mercredi 4 novembre 2020

NOUVELLE HISTOIRE VRAIE - CHAPITRE 12... ET LE DERNIER....

 

Nouvelle Histoire vraie


Chapitre 12

Le roman de Marie Catherine Rémy

 

 

La vie de Marie-Catherine aurait pu être des plus banales, comme celle de bien des femmes en ce début de XXème siècle, entre mari et nombreux enfants, entre lessives, repas et biberons.

 

Le destin qui se joue facétieusement de la vie des humains, en avait voulu autrement.

 

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Mutzig, petite commune proche de Strasbourg.

Ce fut en ce lieu que se marièrent, le 28 septembre 1857, François Antoine Rémy et Joséphine Deprez[1].

Des enfants naquirent rapidement au foyer :

·         Marie Joséphine, le 18 août 1858

·         Marie Charlotte, le 22 mars 1864[2]

·         Joseph François, le 28 janvier 1866

·         Marie Catherine, le 1er mai 1868

·         Henri Dominique, le 9 août 1870

 

 Henri Dominique est né au début du conflit franco-prussien de 1870. La ville[3] fut en grande partie détruite, avant d’être annexée à l’Empire Allemand par le traité de Francfort, le 10 mai 1871.

 

Trois années plus tard, François Antoine Rémy[4] décéda, laissant son épouse avec, à charge, cinq enfants.

 

Quand la famille décida-t-elle de quitter Mutzig pour s’installer à Paris ?

Difficile à dire. Ce furent sans doute les enfants Rémy qui en prirent l’initiative[5].

 

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Joséphine Deprez, veuve Rémy, s’installa, avec sa fille Marie Catherine, au 31 de la rue de Jussieu. Joséphine avait trouvé un emploi de lingère et sa fille l’aidait dans cette tâche.

 

Une rencontre changea radicalement le cours de leur vie.....

 

Marie Catherine fit la connaissance d’un jeune homme. Un beau parleur en vérité. Un enjôleur également...... et la voilà sous le charme.

Il était élève-architecte et avait, devant lui, un avenir brillant, d’autant plus qu’il foisonnait d’idées qui lui apporteraient, à coup sûr, renommée et fortune.

Joséphine, en mère protectrice, ne vit pas ce jeune homme avec les mêmes yeux éperdus d’amour que sa fille. Elle l’avait mise en garde, à de nombreuses reprises. Encore et encore. Encore et toujours. Aussi, quand elle avait appris que cette dernière était enceinte, elle en fut toute retournée.

« Un enfant ! Mais, il va te laisser avec ce marmot sur les bras ! Parce que tu crois qu’il va t’épouser, le beau parleur ? La belle affaire ! »

 

Le mariage était d’autant plus compromis que le jeune homme en question, Henri Désiré Landru, venait d’être appelé sous les drapeaux afin d’effectuer son temps de service militaire obligatoire.

Et pendant que le soldat Landru gravissait les échelons[6], Marie Catherine mit au monde, le 24 juin 1891, une petite fille qu’elle prénomma Angèle Marie Henriette.

Après son temps, Henri Désiré Landru fut renvoyé dans ses foyers, le 24 septembre 1893.

 

Contre toutes les prédictions de Joséphine, aussitôt libéré, les bans furent publiés. Le mariage eut lieu, à la mairie du 5ème arrondissement de Paris, le 7 octobre 1893. La petite Angèle Marie Henriette fut alors légitimée.

D’autres petits arrivèrent au foyer :

·         Le 4 mai 1894, Maurice Alexandre – 31 rue Jussieu dans le 5ème arrondissement de Paris.

·         Le 7 avril 1896, Suzanne – 11 rue Gît-le-Cœur dans le 6ème arrondissement de Paris.

·         Le 1er avril 1900, Charles Eugène – 283 rue Vaugirard dans le 15ème arrondissement de Paris.

 

 

Quatre enfants à nourrir !! L’argent commençait fortement à manquer !!

Il faut dire qu’il allait de malchance en malchance, Henry Désitré. D’élève-architecte, il s’installa à son compte, sans succès.

1900, l’année de la naissance de son second fils, il se lança dans la fabrication de bicyclettes. D’ailleurs, aucune bicyclette ne sortit jamais de cette usine, située à Soisy-sous-Montmorency.

Et encore un fiasco !!!
Alors, le sieur Landru commença à pratiquer dans les petites escroqueries.


Marie Catherine connaissait plus ou moins les frasques de son époux, la gendarmerie étant souvent venue au foyer.

D’autant plus que son Landru de mari s’absentait parfois de longs mois, mois qu’il passait à l’ombre de grands murs infranchissables[7].

Il l’avait entraînée dans ses magouilles, l’obligeant à signer des titres pour en toucher le montant. Elle avait eu peur, très peur. Ses jambes se dérobaient sous elle. Et lui, le mari, imperturbable, le regard droit, sûr de lui.

Cela lui avait valu une condamnation. Ah, elle s’en souvient de ces quelques mois à la prison de Saint-Lazare ! Elle avait eu beau dire qu’elle n’avait pu faire autrement, que c’était son mari qui l’avait obligé ! Rien à faire !

« Faux en écriture, usage de faux et recel de bien volé ! » avait conclu le juge. C’était sans appel !

 

Mis au courant des malhonnêtetés récurrentes de leur fils, les parents de Landru quittèrent Paris pour s’installer à Agen.  Début 1912, Madame Landru mère, née Flore Henriquel, décéda et Henri Désiré Landru père vint vivre chez son fils.

Il essayait de se faire tout petit, ce père, dans ce foyer où régnait la discorde. Il en avait lourd sur les épaules de chagrins, entre un fils malhonnête et sans scrupule et la lourde peine de son veuvage. Aussi, n’en pouvant plus, alors que son fils purgé une peine à la maison centrale de Loos, il s’en alla dans le Bois de Boulogne, une corde à la main. Il fut retrouvé le 27 août 1912....

 

Après le décès du père, Marie Catherine crut que son époux s’était acheté une conduite. Certes, il disparaissait toujours de nombreux jours durant, mais, ayant loué un garage, il disait avoir monté une affaire de brocante. Maurice Alexandre, leur fils aîné, l’aidait souvent à déménager des appartements de tout un bric-à-brac d’objets et de meubles. L’argent rentrait de manière très irrégulière et sans ses revenus à elle, en qualité de lingère, la famille n’aurait pas mangé tous les jours.

 

 Elle y croyait sans y croire, Marie Catherine. Elle mettait en garde son fils aîné.

« Il va t’entraîner aux  galères !! Ton père et ses combines, ça sent toujours mauvais !!!! » hurlait-elle.

 

Chaque fois, que son mari rapportait de l’argent, elle se demandait toujours d’où il venait, et si il avait été honnêtement gagné, ce à quoi elle ne croyait plus.

 

                                                                          -=-=-=-=-

 

12 avril 1919.

Le monde s’effondra pour Marie Catherine Rémy, femme Landru.

En première page de tous les journaux s’étalaient, en gros titres, le nom de son époux et ses méfaits.

La police ne tarda pas à l’arrêter, elle, Marie Catherine, et son fils aîné, Maurice qui avait souvent aidé son père dans son métier de « brocanteur ».


 

Le logement, 6 rue de Paris à Clichy-sous-Bois, fut perquisitionné. Il y fut découvert des bijoux et du linge ayant appartenu aux victimes.

Comment pouvait-elle savoir, elle ?

Son mari lui disait qu’il les avait achetés à une famille, suite au décès d’une aïeule.


Bien évidemment, elle connaissait la malhonnêteté de son époux, mais elle ne pouvait pas toujours douter. Et puis, il savait tellement être convainquant !!

 

Alors elle fut arrêtée. Maurice, également.

Marie Catherine purgea une peine d’emprisonnement à Saint-Lazare pour « recel de faux et usage de faux ».

Maurice Landru, âgé de vingt-cinq ans, écroué à la prison de La Santé, bénéficia d’un non-lieu.

 

Marie Catherine Rémy demanda le divorce qui lui fut accordé et transcrit le 3 février 1921.

 

Les enfants furent autorisés par la justice à porter le patronyme de leur mère, Rémy.

 

 

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Cette malheureuse histoire criminelle est connue d’un grand nombre de personnes et restera dans les annales judiciaires..... 

 

Henri Désirée Landru fut exécuté le 25 février 1922 à Versailles, à 6 heures du matin.

Il avait été reconnu coupable de onze meurtres.

 

 

En 1921 à l'Hôtel Drouot, les biens de Landru furent vendus aux enchères. Le poêle dans lequel il avait brûlé ses onze victimes fut acquis pour la modique somme de 46 francs

En 1923, le musée Grévin en fit l’acquisition pour la somme de 4 200 francs.

Où est-elle maintenant ? Toujours au musée Grévin ?

Non !!

Il paraîtrait que l’animateur Laurent Ruquier, fasciné par le personnage de Landru, l’aurait rachetée.

Elle fut exposée, parait-il, à l’entrée du théâtre.

Y est-elle encore ?

 




[1] François Antoine Rémy, né à Schirmeck dans les Vosges le 31 mars 1816, avait 44 ans au jour des noces. Son épouse, Joséphine Deprez, née à Mutzig, le 5 août 1837, n’avait que 20 ans, soit 24 ans de moins que son mari.

[2] Aucune naissance trouvée entre 1858 et 1864, ce qui ne veut pas dire que le couple n’eût pas d’enfant. Toutefois, les listes de recensements de Mutzig, année 1866, ne mentionnent pas d’enfants au foyer entre  Marie Joséphine (8 ans) et Marie Charlotte (2 ans) – d’autres sont peut-être nés et décédés en bas âge.

[3] La ville de Mutzig se vit peu à peu hérissée de fortifications, les travaux durèrent de nombreuses années.

[4] Les actes d’état civil, à partir de 1871, étaient tous rédigés en Allemand.

[5] Marie Charlotte se maria à Paris le 3 septembre 1892. Henri Dominique convola le 23 mars 1895 à Vincennes.

[6] Incorporé au 87ème Régiment d’Infanterie, soldat de seconde classe en novembre 1890, il finit son temps d’armée, le 27 mars 1893, avec le grade de sergent.... et un certificat de bonne conduite.

[7] Landru fut condamné à de nombreuses reprises, entre 1902 et 1914, à des peines d’emprisonnement et des amendes, pour escroquerie et abus de confiance.

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