mercredi 25 novembre 2020

HISTOIRE VRAIE – DANS CETTE PREMIERE MOITIE DE XIXème SIECLE - chapitre 1

 


Louis Vergnault, marchand de bière à Niort

Chapitre 1

 

Ses bottes s’enfonçaient dans une gadoue lourde et collante entravant sa marche et lui procurant de fortes douleurs aux chevilles et aux mollets. Son dos le faisait souffrir. La chaleur lourde et étouffante gênait sa respiration. Il haletait. Le ciel, à l’horizon, s’assombrissait de plus en plus. Des différentes nuances de gris, il prenait peu à peu une couleur rouge. Tout à coup, un éclair zébra le ciel et des nuages rubiconds, déferla une averse de sang inondant tout alentour.

Submergé par ce flot sanguin, pris d’une angoisse incontrôlable, il poussa un hurlement bestial.

 

Louis Vergnault, au cri qu’il venait de sortir de sa gorge, s’éveilla en sursaut. Il mit un moment à reprendre ses esprits, à réaliser où il se trouvait. Progressivement, les souvenirs des derniers mois passés lui revinrent en mémoire, d’abord confusément puis de plus en plus nettement.

L’angoisse de son cauchemar ne s’estompait pas, il lui semblait même qu’elle s’amplifiait à la pensée que du lieu où il se trouvait, il ne pourrait jamais s’échapper, mais en avait-il réellement envie. Sa volonté semblait totalement anéantie.

 

Louis Vergnault se redressa, s’appuya sur ses coudes et parcourut du regard la case dans laquelle il se trouvait.

Une case. Un espace où se trouvaient, entassée, une quarantaine d’hommes dans une odeur épouvantable, provoquée par le manque d’hygiène des occupants, mais surtout par les émanations des deux tinettes qui se trouvaient à chaque bout de cette unique pièce.

 

A ses côtés, à gauche et à droite, allongés sur un ensemble de litières faites de planches, d’autres hommes, tout comme lui, les chevilles maintenues dans des bracelets de fer surmontés d’un anneau dans lequel courait, au pied de cet ensemble de litières,  une chaîne les reliant les uns aux autres.

 

Ses compagnons de misère.

Ses compagnons de bagne.

 

A entendre les ronflements, tous semblaient dormir, malgré les bruits métalliques produits à chaque mouvement.

Aucun n’avait été éveillé par le cri qu’il avait poussé, mais avait-il réellement crié ?

Ce hurlement, faisant partie de son cauchemar, avait-il réellement franchi ses lèvres ?

 

Gêné dans ses mouvements, le dos endolori, les chevilles meurtries par le fer des anneaux, Louis Vergnault se demandait dans combien de temps les gardiens viendraient sonner le réveil, afin de pouvoir enfin se mouvoir librement. Librement ?

Même si,  dernièrement arrivé, il faisait partie de la classe 3, celle qui effectuait les plus durs travaux, ceux de couper des arbres en forêt ou de tracer des routes, il aurait ainsi le sentiment d’un peu plus de liberté.

Alors, en attendant, bien qu’il se défendît de repenser au passé, son esprit vagabonda vers ce qui fut sa vie avant, se demandant pour la énième fois, à quel moment tout avait inexorablement basculé.


à suivre ..................


 

 

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