mercredi 30 octobre 2019

HISTOIRE VRAIE - LES EMPOISONNEUSES



Des siècles d’empoisonneuses....................


L'AFFAIRE LAFARGE



Chapitre 3


Le Glandier, une triste demeure en vérité, sur laquelle planaient bien des deuils....

Jean-Baptiste Pouch-Lafarge, le père de Charles Joseph, était décédé six années plus tôt, à l’âge de soixante ans, le 25 septembre 1833, dans cette demeure du Glandier[1], lors d’un court séjour campagnard. Un coup terrible pour son épouse,  Marie Julienne Adélaïde Pontier qui, aussitôt son veuvage, vint s’installer définitivement dans cette demeure austère et sans confort.

Etait-ce pour aider sa mère à tenir cette grande maison que  Charles Joseph Pouch-Lafarge convola en justes noces avec Marguerite Félicie Coinchon Beaufort, le 15 décembre 1834 ?
Marguerite Félicie, native[2] de Saint-Poutçain-sur-Sioule dans l’allier, vint vivre au Glandier, juste après son mariage. Elle devait y décéder sept mois plus tard, le 30 juillet 1835. La jeune femme n’avait que vingt-neuf ans.
Aucune mention de ces premières épousailles et du veuvage de Charles Joseph Pouch-Lafarge, sur l’acte de mariage Lafarge/Capelle, du 11 août 1835.
Etait-ce un oubli de l’employé aux écritures ?
Charles Joseph Pouch-Lafarge avait-il omis de préciser ce « léger détail » ?

D’autres personnes vivaient dans cet ancien monastère, Jean Baptiste Léon Buffière et son épouse Marie Joséphine Pouch-Lafarge, sœur de Charles Joseph.
Le couple avait une petite fille, Marie Joséphine Elodie, née le 2 juillet 1838. Une enfant chétive et à la santé des plus fragiles. Il avait eu aussi l’immense chagrin de perdre leur second enfant, Joseph[3], en décembre 1838, à l’âge de cinq mois.

N’ayant plus que ses enfants, Adélaïde Marie Julienne Joséphine Pontier, veuve Pouch-Lafarge, aurait tout donné pour leur bonheur, aussi accueilla-t-elle du mieux possible, Marie Fortunée, sa nouvelle belle-fille, tout en sachant que la vie au Glandier n’était pas des plus faciles, d’autant plus que l’argent manqué.

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Une arrivée plus que remarquée que celle du jeune couple, et qui jeta un froid supplémentaire sur la demeure déjà glaciale, surtout que Marie Fortunée, enfermée dans sa chambre, s’obstinait  à ne vouloir en sortir. De l’autre côté de la porte, Charles, las de tambouriner des deux poings, en était venu aux supplications.
Il comprenait, disait-il, mais il allait tout faire pour que les choses s’arrangent.


Dans la chambre, Marie Fortunée avait fait le point, et sa révolte passée, finit par se résigner.
Avait-elle un autre choix que de s’adapter ?
Venant de se marier, il aurait été malvenu qu’elle retournât chez son oncle qui l’aurait assurément renvoyée chez son mari.
Elle ouvrit donc la porte et laissa entrer son époux, lui tendant fermement le document qu’elle venait de lui écrire[4], confession fausse et hâtive que seule la colère lui avait dicté.......
Après une franche et orageuse explication, les époux décidèrent de faire de leur mieux pour une meilleure entente. Peu à peu, ils se rapprochèrent.


Mais n’allez pas croire que tout allait pour le mieux. De petites scènes éclataient pour tout et pour rien, occasionnées lors des états d’ébriété avancés de Charles, lors de diners en société, à propos de la domestique[5] de Marie Fortunée, une jeune fille frivole à la tête un peu folle, en raison de l’état peu soigné de Charles, et pour bien d’autres broutilles.

La jeune femme s’habitua à sa vie au  Glandier, et même à son état d’épouse.
Elle écrivit[6] à Monsieur Garat :
« ... j’ai adopté ma position bien qu’elle se trouve extérieurement fort déplaisante. Mais avec de la force, de la patience et l’amour de mon mari, je puis en sortir...... »

Puis  à Madame Montbreton :
« ... si l’arrivée me serra fortement le cœur, je suis plus forte maintenant..... Lorsque je sens une larme qui coule froide sur mes joues alors que seule, dans une grande chambre déserte, je mets vite mon chapeau et je vais admirer les plus belles prairies, les sites les plus délicieux qui m’entourent et qui sont à moi avec leur verdure et leurs torrents..... »
Parlant de sa belle-mère :
« .... Sa mère est une excellente femme qui se mettrait au feu pour son fils, qui m’accable de caresses, qui a de l’esprit et de l’éducation étouffés sous les soins minutieux du ménage...... »

Ces courriers semblent prouver que Marie Fortunée avait trouvé sa place au sein de sa belle-famille et auprès de son mari. Elle prit la maison en main, y apportant quelques modifications, quelques arrangements. Elle s’intéressa également au travail de la forge, accompagnant parfois Charles qui se débattait dans ses affaires qui allaient fort mal et qui demandait, parfois, conseil à son épouse. Ce qui ne fut pas du goût de tout le monde et attira quelque jalousie sur la jeune femme.

 ................  à suivre ..................


[1] Jean Baptiste Pouch Lafarge assurait la fonction de Juge de Paix. Sur son acte de décès, il est noté « décédé en sa maison de campagne ». Le Glandier, n’était donc pas sa résidence principale. Sur certains actes on trouve : Le Galandier.
[2] Date de naissance : 16 mai 1806.
[3] Le petit Joseph naquit le 18 décembre 1838 et décéda le 29 mai 1839.
[4] Cette lettre, Charles n’en fit cas, mais elle ressortit à un autre moment, que nous verrons bientôt.
[5] Domestique du nom de Clémentine Servat
[6] Courriers trouvés dans le journal « le Gaulois » en date du 16 décembre 1882

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