mercredi 6 janvier 2016

1768 - CA CONTINUE



Premier gilet de sauvetage

24 juin 1768

« Les succès mérités de M. Platigny, & la foule continuelle de ceux qui se rendent à ses bains nouveaux, n’empêcheront certainement point un grand nombre de personnes, & surtout les jeunes gens d’avoir recours aux bains en  pleine eau. Le sieur Bonal, dont les soubre-vestes (sic) ou habits à nager dont il est l’inventeur, a offert dès l’année derniére (sic) le moyen de les prendre sans aucune espece (sic) de danger. On a déjà (sic) demandé de ces nouvelles machines, & pour cette ville, & pour les maisons campagne voisine (sic), situées sur les bords de la Seine, où on a reconnu qu’elles sont de la plus grande commodité. On en trouve à Dieppe chez ledit sieur Bonal, près la porte de la Barre ; & à Rouen, chez le sieur Delamare, Mercier, sur le Quai, près la porte du Crucifix, son correspondant, qui en vient de recevoir de toutes grandeurs. »

Extrait de « l’encyclopédie méthodique – volume 69 » :

« Quelque temps après M. Bachstrom, le sieur Bonal, citoyen de Dieppe, imagina une soubreveste de liège dont l’objet étoit de preserver les marins d’une mort qui ne les attend que trop communément dans les flots.
Si l’on en croit M. L’abbé de la Chapelle qui a vu de ces sortes de scaphandres, le sieur Bonal, sans aucune connoissance de la physique, de l’hydrostatique, ni des mouvements du corps humain, les avoit formés sans principe et sans aucun jugement. Quoi qu’il en soit de cette critique, peut-être trop amère de la part d’un auteur qu’on a accusé d’avoir profité des lumières du sieur Bonal, il est certain que M. le Marquis de Crussol d’Amboise, dont la candeur & l’honnêteté sont aussi connues que son profond savoir, n’a pu se dispenser d’avouer, après avoir essayé en 1759 l’une de ces soubrevestes, qu’à la longue on seroit incommodé de sa suspension. Des officiers du régiment de la Reine, infanterie, dont il était alors colonel, essayèrent ce corselet en sa présence & pensèrent faire la culbute …. »

J’ai lu aussi que la soubreveste du sieur Bonal ne différait guère de la jaquette de M. Wilkinson, qui elle-même était fort semblable à celle de M. Bachstrom…..
Qui a copié sur l’autre ?
Mais la même critique ressort après essayage en milieu aquatique : « très peu de personnes peuvent se tenir debout à flot, avec l’une ou l’autre, & encore moins y faire de grandes manœuvres. »

Quelques mots encore, mais concernant, cette fois, le sieur Bonal :

Le sieur Bonnal ou Bonal, prénommé Joseph-Nicolas-Alexis, est né à Dieppe le 4 janvier 1733. Il fut l’inventeur d'une casaque ou corset de liège, qui reçut « Privilège du Roi », du 15 mars 1748 au 1er décembre 1759, et qui précéda l'appareil que l'abbé de La Chapelle appela Scaphandre et sur lequel il écrivit un traité en 1774. Les corsets de liège de Bonnal furent expérimentés par l'abbé de La Chapelle devant l'Académie des Sciences, le 24 août 1765. Rien sur le lieu et la date du décès de  Joseph Nicolas Alexis Bonal. (Information trouvée sur le site de la ville de Dieppe)

Décès de la reine

Le 1er Juillet 1768

« Le 24 Juin dernier, à dix heures & demie du soir, la Reine est décédée à Versailles, âgée de 65 ans & un jour, étant née le 23 juin 1703. Elle épousa en Septembre 1725, Louis XV, Roi de France. Elle se nommoit Marie Lezinska, fille de feu Stanislas, Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, & feu (sic) Marie Opalinska ; elle a eu de son mariage dix enfans (sic), deux Princes & huit Princesses, dont il ne reste que Mesdames Adelaïde, Victoire, Sophie & Louise.
Cette grande Reine réunit en elle toutes les vertus, & personne n’eut le bonheur de l’aprocher (sic), sans recevoir des preuves de la bonté de son ame (sic). Aussi sa mémoire sera-t’elle (sic) toujours en vénération dans le cœur des Français. »

Précédemment, nous avons parlé des messes dites pour la guérison de la reine de France.
A cette occasion, je vous avais parlé avec détails de cette reine de France, très aimée du peuple français.

Quelle était la vie d’une reine ? Oh, bien sûr, par rapport aux femmes du peuple, elle n’avait pas une mauvaise vie, mais son seul véritable rôle était de mettre des enfants au monde, et surtout bien évidemment des garçons, futurs héritiers du trône de France, se voyant répudiée si elle ne mettait au monde que des filles.
En cela, Marie Leczinska s’acquitta bien de sa tâche car elle eut dix enfants :

Marie-Louise-Elisabeth de France
Anne-Henriette de France, sa sœur jumelle (1727-1752)
Marie-Louise de France (1728-1733)
Louis-Ferdinand de France, Dauphin de France (1729-1765).
Philippe de France, Duc d’Anjou (1730-1733)
Marie-Adélaïde de France (1732-1800)
Victoire-Louise-Marie-Thérèse de France (1733-1799)
Sophie-Philippine-Elisabeth de France (1734-1782)
Thérèse-Félicité de France (1736-1744)
 Louise-Marie de France (1737-1787) (religieuse au Carmel de Saint-Denis sous le nom de Sœur Thérèse de Saint-Augustin (1770), prieure du Carmel en 1773)
Mais, hélas, seulement deux garçons qui ne vécurent pas assez longtemps pour régner.

Même si elle aima ses enfants,  les grossesses, dix en douze années, l’épuisèrent, ce qui lui fit dire avec lassitude : « Toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher ! »



L’activité du port de Rouen

5 aout 1768

« Il est sorti de ce port dans les six premiers mois de l’année 1768, pour différens (sic) ports étrangers 72 Navires ; sçavoir (sic) 5 pour Cadix, 6 pour Dunkerque & Ostende, 7 pour Lisbonne, 3 pour Bilbao, 9 pour Amsterdam, 8 pour Hambourg, 10 pour l’Angleterre, 8 pour Roterdam, & 13 pour Dantzick, la Suéde (sic) & la Russie.
Il a été exporté par ces différens (sic) Navires, pour l’Espagne, 67687 livres d’étoffes de laine, comme pluches, camelot, étamine, maroc (sic), &c. 141760 livres de toile blancard (sic), 2196 livres de confitures, 7084 chapeaux de castor & demi-castor, 123 barils, 53 demi-barils de harengs sores, 300 livres de morue, une caisse de souliers de cuir,  194903 livres de feves (sic) & pois, 2 tonneaux, 1 baril 38 caisses, 15 ballots, 9 bannettes de merceries mêlées, 28580 liv. de drap de laine, 9848 douzaines de paquets d’un mille d’épingles, 4990 liv. de toile de lin, 1194 liv. de bougie, 878 bouteilles de vin, 29773 liv. de siamoise, de toile & mouchoirs fil et coton, 5430 liv. de fayence (sic), 2 caisses de gaze de soie, 900 liv. de chemises de toile de lin, 425 livres de poudre à poudrer, 330 bouteilles d’eau divine, 420 douzaines de lunettes, 2 caisses d’instrumens (sic) de physique, 2 caisses d’épées & gardes d’épées en argent, 1000 liv. d’indigo, 29 grosses de tabatiéres (sic) de cornes, 3225 liv. de padoue de fil, 2 caisses 12 bouteilles & 43 demi-bouteilles de liqueur, 3000 pains de craie, 635 liv. de fil à coudre, 3564 liv. de gingats (sic) et chemises, 5 ballots de corde de boyau, 5376 bouteilles de verre voides (sic), 2 trumeaux à bordures dorées, 81 paniers de verre à vitres, 1480 liv. de carreaux dito, 63 douzaines de brosses, 1 caisse de Christ d’yvoire (sic), 410 liv. de coutil, 14 balles de livres, 30 douzaines de ceintures de coton, 12 poëles (sic) de fayence, 19 caisses de meubles, 15000 cloux (sic) dorés, 4 grosses de poire à poudre,  36 lampes avec leurs réverbéres (sic), 350 liv. de quincaillerie, 118 fromages du pays, 2045 liv. de toile grise, 2 paquets de galons d’or, 75 liv. de bas & couvertures de laine, 24 grosses de lacets de fil, 270 liv. de toileries, 505 liv. de chandelles, 1 caisse d’instrumens (sic) de géométrie, 500 liv. de marmites de fer, 5200 liv. de toile bon teint rayée & à carreaux, 1120 liv. de serviettes de chanvre, 22 cuirs de bœuf tannés, 10600 liv. de bois de teinture, 1 berline & son train, 1040 liv. d’estampes, 445 liv. de velours de coton, 2200 liv. de bouracan. »


Quelques petites explications sur la marchandise qui n’est pas, pour la plupart, comptée à l’unité, mais au poids.

Des trumeaux à bordures dorées.
Un trumeau est la partie d'un mur ou d'une cloison qui se trouve entre deux baies ou entre deux portes-fenêtres, mais aussi au-dessus des cheminées, sous la forme d'un pan de mur ou de miroirs.

Des padoues de fil.
Un padoue est un ruban  généralement moitié fil, moitié soie. Ici, en l’occurrence, il s’agit d’un ruban de fil.

Des gingats.
Le gingats est une toile de fil à carreaux

Du bouracan.
Le boucaran est une grosse étoffe de laine de mouton ou de chameau,  ou encore de poils de chèvre.
Le boucaran peut être apparenté à est un « gros camelot », une autre étoffe.




Acte de bravoure

14 octobre 1768

« Le 6 de ce mois, sur les cinq heures du soir, M . le Chevalier de Caligny, Mousquetaire du Roi dans la seconde Compagnie, âgé de 20 ans, se promenant le long des côtes de Luc, près la Délivrande, aperçut, à environ 50 pas de la mer, un homme tout habillé, qui probablement étoit tombé du haut de la Falaise qui fait une pointe dans cet endroit & est fort longue, & qui se noyoit. Ce jeune Officier apella (sic) quelques paysans qui n’étoient pas éloignés, & fit tout ce qu’il put pour les engager à sauver cet homme ; mais voyant que la crainte du danger l’emportoit chez eux sur tout sentiment, & qu’aucun n’osoit franchir le pas, il se jetta à la mer qui étoit assez grosse & commençoit à se retirer, & gagna jusqu’à cet homme que la marée, aidée du vent, emportoit, & qui, lorsqu’il parvint à lui, achevoit de se noyer ; il l’attira sur le rivage, & le fit porter dans le corps-de-garde de Luc qui étoit proche. Malgré tous les secours qu’il reçut sur le champ du Château de Luc, & le grand feu qu’on fit pour le réchauffer, il ne fut pas possible de lui sauver la vie. Cet homme inconnu, & qui étant sans doute venu en pèlerinage à la Délivrande avoit été curieux de voir la mer, pouvoit être âgé de 60 ans, taille de cinq pieds quatre pouces, chauve, le reste des cheveux & les sourcils gris, les yeux bleus & fendus, le nez aquilin, la bouche un peu fendue, ayant un chapeau, une perruque ronde et noire, rune rodingote (sic) de pluche grise, une veste de drap gris d’épine, boutons unis, une culote de panne noire ciselée, doublée de peau, des bas de laine gris bleu mêlés, des souliers fins avec des boucles de pincebeck (sic), une bonne chemise avec des manchettes d’une petite dentelle large d’un demi pouce, & des boutons de manche de pincebeck (sic). On ne lui a point trouvé d’argent ; il avoit dans ses poches un mouchoir, une tabatière, une clef & un tirbouchon (sic) ; il a été inhumé le 8 à Luc. 
On n’a pas cru en donnant au public avis de cet inconnu, devoir passer sous silence cet acte d’humanité de M. le Chevalier de Caligny, qui lui fait tout l’honneur possible, & où il a fait voir qu’il n’est point d’obstacle pour un cœur vraiment grand. »


La scène se passa exactement à Luc-sur-Mer. Ce fut d’ailleurs dans les registres de cette paroisse que j’ai découvert l’acte d’inhumation du pauvre homme.

«  Le huit octobre a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse un homme inconnu qu’on a trouvé mort ayant par soi un chapelet vêtu d’une redingotte blanche agé d’environ soixante ans haut d’environ cinq pieds de poils blancs en présence de Louis Lemarchant et de Jacques lemoulinier qui ont signé »

Il portait des souliers fins avec des boucles de pincebeck. Il s’agit en fait de pinchbeck, alliage de zinc et de cuivre. Cet alliage porte le nom de son inventeur, Christopher Pinchbeck, horloger anglais, né vers 1670 et décédé en 1732.

Concernant le chevalier de Caligny, j’ai effectué quelques recherches et j’ai découvert, dans un recueil intitulé « fastes militaires ou annales des chevaliers et ordres royaux et militaires »,  ce qui suit :

« ….. Philippe-Paul-Aimé Le Marchard de Caligny et Hubert-François-Guillaume, appelé le chevalier de Caligny, entrèrent au mois de janvier 1768 dans la seconde compagnie des mousquetaires et y servirent jusqu’à la suppression de ce corps au mois de décembre 1775. Le troisième Claude-Achille-Hypolite, appelé Vicomte de Caligny, étoit entré en 1772, volontaire dans le Régiment de cavalerie du Roi et mourut à Caen au mois de novembre de la même année….. »

Plusieurs autres recherches m’ont appris :
·       Le premier de la fratrie, Philippe-Paul-Aimé était né le 13 septembre 1746.
·       Pas de date de naissance pour le second des garçons, Hubert-François-Guillaume,  dit « Chevalier de Caligny » - mais je peux situer sa naissance entre 1746 et 1750
·       Quant au troisième des frères, Claude-Achille-Hypolite, il naquit le 5 août 1751 et décéda le 22 novembre 1772.

Nous pouvons attribuer le sauvetage à Hubert-François-Guillaume qui devait, en effet, être dans sa vingtième année.


Assurément, du bon matériel !

Le 21 octobre 1768

« Mardi dernier, MM. De Ville firent publiquement la visite & l’essai des 22 Pompes à incendie, dans la cour de l’Hôtel-de-Ville. L’effet répondit à l’attente du public, & prouva l’exactitude du sieur Hoden, Directeur général de ces Machines hidroliques, à les entretenir en bon état.
Le même sieur Hoden avoit huit jours auparavant fait publiquement dans la cour de sa maison, rue de la Pie, l’essai de deux pompes à un seul corps & piston & à jet continu, de 36 à 37 lignes de diamètre intérieur. Ces deux Pompes portèrent  l’eau à plus de 80 pieds de hauteur perpendiculaire, avec un ajutage de 3 lignes deux tiers, & chacune d’elles remplit à gueule bée un quart en moins d’une demi-minute, ce qui produit plus de 30 muids d’eau par heure ; effet supérieur à bien des pompes à deux corps de pareil volume. Ces deux pompes sont destinées pour un comptoir de la Compagnie des Indes ».


Je suis incompétente en ce qui concerne les pompes à incendie, mais ce n’est pas pour autant que je devais passer sous silence cet article, parlant de nouveaux matériels.
Les incendies étaient nombreux dans les villes et un matériel, nouveau et performant, ne pouvait que rassurer les habitants.

La rue de la Pie part de la place du Vieux-Marché pour aboutir rue de Fontenelle. Elle tient son nom d’une des enseignes de la rue. A la fin du XIXème siècle, elle prit, un temps,  le nom de « rue Pierre Corneille », car dans cette rue habitèrent, un moment, les frères Corneille.



Une paroisse bien éprouvée

4 novembre 1768

« Le Lundi 12 Septembre dernier, la paroisse de S. Denis-sur-Sarthon, & plusieurs autres circonvoisines, ont été grêlées à quatre heures & demie du matin. La grêle comme des glaçons de différentes formes et grosseur, dont  plusieurs grains pesoient depuis une demi-livre (sic) jusqu’à une livre, a causé le plus grand dommage sur les orges, les avoines & les sarrasins ; il y avoit un tiers des orges coupés, que les pluies continuelles ne permettoient pas de ramasser depuis trois semaines, la grêle les a battues dans les champs ; les orges à couper ont moins souffert. Les pommes & les poires ont été abattues & morcelées par la grêle. M. l’intendant a envoyé un Commissaire pour vérifier les pertes.
La même paroisse est affligée depuis 13 mois d’une maladie épidémique ; il y a eu 500 malades à l’extrémité, dont 80 sont morts ; le mois de septembre dernier, on y vit à la fois 70 malades, ce qui répandit la consternation.
M. Jullien, Intendant d‘Alençon, touché de ces malheurs, a envoyé M. de Beaucoudray, Docteur-Médecin à Alençon, qui depuis six semaines, accompagné du Sieur Martin, Chirurgien, visite tous les jours les malades. M. l’Intendant leur fait fournir les remèdes, les bouillons, les tisanes, ce qui s’éxécute (sic) avec le plus grand ordre. Il y a actuellement plus de 100 malades guéris par les soins du Médecin & les secours de toute espéce (sic) que M. l’Intendant a procurés ; on n’y compte plus que 20 malades qui paroissent hors de danger. MM. Les Bénédictins de S. Martin de Séez, qui jouissent de la moitié des grosses dimes de la paroisse, ont envoyé à M. le Curé 30 liv. pour aider à gouverner les malades ; chacune s’empresse de lui faire passer leurs aumômes (sic) ; au moyen de quoi les malades & les pauvres n’ont manqué l’hyver (sic) dernier ni de pain, ni d’argent, ni de cidre. On a distribué aux malades deux tonneaux de cidre malgré sa cherté & la rareté ; on a même fourni le bois à tous sans exception ; on a payé les gardes à quelques-uns ; on les faisoit visiter par le Chirurgien ; on payoit les remedes (sic), le tout par la voie du bureau de charité établi dans ladite paroisse, avec la permission & sous l’autorité du Ministre. »

Saint-Denis-sur-Sarthon est une commune française, située dans le département de l'Orne, dans la région de Basse-Normandie.

Le 12 septembre 1768, le curé de cette paroisse avait  inscrit sur son registre qu'il pleuvait depuis trois mois, qu'il avait grêlé ce jour de façon remarquable, que les forges de St Denis et de la Roche manquaient de mines, de charbon, et la faïencerie de bois.


Quelle est cette maladie ?

4 novembre 1768

« La paroisse de S. Hilaire-du-Harcouet, au bas Maine, & autres circonvoisines, sont également affligées d’une maladie, qui depuis un tems (sic) y fait du ravage, malgré la Faculté des lieux ; elle commence par des coliques aigues, avec une diarrhée sanguinolente, qui en quelques jours met les malades au tombeau : le zélé Pasteur d’une de ces paroisses, notre Abonné (M. le Curé de landivy) en attribue la cause à la quantité de marons (sic) dont les habitans (sic) font usage, & qui sont un tiers de la nourriture de ces bonnes gens ; il nous invite à nous joindre à lui pour obtenir de quelqu’ami (sic) de l’humanité, des avis pour faire cesser, ou au moins diminuer ce mal. Nous nous flattons que quelque personne habile, dont cette ville est si bien pourvue, aura égard à une si juste démarche. »


Saint-Hilaire-du-Harcouët est une commune située dans le département de la Manche en région Basse-Normandie.
La ville est située au confluent de la  Sélune et de l'Airon, au sud de l'Avranchin, au carrefour de trois régions : la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire. Son bourg est à 15 km sud-ouest de Mortain, à 25 km sud-est  d'Avranches, à 28 km au nord de Fougères et à 38 km à l'ouest de Domfront.

La châtaigne a longtemps représenté une ressource alimentaire importante pour les populations. Elle remplaçait souvent les céréales, c’est pour cette raison que le châtaignier était aussi appelé "l'arbre à pain". A la fin du XIXème siècle, avec l'exode rural et l'apparition de graves maladies dans les exploitations, commença le lent déclin des châtaigneraies.
Aujourd'hui, la consommation de châtaignes fraîches est surtout ponctuelle et saisonnière, elle est commercialisée de la fin septembre au début du mois de février.

Je n’ai pas trouvé de lien entre la maladie dont il est question et la consommation importante de châtaignes. Merci de me renseigner si vous avez une quelconque information.
Mais, les habitants de ce village n’auraient-ils pas consommé le fruit du marronnier d’Inde, dont le fruit, le marron, est toxique ?



Du lait bleu !!

Le 25 novembre 1768

« Il y a dans un canton du pays de Caux certaines vaches qui donnent du lait semblable en aparence (sic) à celui des autres, mais dont la crème (sic),  à mesure qu’elle se forme, devient bleue : il n’y a quelquefois que dix ou douze taches sur une terrine, quelquefois d’avantage ; la crème (sic) où il y a moins de taches, rend encore du beurre, mais il a mauvaise odeur, & il n’est pas possible d’en manger : cela fait un tort considérable aux laboureurs ; il y en a qui sont dans ce cas depuis deux ou trois ans. On souhaiteroit que quelque bon patriote découvrît la cause, & donnât le remède de ce mal. S’adresser au bureau des annonces. »

Il s’agit, certainement, d’une moisissure.

Dans le « traité pratique de laiterie : lait, crème, beurre, fromages » de Albert Larbalétrier, on peut lire concernant les « taches bleues sur le lait » :

“…… M. Reiset a également donné le remède :
Voici le procédé qui a donné les meilleurs résultats …………. Pour conjurer la maladie du lait bleu.
1)     Exiger que tous les vases qui doivent contenir du lait à écrémer soient plongés, pendant cinq minutes au moins, dans l’eau bouillante ; défendre l’emploi de brosses ou linges dont la propreté est presque toujours douteuse.
2)     En cas d’invasion grave et persistante, traiter le lait par l’acide acétique au centième, en employant la dose de 0 gr 500 d’acide cristallisable par litre de lait.

Oui, mais ces conseils datent de 1880, soit plus d’un siècle plus tard.
Que conseillait-on en 1768 ?
L’article ci-dessous va peut-être nous le dévoiler.


9 décembre 1768

« Sur la demande insérée dans notre précédente feuille, concernant ces vaches qui fournissent un lait bleu, le sieur Pierre Deshays, marchand de bois à Fréquienne, qui en a eu de semblables, a trouvé le secret de les guérir radicalement en leur faisant prendre plusieurs breuvages sans qu’elles en ayent (sic) été incommodées. Ceux qui auront besoin de lui, peuvent écrire au sieur Deshays, Aubergiste, au Chapeau-Rouge, fauxbourg (sic) Cauchoise, à Rouen. »

Que préconisait le sieur Deshays ? Je pense que je vais écrire au journal pour en savoir plus.


Une tempête dévastatrice

17 décembre 1768

« Les tempêtes du commencement de ce mois ont causé bien du dommage. La nuit du 1 Décembre occasionna aux Navires du Havre des avaries considérables. Les lettres de Nantes portent qu’il y a eu dix échouemens (sic) ou avaries sur les  côtes ; un Capitane Hollandois a trouvé à la mer plusieurs balles de coton. Les avis de Bordeaux & de la rochelle, portent qu’un navire Hollandois a été brûlé dans le dernier de ces deux ports, par le tonnerre, & qu’il y a eu un vi mair (sic) de 14 pieds, & dans la baye (sic) de Biscaye. Il y a aussi eu dans la manche plusieurs naufrages dont nous n’avons point encore le détail. »


Cette tempête a été très dévastatrice en effet, comme le prouve la liste considérable des navires ayant eu des avaries ou ayant sombré tout au long des côtes française du sur au nord, qui suivait cet article, soit sur une colonne et demie.
En clair, une réelle catastrophe !


Antoinette de la Iglesia

23 décembre 1768

« Il y a dans la principauté des Asturies une femme nommée Antoinette de la Iglesia, à qui, depuis une maladie très-grave (sic) qu’elle essuya en 1744, il survint une faim des plus violentes, qui insensiblement fut suivie d’un si grand défaut d’appétit, que depuis 22 ans elle n’a pris aucune espéce (sic) de nourriture solide ; elle est de tems en tems (sic) obligée de garder la chambre pendant 8 jours, plus ou moins : alors on lui fait prendre du bouillon, mais elle le rejette aussi-tôt (sic). Elle boit du vin lorsqu’on lui en presente (sic), mais elle le rejette de même lorsqu’il n’est pas de bonne qualité. Elle fait usage de tabac, & souffre beaucoup lorsqu’elle en est privée. Sa boisson ordinaire est de l’eau chaude. Cette femme est sourde, & a une blessure considérable à la cuisse, ce qui cependant ne l’empêche pas d’aller à la messe presque tous les jours, à l’aide de quelqu’un qui la conduit. Elle est extrêmement séche, foible, (sic) & d’une paleur (sic) extraordinaire. »

Je n’ai rien trouvé sur cette femme, si ce n’est qu’elle dépendait de la paroisse de Saint Martin de Luisia, près de Pravia.

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