Petit retour en arrière....
Avril 1902 – une histoire parallèle .... Leca et ses
lieutenants dans une autre affaire.
Pendant le procès de Manda, nous avons appris que Leca s’était réfugié
en Belgique.
Mais pourquoi cette fuite hors des frontières de France ?
Pour échapper à la police ?
Assurément, mais pour le savoir, il nous faut remonter au mois d’avril
1902.

Soudain, le hasard étant curieux parfois, à l’angle de la rue d’Avron
et des Ormeaux, ils aperçurent, Rose Jager, une ancienne maîtresse de Erbs, en
grande conversation avec un homme qu’ils ne connaissaient pas.
Erbs pensa de suite qu’il ne pouvait s’agir que d’un homme appartenant
à la bande adverse, celle de Manda. Il s’approcha alors du couple et, sans
demander d’explication, sermonna la Rose Jager assez violemment, avant de s’en
prendre à l’homme, sortant son revolver et faisant feu sur celui-ci qui détala
comme un lièvre. Erbs s’élança à sa poursuite, mais ne parvenant à le
rejoindre, il fit demi-tour et vint, de fort méchante humeur, rejoindre ses
deux compères qui se tenaient devant la porte du débit de vin du sieur Guedeney,
au 24 rue d’Avron, dans lequel Koch, de la bande à Manda, se trouvait, attablé
au fond de la salle.

Le ton monta, s’envenima, pour s’achever en insultes et bousculades.
Une belle pagaille !
Erbs, notamment, énervé de n’avoir pu assouvir sa colère sur l’inconnu
entrevu quelques instants auparavant avec la Rose, menaça de mort le sieur
Guedeney et mettant immédiatement sa menace à exécution, sortit son arme, la
pointa sur le mastroquet et fit feu.
Par chance, la balle s’égara quelque part dans un mur. Mais lequel ?
Koch, sentant le vent tourner en sa défaveur, préféra jouer les filles
de l’air en s’éclipsant par une porte dérobée donnant dans la cour, derrière le
débit de vin. Mieux valait être prudent !
Refoulés définitivement du
commerce et voyant que Koch avait profité de l’altercation pour s’enfuir, les
trois hommes, de plus en plus belliqueux, se mirent, en vain, à la recherche de
celui-ci, une bonne partie de la nuit, ce qui renforça leur rogne.
La nuit porte conseil, dit-on, mais le dicton ne précise pas s’il
s’agit de bons ou mauvais conseils. En l’occurrence, concernant nos trois
voyous, ils se révélèrent plutôt néfastes, car dès leur réveil, ils reprirent
leur chasse à l’homme.
Mais Koch, la veille au soir, avait porté plainte au commissariat du
quartier et s’était, dès le lever du jour,
mis en quête de la planque de ses adversaires, accompagné de Voiry et
Guedenay.
Ce furent donc deux groupes de trois hommes, deux trios infernaux, qui
ratissèrent le pavé.
Ce qui devait arriver arriva, une rencontre inévitable en début
d’après-midi, au détour de la rue de Montreuil et du boulevard Voltaire.
Que se passa-t-il alors ?
Chacun, arme au poing, tira.....
Quelle fusillade et les balles ne furent pas perdues pour tout de
monde !
Si les passants, fuyant en hurlant de terreur, furent miraculeusement
indemnes, il n’en fut pas de même pour
les vitrines des magasins, les vitres des tramways et celles des réverbères.

La boulangerie Gournet, ayant pignon sur rue au 249 boulevard Voltaire,
échappa au pire. Une balle passa entre la bonne du boulanger et la porteuse de pain. Il s’en
était fallu d’un centimètre.
La vitrine du débit de vin du sieur Crognet, fut brisée également.
Du côté des malfrats, il y eut beaucoup plus de dégâts.

Devant ce déferlement de violence, la police arriva en grand renfort
pour mettre fin à ce carnage. Tout ce beau monde fut arrêté et conduit au poste
le plus proche.
Tous ! Pas vraiment. Erbs et Leca avaient réussi, grâce à la pagaille
générée par l’échauffourée, à prendre la fuite. Direction la Belgique.
Sur le chemin du commissariat, Koch qui avait gardé son couteau,
trompant la vigilance des agents de la sûreté, en profita pour planter son arme entre les
deux omoplates de Magnin, lui perforant un poumon. Le blessé fut,
immédiatement, dirigé vers l’hôpital Saint-Antoine, tout proche.
Les premiers interrogatoires commencèrent......
...................A suivre.......................
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