dimanche 10 janvier 2016

Aventure alphabétique abracadabrantesque de A à E



Il y a des moments comme ça, allez savoir pourquoi, vous prend une grande envie de vous « lâcher ». Ce fut le cas, assurément !
J’espère, simplement, que vous prendrez autant de plaisir à lire l’aventure qui suit, que j’en ai eu à l’écrire.
PS : rassure-vous, avant cet « exploit épistolaire », je ne m’étais nullement exposée exagérément au soleil.


Aventure alphabétique abracadabrantesque

En avant pour l’aventure, mais pas n’importe laquelle !
Vous me suivez ?
Alors pas de problème, mais accrochez-vous bien !

A

Armand était un aimable apprenti-antiquaire. Il travaillait avec acharnement, tous les après-midi, dans l’arrière-boutique à afficher les prix des articles. Armand était très apprécié de son patron, Antoine, et une amitié s’était ancrée entre eux deux depuis des années.
Chaque jour Armand venait travailler à dos d’âne, un animal qu’il avait acquis depuis fort longtemps. De plus en plus fréquemment, Armand arrivait en retard.
Pourquoi, me direz-vous ?
Tout simplement,  parce que l’âne, fort âgé, perclus d’arthrose, avançait assurément lentement, trop lentement, de plus en plus lentement.
Armand était agacé autant par ses retards qui allait freiner son avancement professionnel que par le souci de l’affection de l’animal.
Que faire, ajouterez-vous ?
Armand aurait pu se séparer de son âne, mais il avançait que cet aboutissement n’était pas acceptable en raison de l’attachement qu’il lui portrait. Et puis qu’adviendra-t-il de lui ?
Armand admit qu’il devait arrêter ses allées et venues qu’il appréciait tant pour accorder à l’animal quelque repos dans un abri aménagé douillettement.

B

Bon ! Nous voilà à un tournant de l’histoire !
Dans la tête de notre bonhomme Armand se bousculaient  les réflexions.  Il avait besoin d’un nouveau moyen de locomotion, pour remplacer son bourricot.
N’avait-il pas besoin de son boulot pour s’acquitter du bail de sa bicoque ?
Oui, car il habitait dans une baraque bancale au milieu d’un bois broussailleux où il n’y avait pas beaucoup de bruits. Juste le bruissement du vent dans les branches des arbres et le bourdonnement des insectes.
Il pensa à acheter une bagnole. Idée bizarre, car il n’avait pas son permis.
Il apprit  que Benoit le boulanger bedonnant à la barbe brune vendait la sienne pour presque rien. En se baladant après la fermeture de la brocante, il se rendit à la boulangerie. Mais celle-ci avait déjà baissé ses volets. Il sonna à la barrière de la cour et vit débouler un bouledogue baveux, bouche béante, bousculant tout sur son passage, prêt à broyer de ses dents les badauds dérangeant sa digestion, d’autant plus que depuis un bout de temps, il se sentait barbouillé.   
La bourgeoise du boulanger, une belle blonde aux cheveux bouclés, berçant dans ses bras un bébé à la bouille boutonneuse vint à la barrière. Dans le jardin, un autre bambin assis sur une balançoire se balançait en boudant un bout de bois dans la bouche, puis un autre, sur un cheval-à-bascule buvait bruyamment un bol de Blédine au boudoir. Deux autres, baraqués et vêtus de blouson bordeaux, se renvoyaient un ballon de basket  en braillant. Quel boucan !
La boulangère bafouillait et baragouinait. Armand comprit en tout cela qu’il fallait qu’il se rende chez Cyprien, le charcutier.

C

Avant de quitter la charmante compagne du commerçant, Armand jeta un dernier coup d’œil au cabot qui avait les canines cariées.
Cyprien, à ce qu’Armand avait compris, conservait un cabriolet couleur cerise qu’on lui avait conseillé de mettre à la casse-auto. Pensez-donc, cent-cinquante chevaux sous le capot, ça coûte !
Cyprien confirma que son cabriolet avait pris le chemin de la casse depuis une centaine de jours. « Quel crève-cœur ! » clama-t-il. Il conta que cet achat avait été un curieux caprice de jeunesse, pour se consoler d’avoir été congédié par son chef, suite à un conflit sur la manière de confectionner le boudin.  En voyant le nouveau carrosse de son ex-commis ce charcutier en  chef ne comprit pas comment au chômage, on pouvait concevoir un pareil achat.
« Que de conquêtes, grâce à elle ! » conclut Cyprien.
Si Armand voulait comparer la carriole à certaines autres, il pouvait courir à la casse-auto de Daniel, mais cabossée, carrosserie rayée, celle-ci avait aussi les pneus crevés. Pas une riche affaire !
Cyprien rentra calmement dans sa charcuterie pour servir sa clientèle, coupant des côtelettes,  pesant de la choucroute, tranchant le cervelas et le chorizo. Un commerce de cochonnailles très fleurissant.
Armand continua de cogiter sur comment  cerner le problème.
Un diésel serait un bon compromis, mais qui consulter pour avoir un avis éclairé.
Le ciel se couvrait de cumulonimbus. Il commençait à crachiner. Au carrefour, Armand releva son col sur son cou. Un courant d’air ébouriffa ses cheveux châtains. Son crâne cuisait copieusement à force de chercher une conclusion convenable à son souci. La céphalée le guettait.

D

Contrarié, décontenancé, il décida de regagner  son domicile.
Parvenu devant sa demeure, Armand déprimait. Devant le déferlement démentiel de sa déprime dû à ses doutes face à son devenir, Armand décida d’aller dormir sans délais. Il se pelotonna dans son douillet duvet à damiers acheté dernièrement au drugstore.
Devant son petit-déjeuner, le lendemain, Armand prit une décision. Il devait déménager. Un petit deux-pièces derrière la brocante serait son désir.
Lorsqu’il débaucha à douze heures, il alla déranger la demoiselle Domitille  du domaine de la Dune. Noble demoiselle Domitille, dernière descendante d’un duc danois qui avait débarqué à Dieppe un début décembre, dirigeait un domaine d’élevage de dindons, aidée de domestiques dociles et dévoués. D’une extrême dignité, mais pas dédaigneuse, elle débordait de déférences. Armand était donc plein d’espoirs.

Un domestique, dodelinant de la tête, introduit Armand dans un salon aux décors doré. La dame le reçut avec diligence dans un déshabillé de dentelle au large décolleté. Elle dégustée des dragées. Divinement belle, Armand la dévorait des yeux.
La discussion, difficile, dura longtemps, mais Armand était déterminé. Le domaine de la dame possédait des dépendances. L’âne aurait pu y trouvait refuge. Armand donnerait quelques deniers en dédommagement du dérangement.

E

Evidemment, Armand avait expliquait les derniers évènements. Les trajets effectuaient à pied pour éviter de fatiguer l’équidé épuisé. L’emploi qu’il ne pouvait quitter. Etc…. etc…. Quelles épreuves ! A l’énumération des ennuis de l’employé de la brocante, éléments éprouvants, la dame, émue, accepta d’héberger l’âne sans exiger d’émolument. Elle entretenait une étable entourée d’un enclos, l’endroit était tout désignait. C’était l’essentiel !
Il évita d’ennuyer plus longuement. Dans son empressement, il s’emmêla les pieds et s’étala, entrainant une écritoire dont l’encre de l’encrier s’écoula sur une estampe exposée non loin. Quel emprunté !
Devant les étiquettes entassées sur son établi dans l’échoppe de son employeur, Armand évoquait, encore et encore, avec émoi son entretien. Ne s’était-il pas, sans espoir, épris de cette élégante éleveuse ?
Par économie, Armand emménagea dans un logement ensoleillé au second étage d’un ensemble urbain près des écoles élémentaires, auquel il accédait par un étroit escalier. De cet endroit, il entendait les enfants s’ébattre, sans retenue,  en poussant des hurlements effroyables. Envolé, l’enchantement paisible de la forêt !

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