mercredi 2 décembre 2020

HISTOIRE VRAIE - DANS CETTE PREMIERE PARTIE DU XIXème SIECLE - Chapitre 2

 

Louis Vergnault, marchand de bière à Niort

 

Chapitre 2

 

Sa vie ! Elle aurait pu être ni meilleure, ni pire que celle de tout un chacun, si à certains tournants de son existence, il avait fait d’autres choix.

Mais pouvait-il réellement l’affirmer ?

 

Lorsqu’il était né, le pays venait de sortir d’une période bien difficile.

Bien qu’éloignée de la capitale, la ville de Niort, où ses parents vivaient, en avait eu des échos, un peu décalé dans le temps.

 

Dans son enfance, Louis avait entendu parler par les anciens de la Révolution qui avait entraîné la fin du règne du Roi, puis, de la République qui rendait les hommes égaux. Plus de ci-devant nobles, tous citoyens. Et puis ensuite l’arrivée au pouvoir d’un Premier Consul, Napoléon Bonaparte, qui avait été sacré Empereur[1].

Mais ce que déplorait le peuple, c’était cette misère qui n’avait pas cessé, c’étaient toutes ces guerres qui prenaient de plus en plus de fils et de maris aux familles, ôtant un nombre considérable de bras pour les travaux des champs.

 

Les discussions dans les estaminets, dans les rues et lors des veillées étaient souvent très animées, entre révolutionnaires, royalistes et bonapartistes, sans oublier les vieilles querelles entre protestants et catholiques qui rejaillissaient régulièrement. L’ambiance était assez mouvementée surtout lorsque l’alcool échauffait les esprits.

 

Le père de Louis, François Vergnault, afin de pouvoir nourrir sa famille[2] travaillait comme couvreur, mais également, surtout l’hiver et par mauvais temps, comme tireur d’étaim. Cette seconde activité, il la pratiquait à demeure, rue du Bonnet Rouge[3] à Niort.

 

Louis grandit comme tous les enfants aidant son père sur les toits, effectuant de petits travaux ici et là pour gagner sa croûte. Libre de caractère, curieux de tout, il était souvent à vagabonder dans les rues de la ville regardant partout,  écoutant ce qui se disait.

 

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L’empereur, Louis en entendait souvent parler, par des anciens soldats qui avaient fait avec Bonaparte bien des campagnes, et même si beaucoup étaient revenus estropiés, ils respectaient encore celui qu’ils avaient appelé, un temps, « le petit caporal ».

Louis, né en 1802, n’avait aucun souvenir du passage de l’Empereur Napoléon 1er à Niort, le 7 août 1808[4].

« Tu l’aurais vu, mon gars, c’était grandiose, lui avait raconté un ancien, un vieux de la vieille, qui avait perdu un bras et un œil. Tu l’aurais vu, avec l’Impératrice, la Joséphine. Tout le monde lui faisait un cortège en criant des « hourra » !! »

 

Cet homme était intarissable. Il contait à Louis les pays qu’il avait traversés, les glorieuses batailles auxquelles il avait participé, les soirées au bivouac.

« L’armée, mon gars, y’a rien d’mieux pour faire un homme et puis tu vois du pays ! »

Et il ajouta avec un clin d’œil :

« Sans compter les filles !!  Elles aiment l’uniforme, les bougresses ! »

Il ponctua cette phrase par un rire gras en assenant dans le dos de Louis, avec la main qui lui restait, une tape qui déséquilibra le jeune homme.

A de nombreuses reprises, il avait raconté, raconté, cet ancien Grognard, oui, mais uniquement les bons moments en omettant de mentionner les morts sur les champs de bataille, les amputations sur une table de fortune sous une tente, les longues marches forcées dans le mauvais temps, le manque de nourriture, le manque de couverture, les soldes payées avec beaucoup de retard.

 

«  Quelles aventures ! » pensait Louis qui n’avait alors que quinze ans. Et il rêvait de gloire.....

 


 à suivre .......



[1] Sacre de Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1804.

[2] François Vergnault avait épousé, en secondes noces, Louise Gabrielle Barron. Ils avaient eu 5 enfants : Marie Anne, née en l’an 8 – Louis, né en l’an 11 : le 3 octobre 1802 – Jean, né en l’an 12 – Marie Anne, née en juillet 1806 (la coutume voulant que lorsque un enfant mourait, le prénom était  donné au petit du même sexe naissant après le décès) – Marie Victoire, née le 18 août 1810.

[3] La rue du Bonnet rouge a été rebaptisée, elle se nomme aujourd’hui : rue du Petit-Paradis. En 1806, la ville de Niort comptait 797 habitants.

[4] Quelques années plus tard, le 1er juillet 1815, en partance pour Sainte-Hélène, Napoléon, déchu, passa dans Niort, incognito.

 

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