dimanche 17 janvier 2016

Aventure alphabétique abracadabrantesque - de F à I



Envolé, l’enchantement paisible de la forêt !

F

Frustré, Armand fermait alors ses fenêtres, fuyant cette fatalité. Ce fut ainsi qu’il formula l’envie de mettre  un peu de fantaisie dans son existence. Que faire ?
Franchement, à part sa fonction d’étiqueteur, étiquetant dans la fournaise l’été et le froid l’hiver, du formidable fatras en fouillis de l’antiquaire, pas facile de formuler ce qui pouvait l’intéresser. Faible de constitution, il n’avait pas la force de son frère facteur en fonction dans le Finistère dont la femme fabriquait des fusibles, ni celle de sa frangine, femme de chambre dans un Formule 1, près de Francfort. D’ailleurs, la fratrie ne se fréquentait guère. Il envia leur vie familiale, entourée de filles. Oui, que des filles, figurez-vous ! Une fatalité de plus !
Oui, mais pour fonder une famille, il fallait une fiancée et franchement là, il y avait une faille, d’autant qu’Armand ne fréquentait aucun lieu foisonnant de jeunes filles. Armand n’était pas un fêtard, il n’aimait pas la foule, ni la fiesta. Pas question pour lui de faire la foire.
Alors ? Alors, rien ! Le fiasco !
Comment faire pour trouver femme à sa fantaisie ?
Dans sa folie, Armand se serait bien vu fabriquant de la fourme, fromage fantastique, dans le Cantal, dormir sur un lit de fougères au clair de lune. Car il était, en fait, un solitaire fuyant les festivités et la foule.
Pas folichon pour une famille !
Il finalisa une fiche pour la mettre sur un forum de rencontre. Peu fier de la formulation trop familière de celle-ci, elle finit en fins fragments au fond de la poubelle.



G

Armand fit le point sur sa vie. Il était grand temps de la gérer autrement.
Gamin, gai et gringalet, il gardait les génisses quand il allait chez ses grands-parents. Il gambadait dans la gadoue, chaussé de galoches qu’il ôtait pour grimpait aux arbres. Son grand-père, gargotier goguenard  dans le Gard, avait été général dans une garnison composée de glorieux guerriers qui avaient échappé à tous les guets-apens. Il avait courtisé la fille du garde-champêtre, gracieuse grassouillette aux gambettes galbées. Un  peu gêné, mains gantées, il avait demandé à l’épouser. Gaston et Germaine (ils se nommaient ainsi) ne gagnaient guère avec la gargote sur les murs de laquelle grimpait une glycine, aussi Germaine devint guérisseuse. Avec du genévrier, de la gentiane, de la giroflée, du gui, du gommier et diverses autres graines, elle préparait, en grommelant des formules magiques, des gobelets de breuvages avec la garantie qu’ils guérissent toutes les afflictions de la gangrène à la grippe en passant par la gastro, les glaucomes et les grossesses nauséeuses, enfin toutes ces galères qui rendent grognons.
Armand se souvint de cette gamine galopant sur le gazon garni de géraniums devant le garage du gendarme, son géniteur, un garçon glabre, et qu’il guettait de la fenêtre du grenier de ses grands-parents, grimpé sur un guéridon. Quel garnement !


H

Quelle histoire !
L’Hiver, Armand retournait chez ses parents qui habitaient à Hallignicourt dans la Haute-Marne. Son père, un honnête et habile  horloger, haïssait les harengs que lui servait son épouse en hors-d’œuvre chaque vendredi. Cela lui procurait des haut-le-cœur qui le mettaient hors de lui. Il hochait alors de la tête, une vieille habitude montrant son hostilité. Sa mère, horticultrice avait en  horreur les hortensias que l’on ne voyait plus, de ce fait, dans l’herbage. Ils étaient harassés de travail. Leur habitation, humide, était hantée,  disait-on, par un Huguenot  qui n’hésitait pas à heurter les murs avec une hache. Victime d’un homicide pour un héritage au huitième siècle,  sans réelle hostilité, il recherchait  celui à qui il devait son errance, pour en faire du hachis. Ce Huguenot, quelque peu hautain, était vêtu de  haut-de-chausse dont la couleur était en harmonie avec celle de son habit. Il avait combattu avec honneur face à une horde hystérique dont l’horrible haleine faisait fuir à leur approche. Ce harcèlement d’outre-tombe isolait la famille car chacun hésitait à leur rendre visite.
Quel manque d’humour ! Hallucinant ! Non ?
Aux heures nocturnes,  seul le hululement de la hulotte et du hibou se faisait entendre.
Mais il advint qu’un Hollandais demanda à être hébergé dans l’hôtel du hameau. Joueur de Hautbois et aussi d’harmonica, il aimait la pêche. Mais, sa seule prise fut d’attraper, par hasard, un héron avec son hameçon. Les yeux humectés de larmes, il revint tout honteux.

I

Cet individu qui venait de Hollande fut invité dans l’insolite maison individuelle. Il apprit l’infortune de ses occupants. Il fallait interrompre cet isolement. Et comme il se disait aussi inventeur, il proposa d’imaginer un piège capable  d’incarcérer cet invisible indésirable.
C’était une proposition incroyable et sûrement irréalisable, voire même idiote, car saisir l’insaisissable, c’était de l’inconscience.
Mais, cet idéaliste insista et malgré l’incrédulité générale et l’incertitude de la réussite, il s’immergea immédiatement dans sa création. Insatisfait de l’image du plan qu’il avait imaginé, il s’imposa de recommencer.   L’incompétent se trouvait dans une impasse.  Son ingéniosité dans l’incapacité de finaliser le projet dont il était l’initiateur inquiéta la famille d’Armand qui pensa que cet homme  possédait une instruction insuffisante dans le domaine.  L’insuccès lui valut une volée d’injures qui le laissa interloqué.
Dehors, une sirène indiqua qu’un incendie ou une inondation dans un immeuble demandait l’intervention des pompiers.
L’inventeur avait interrompu son ouvrage, les yeux fixant un cadre incliné représentant un ibis au sommet d’un igloo implanté sur un iceberg. Intéressant cette inspiration !

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