Des
lunes avaient passé depuis la rencontre de Childéric avec Archibald.
Mais,
qu’était devenu ce dernier ? Vous n’en avez pas une petite idée ?
Souvenez-vous….
Les cris lugubres, la nuit …. Ces hurlements qui faisaient trembler les murs ….
Les sourires amusés d’Archibald……
Alors ?
Eh
bien, oui, Archibald était resté.
Il
avait commencé par errer dans les pièces du château comme pour s’imprégner de
son atmosphère. Ensuite, il avait poursuivi ses longues promenades nocturnes
dans les souterrains, lentement, mètre par mètre, recoin après recoin. Chaque
oubliette-oubliée, depuis des lustres, avait été redécouverte, inspectée. Rien
n’avait échappé au regard d’Archibald, pas une seule inscription gravée dans la
pierre, pas un seul passage secret. Il avait passé des semaines, des mois, à
parcourir les longs boyaux creusés dans le sol, dans le seul but de protéger
des invasions barbares ou de pouvoir s’enfuir sans être vu.
Ces
passages multiples n’étaient souvent que des culs-de-sac au fond desquels avaient
été creusés des puits dont la fonction était de recueillir en leur fond, après
une chute vertigineuse, curieux et indésirables.
Certains
tunnels, obstrués par des éboulis, gardèrent secrète leur destination.
Qui
aurait pu penser qu’il existait un pareil enchevêtrement de couloirs sous cette
demeure ?
Ah,
si les lieux pouvaient raconter leur histoire !
Car,
dans ses lieux sombres où flottait une forte odeur de moisi, en prêtant
l’oreille, on aurait pu sans difficulté percevoir des bruits, des cris, des
lamentations émanant des esprits des captifs qui avaient agonisé pendant des
jours, après leur emprisonnement ou leur chute accidentelle dans ces oubliettes.
Quel jeu de hasard meurtrier avaient joué ces hommes des temps anciens, à cette
époque où il fallait défendre sa vie au prix de celle de l’envahisseur.
Après
cette longue inspection de l’endroit, Archibald s’y était senti si bien qu’il
avait décidé d’y installer ses quartiers, et depuis, à la faveur de la nuit,
n’ayant aucun ennemi vaillant à combattre, aucun barbare cruel à repousser,
aucune bataille à mener, il s’amusait à poursuivre les chauves-souris et les
rats dans les méandres des boyaux en poussant de vrais cris de fantôme, des
cris tels que Childéric aurait aimé pousser, et que jamais il n’arriverait à
émettre.
Si
Childéric était descendu, un seul instant dans les profondeurs du sol, il
aurait pu apercevoir un Archibald heureux de vivre, courant sabre à la main,
comme dans les plus beaux moments de sa vie de guerrier, après quelque rat, de
belle taille toutefois, qui avait vu sa vie perturbée depuis l’arrivée de ce
« fou furieux ».
Mais
Childéric, vous le savez, aimait le calme !
Traditionnellement,
dans toute l’Ecosse, il existe beaucoup de « Childéric » et autant
« d’Archibald ».
Chaque
domaine possède le sien. Ils sont les meilleurs protecteurs de ces vieilles
pierres et du patrimoine légendaire.
Il
serait amusant de les laisser, enfin, se manifester au grand jour et de leur
donner la parole ….
Que
de choses ils auraient à raconter !
N’ont-ils
pas été les témoins d’une multitude d’évènements. Leur aide serait
commensurable pour résoudre moult énigmes.
Nous
connaîtrions ainsi tous les assassins et leurs crimes !
Nous
saurions au fait de tous les secrets d’Etat !
Des
spectacles pourraient être donnés. La nuit, bien sûr !
Des
chaines de télévisions pourraient se voir créées, Fantôme-Channel,
Spectres-à-la-une…
Toutes
ces nouvelles émissions donneraient des « suaires froides » !
Un
appel est lancé ! Qui veut relever le défi ?
Mais
en attendant, quittons ce château sur la pointe des pieds. Rendons ces vieilles
pierres à leur poussière. Laissons le mystère continuer de flotter.
Eloignons-nous,
discrètement, afin de laisser à Childéric le calme nécessaire à son génie
créateur et à Archibald le plaisir de s’inventer des ennemis à combattre.
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