dimanche 24 janvier 2016

Aventure alphabétique abracadabrantesque - de J à M



J

Injustement injurié, l’homme jaugea avec justesse le joug de son incapacité et le jugement hâtif à son égard. Jamais il n’ aurait dû emprunter l’identité de son jumeau, jovial joaillier joufflu, seul capable de jongler avec une imagination dont il était jaloux. Il sortit dans le jardin un peu en jachère, car des jonquilles jaunes jonchaient le sol. Un jaillissement de larmes inonda ses joues. Il perçut les jappements d’un Jack Russel terrier juché sur un banc près d’un journalier japonais en jaquette  en jersey jacquard et chemise à jabot jaunâtre qui jacassait avec une jolie jouvencelle parfumée de jasmin au sujet d’un jockey qui avait joué son joker et gagné le gros lot. C’était dans le journal du jeudi 5 juin dernier. Le Japonais jeta un juron admiratif.

Juillet, déjà ! Mois jalonné des joies estivales avec ses joutes joyeuses.

La mère d’Armand, en jupe-culotte, au volant de sa jeep transportait des jerricans d’eau qu’elle devait apporter à un Jurassien qui la guettait avec des jumelles, pour sa jument assoiffée.

Quant au fantôme, il garda la jouissance des lieux, poursuivant joyeusement sa quête de justicier.


K

Enfant, Armand pratiquait le judo. Il possédait un kimono kaki. Un jour de kermesse, effectuant une démonstration près du kiosque à musique, sautant tel un kangourou, il chuta. Le kinésithérapeute, appelé, constata une kyrielle de contusions et conseilla qu’il mangea des kiwis macérés dans du kirsch. Etrange ce kiné, car il portait en toute saison un képi et un kilt. Il disait préférer le karaté et le kung-fu au judo. Et le dimanche, tenez-vous bien, il effectuait des kilomètres avec son kart, klaxonnant à chaque carrefour. Son  métier, d’ailleurs, ne lui rapportait pas un kopeck, bien moins que ses karaokés hebdomadaires.

L

Armand, devant une limonade, larmoya longtemps lamentablement sur son enfance, dans son nouveau logis, loué dans ce lotissement.
Pourquoi se lamenter ? Il fallait être lucide !
Le lendemain, en passant devant le lycée, il remarqua la libraire lambinant un livre à la main, livre qu’un librettiste un peu libertin et lourdaud et portant lorgnon, lui avait laissé. Mais l’ouvrage, sans réel leit motiv, ne méritait pas de louanges. L’intrigue se déroulait dans des lieux louches et lugubres. Il était question d’un Lilliputien, grande pointure du crime, laquais dans le manoir de lady Lylyan à Liverpool, qui liquidait les invités pour les dépouiller, après les avoir ligotés à l’aide de lanières. Et tout cela, à la lueur d’une lanterne !
Quel lecteur accepterait de lire de pareilles balivernes ?
Armand, lui, lisait des recueils de légendes, celles où loups-garous et licornes parlent le même langage et luttent contre les hors-la-loi. Plus logique, non ?
Un lierre courait sur le mur de la laverie dans laquelle Armand laissa son linge à laver. Liquettes en lin, lainages et lingerie seront lavés et repassés pour le lundi suivant par une laveuse livide, service dont il s’acquitterait en liquide.
Ses achats achevés, Armand retourna dans son logement.
Dehors, la lune s’était levée et sa luminosité s’ajoutait à celles des lampadaires.

Assis sur son lit aux draps lilas, éclairé par une lampe de chevet, Armand essaya de comprendre la logique, peu limpide, de son logiciel de littérature. Ayant loupé sa licence, il souhaitait reprendre ses études. L’odeur de son repas, un soufflet de livarot aux lardons, lui arriva aux narines. Il se leva lentement, il reprendrait sa leçon, sans lésiner, après avoir  mangé.

M

Dehors, en ce mercredi matin, le mauvais temps menaçait, rendant tout le monde morose.
Un moteur de mobylette mobilisa un moment l’attention d’Armand.
Des clients dans le magasin marchaient en martelant le sol recouvert de moquette marron, manière de montrer leur présence.
Madame la Marquise, survivante de la haute noblesse, un peu maigrichonne, était venue marchander le montant d’une mandarine mauve datant du XIXème siècle qui ferait le meilleur effet avec le mobilier de sa maison.
Monsieur le marquis, son mari, moustachu, maugréait méchamment. Il savait  son épouse maladroite et redoutait une malencontreuse maladresse. Quel malheur ! Dans le cas d’une malheureuse casse, il devrait monnayer la marchandise. Il maudit d’autant plus la dépensière quand il la vit s’immobiliser devant une madone provenant de Madrid qu’elle avait déniché dans une malle, devinant le montant de celle-ci bien qu’il ne fut pas mentionné.
Ce monsieur était mortifié à l’idée de ces dépenses, d’autant plus qu’il avait menti. La vie mondaine avait fait fondre le magot du ménage. Il n’avait plus les moyens. La misère guettait !
Il ménageait la marquise par crainte de la mécontenter. En effet, celle-ci pouvait se métamorphoser en une monstrueuse mégère, provoquant un réel mascaret.
Devant un miroir, la marquise rectifia sa mise. Elle était magnifique dans son manteau mimosa.
Pauvre marquis !
Se retrouvera-t-il menotté par la maréchaussée ?  
Quelle mésaventure !

Malade, en raison d’un mauvais microbe, Armand alla consulter le médecin qui lui prescrit des médicaments qu’il alla acheta aussitôt.
Sur le chemin, il décida, sans motif, d’aller rendre visite à sa marraine, Marceline, manucure de son état.
Le mari de Marceline était marin pêcheur. Il partait en mer de long mois pour pêcher essentiellement des morues, des merlans, des maquereaux dont il faisait commerce.
Elle élevait donc seule une myriade de marmots à qui elle faisait apprendre, bon an mal an, la musique.
Passant devant le musée, il vit sur les marches devant la porte quelques mioches mangeant des myrtilles et des madeleines posées sur un mouchoir. Des moineaux picoraient les miettes.
Un militaire militant en mission parlait avec une midinette bien mise à la mode qui faisait des mimiques en minaudant.

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