jeudi 8 août 2019

HISTOIRE VRAIE – DANS LE PARIS DE 1901




13 février 1902 – Premier interrogatoire de Manda


Le seul qui, curieusement  jusqu’à ce jour n’avait pas été appréhendé, était Manda.
Pourtant, dans chacune de ces rixes, il était bien présent, seul ou avec sa bande.
Mais, toutefois,  cela ne tarda pas.
En ce 13 février 1902 eut lieu le premier interrogatoire de cet homme dont les journaux étalaient généreusement le nom, enfin, le surnom.

Qui était-il ?
Né le 19 avril 1876 à Paris, il était le fils de Louis Philippe Pleigneur et Jeanne Hagen.
Officiellement, il exerçait le métier d’ouvrier-polisseur sur métaux, mais il était de notoriété publique qu’il avait quelques filles qui travaillaient pour lui.


Il avait hérité du titre de « chef de bande », au moment où le nommé Balet[1] avait été dirigé manu militari, si j’ose dire, par la Justice dans les bataillons d’Afrique afin d’expier ses méfaits. Une manière aussi de se faire oublier.
Un vote avait réuni les membres du groupe afin de désigner leur nouveau meneur.
Joseph Pleigneur fut élu à l’unanimité sur les critères suivants, à savoir que cet homme était doté d’une force incroyable, d’une cruauté sans pareil ; qu’il possédait en plus un sang-froid hors du commun, ainsi qu’une ahurissante dose  d’audace.
Bien entendu, dès le retour du nommé Balet, Manda devait laisser sa place à l’ancien chef. Un intérim, en quelque sorte !
A cette époque Manda et Leca, tous deux membres de cette bande, étaient de très bons amis.
En février 1902, Manda possédait déjà, à son actif, plusieurs condamnations.

18 décembre 1889
Condamné pour vol

28 août 1890
Condamné pour vol

26 août 1896
Condamné pour vagabondage
8 jours de prison
11 mars 1897
Condamné pour vagabondage
4 mois de prison
27 août 1897
Condamné pour vol
3 mois de prison
29 avril 1898
Condamné pour vol
4 mois de prison
9 octobre 1901
Condamné pour outrage à agent
16 francs d’amende


Lors de cet interrogatoire, Joseph Pleigneur était assisté de maître Léon Baylé, avocat de son état.
Tous les faits furent repris, point par point. A chaque fois, Manda avait une réponse qui le dédouanait de toute implication.

Concernant sa rivalité avec Leca.
« Nous étions rivaux, c’est entendu, j’en voulais à Leca qui longtemps fut mon ami, c’est encore vrai. Mais c’est lui qui, toujours, a été l’agresseur et non moi. »

Concernant l’affrontement de la rue Popincourt.
« J’étais là par hasard. Je passais, accompagné de trois femmes. Soudain, à l’angle de la rue du chemin vert, j’ m’ suis trouvé face au Leca qui a tiré le premier des coups de revolver. La preuve, c’est qu’ j’ai été blessé à la paume d’ la main droite. »

Concernant l’affaire de la rue des Halles
« Rien à voir là-dedans ! j’ suis tombé dans un piège qui m’a tendu l’ Leca, car c’est lui qui m’a donné rendez-vous dans le bas de la rue Vitruve. Il voulait, qui disait, qu’on s’explique une bonne fois. J’y suis allé, bien sûr, pensant qu’il voulait faire la paix et me rendre Amélie.  J’étais avec Poli, mon ami. Personne, rue Vitruve !  J’ai pensé qu’il avait dû s’ dégonfler l’ Leca. C’est en repartant qu’il m’a tombé d’ssus avec les siens, et tout un arsenal. Des haches, des revolvers, des poignards.........»

Concernant la tentative d’assassinat de la rue du Bagnolet
« C’est bien vous qui avez frappé Leca ? demanda le magistrat, Monsieur Le Poittevin.
-          Qui m’accuse ? rétorqua, étonné Manda.
-          Leca lui-même, le renseigna Le Poittevin.
-          Alors, confrontez-nous !

Manda refusa de poursuivre cet interrogatoire, mais avant de garder un mutisme renfrogné, il précisa qu’au moment des faits qui lui étaient reprochés :
« Ce peut pas être moi ! J’ suis resté bien  tranquillement à Alfortville[2], passant toutes mes journées à pêcher à la ligne, tout en lisant attentivement ce que les différents journaux racontaient sur mon compte. »

Qui pouvait le prouver ?

Monsieur Le Poittevin, dans son ultime conviction, connaissant bien l’individu qui se trouvait devant lui, pour sa fourberie, n’en resta pas là. Manda fut mis sous mandat de dépôt.
Il ne lui restait, maintenant, qu’à prouver son innocence.



[1] Rien sur ce « Balet »,  malgré de nombreuses recherches.
[2] Manda était domicilié à Alfortville – 66, rue des Rigoles.

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