend encore du beurre, mais il a mauvaise
odeur, & il n’est pas possible d’en manger : cela fait un tort
considérable aux laboureurs ; il y en a qui sont dans ce cas depuis deux
ou trois ans. On souhaiteroit que quelque bon patriote découvrît la cause,
& donnât le remède de ce mal. S’adresser au bureau des annonces. »
Il
s’agit, certainement, d’une moisissure.
Dans le « traité pratique de
laiterie : lait, crème, beurre, fromages » de Albert Larbalétrier, on
peut lire concernant les « taches bleues sur le lait » :
“…… M. Reiset a également donné le
remède :
Voici le procédé qui a donné les
meilleurs résultats …………. Pour conjurer la maladie du lait bleu.
1)
Exiger
que tous les vases qui doivent contenir du lait à écrémer soient plongés,
pendant cinq minutes au moins, dans l’eau bouillante ; défendre l’emploi
de brosses ou linges dont la propreté est presque toujours douteuse.
2)
En
cas d’invasion grave et persistante, traiter le lait par l’acide acétique au
centième, en employant la dose de 0 gr 500 d’acide cristallisable par litre de
lait.
Oui,
mais ces conseils datent de 1880, soit plus d’un siècle plus tard.
Que
conseillait-on en 1768 ?
L’article
ci-dessous va peut-être nous le dévoiler.
9
décembre 1768
« Sur la demande insérée dans
notre précédente feuille, concernant ces vaches qui fournissent un lait bleu,
le sieur Pierre Deshays, marchand de bois à Fréquienne, qui en a eu de
semblables, a trouvé le secret de les guérir radicalement en leur faisant
prendre plusieurs breuvages sans qu’elles en ayent (sic) été incommodées. Ceux
qui auront besoin de lui, peuvent écrire au sieur Deshays, Aubergiste, au
Chapeau-Rouge, fauxbourg (sic) Cauchoise, à Rouen. »
Que
préconisait le sieur Deshays ? Je pense que je vais écrire au journal pour
en savoir plus.
Une tempête dévastatrice
17
décembre 1768
« Les tempêtes du commencement
de ce mois ont causé bien du dommage. La nuit du 1 Décembre occasionna aux
Navires du Havre des avaries considérables. Les lettres de Nantes portent qu’il
y a eu dix échouemens (sic) ou avaries sur les
côtes ; un Capitane Hollandois a trouvé à la mer plusieurs balles
de coton. Les avis de Bordeaux & de la rochelle, portent qu’un navire
Hollandois a été brûlé dans le dernier de ces deux ports, par le tonnerre,
& qu’il y a eu un vi mair (sic) de 14 pieds, & dans la baye (sic) de Biscaye.
Il y a aussi eu dans la manche plusieurs naufrages dont nous n’avons point
encore le détail. »
Cette
tempête a été très dévastatrice en effet, comme le prouve la liste considérable
des navires ayant eu des avaries ou ayant sombré tout au long des côtes
française du sur au nord, qui suivait cet article, soit sur une colonne et
demie.
En
clair, une réelle catastrophe !
Antoinette de la Iglesia
23
décembre 1768
« Il y a dans la principauté
des Asturies une femme nommée Antoinette de la Iglesia, à qui, depuis une
maladie très-grave (sic) qu’elle essuya en 1744, il survint une faim des plus
violentes, qui insensiblement fut suivie d’un si grand défaut d’appétit, que
depuis 22 ans elle n’a pris aucune espéce (sic) de nourriture solide ;
elle est de tems en tems (sic) obligée de garder la chambre pendant 8 jours,
plus ou moins : alors on lui fait prendre du bouillon, mais elle le
rejette aussi-tôt (sic). Elle boit du vin lorsqu’on lui en presente (sic), mais
elle le rejette de même lorsqu’il n’est pas de bonne qualité. Elle fait usage
de tabac, & souffre beaucoup lorsqu’elle en est privée. Sa boisson
ordinaire est de l’eau chaude. Cette femme est sourde, & a une blessure
considérable à la cuisse, ce qui cependant ne l’empêche pas d’aller à la messe
presque tous les jours, à l’aide de quelqu’un qui la conduit. Elle est
extrêmement séche, foible, (sic) & d’une paleur (sic) extraordinaire. »
Je
n’ai rien trouvé sur cette femme, si ce n’est qu’elle dépendait de la paroisse
de Saint Martin de Luisia, près de Pravia.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.