dimanche 3 janvier 2016

CHILDERIC LE FANTOME - Chapitre 8



Des lunes avaient passé depuis la rencontre de Childéric avec Archibald.
Mais, qu’était devenu ce dernier ? Vous n’en avez pas une petite idée ?
Souvenez-vous…. Les cris lugubres, la nuit …. Ces hurlements qui faisaient trembler les murs …. Les sourires amusés d’Archibald……

Alors ?
Eh bien, oui, Archibald était resté.
Il avait commencé par errer dans les pièces du château comme pour s’imprégner de son atmosphère. Ensuite, il avait poursuivi ses longues promenades nocturnes dans les souterrains, lentement, mètre par mètre, recoin après recoin. Chaque oubliette-oubliée, depuis des lustres, avait été redécouverte, inspectée. Rien n’avait échappé au regard d’Archibald, pas une seule inscription gravée dans la pierre, pas un seul passage secret. Il avait passé des semaines, des mois, à parcourir les longs boyaux creusés dans le sol, dans le seul but de protéger des invasions barbares ou de pouvoir s’enfuir sans être vu.
Ces passages multiples n’étaient souvent que des culs-de-sac au fond desquels avaient été creusés des puits dont la fonction était de recueillir en leur fond, après une chute vertigineuse, curieux et indésirables.
Certains tunnels, obstrués par  des éboulis,  gardèrent secrète leur destination.  
Qui aurait pu penser qu’il existait un pareil enchevêtrement de couloirs sous cette demeure ?


Ah, si les lieux pouvaient raconter leur histoire !
Car, dans ses lieux sombres où flottait une forte odeur de moisi, en prêtant l’oreille, on aurait pu sans difficulté percevoir des bruits, des cris, des lamentations émanant des esprits des captifs qui avaient agonisé pendant des jours, après leur emprisonnement ou leur chute accidentelle dans ces oubliettes. Quel jeu de hasard meurtrier avaient joué ces hommes des temps anciens, à cette époque où il fallait défendre sa vie au prix de celle de l’envahisseur.

Après cette longue inspection de l’endroit, Archibald s’y était senti si bien qu’il avait décidé d’y installer ses quartiers, et depuis, à la faveur de la nuit, n’ayant aucun ennemi vaillant à combattre, aucun barbare cruel à repousser, aucune bataille à mener, il s’amusait à poursuivre les chauves-souris et les rats dans les méandres des boyaux en poussant de vrais cris de fantôme, des cris tels que Childéric aurait aimé pousser, et que jamais il n’arriverait à émettre.

Si Childéric était descendu, un seul instant dans les profondeurs du sol, il aurait pu apercevoir un Archibald heureux de vivre, courant sabre à la main, comme dans les plus beaux moments de sa vie de guerrier, après quelque rat, de belle taille toutefois, qui avait vu sa vie perturbée depuis l’arrivée de ce « fou furieux ».
Mais Childéric, vous le savez, aimait le calme !


Traditionnellement, dans toute l’Ecosse, il existe beaucoup de « Childéric » et autant « d’Archibald ».
Chaque domaine possède le sien. Ils sont les meilleurs protecteurs de ces vieilles pierres et du patrimoine légendaire.
Il serait amusant de les laisser, enfin, se manifester au grand jour et de leur donner la parole ….
Que de choses ils auraient à raconter !
N’ont-ils pas été les témoins d’une multitude d’évènements. Leur aide serait commensurable pour résoudre moult énigmes.
Nous connaîtrions ainsi tous les assassins et leurs crimes !
Nous saurions au fait de tous les secrets d’Etat !

Des spectacles pourraient être donnés. La nuit, bien sûr !
Des chaines de télévisions pourraient se voir créées, Fantôme-Channel, Spectres-à-la-une…
Toutes ces nouvelles émissions donneraient des « suaires froides » !

Un appel est lancé ! Qui veut relever le défi ?

Mais en attendant, quittons ce château sur la pointe des pieds. Rendons ces vieilles pierres à leur poussière. Laissons le mystère continuer de flotter.
Eloignons-nous, discrètement, afin de laisser à Childéric le calme nécessaire à son génie créateur et à Archibald le plaisir de s’inventer des ennemis à combattre.

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