mercredi 16 décembre 2020

HISTOIRE VRAIE - DANS CETTE PREMIERE PARTIE DU XIXème SIECLE - chapitre 4

 

Louis Vergnault, marchand de bière à Niort

 

Chapitre 4

 

Après une si longue absence, Louis Vergnault eut bien du mal à se réintégrer dans la vie civile.

Il lui fallut se reprendre en main et non plus se laisser guider par les ordres de ses supérieurs auxquels il fallait obéir sans contester, sans réfléchir.

Tant bien que mal, il reprit son ancien métier, celui de cordonnier.

Le soir, il s’en allait à l’estaminet fumer son brûle-gueule et boire bien souvent plus que de raison.

Le décès de sa mère, Gabrielle Vergnault, née Baron, à l’âge de soixante ans, en janvier 1838, l’éprouva plus qu’il ne l’eût pensé. Avec la disparation maternelle, c’était toute son enfance qui basculait dans un abîme sans fond.

Plus rien derrière lui.

Et devant ?

Rien non plus ! Ni femme, ni enfant.

Il avait vadrouillé toute sa jeunesse, sans penser à l’avenir, sans rien construire.

Il eut, le jour de l’inhumation, l’impression de se trouver sur une crête rocheuse, seul, entouré d’un vide vertigineux.

Après la triste cérémonie, il s’en était allé boire, encore et encore, plus que de coutume, pour oublier le néant qui l’entourait.

 

Quelque temps plus tard[1] , il fit la connaissance de Suzanne Sadran[2]. Avec elle, il reprit goût à la vie. Pour elle, il promit de changer ses habitudes et de ne plus boire. Alors, ils se marièrent le mardi 11 juin 1839, à Niort, ville où ils habitaient tous les deux[3].

  

Les promesses, elles sont dites à un moment donné. Il est parfois difficile de les tenir... voire impossible.

 

Peu à peu, Louis se sentit enfermé dans ce mariage. Alors, il prit le large de plus en plus fréquemment, rentrant au domicile conjugal de plus en plus tard dans la nuit, ivre à ne plus tenir debout.

Les scènes conjugales retentissaient dans tout le quartier et le caractère emporté et violent de Louis Vergnault éloignait même les voisins les plus désireux de secourir Suzanne, craignant comme cela était déjà arrivé, de recevoir des coups.

 

Pourtant Suzanne, en épouse aimante, essayait de satisfaire au mieux son époux. Lorsqu’il souhaita ne plus travailler comme cordonnier, mais prendre un commerce de bière, elle n’y fit pas opposition.

Comme elle travaillait à demeure puisqu’elle était gantière, elle pourrait avoir un regard sur son époux et peut-être ce commerce l’empêcherait-il  de ne plus aller boire ailleurs.

Ce fut le cas, en effet, les premiers temps, jusqu’au jour où il but le fond de commerce au lieu de le vendre avec profit.

 

Les scènes reprirent. Avaient-elles réellement cessé ? 

L’alcool décuplait la colère et la force de Louis. Les coups tombaient de plus en plus sur l’épouse qui n’en pouvait plus de tant de violence.

 

Les coups, mais aussi les mots blessants, les menaces.

Suzanne en avait parlé à une de ses voisines à qui elle se confiait quand le poids de ses souffrances devenait trop lourd.

 

« Il souhaite ma mort, avait-elle avoué, la voix chargée de sanglots. Je n’en dors plus, j’ai peur.

-          Mais non, avait répliqué l’amie, tu te fais des idées.

-          Non, je sais que c’est vrai. Hier, il m’a tendu la moitié de sa pomme en me disant : « Tiens, mange la, ça sera la dernière que tu mangeras ».

 

Une autre fois, elle avait raconté que son époux, Louis, était revenu avec un pain. En le posant sur la table, il avait lancé :

«  Tu crois manger ce pain ? Eh bien, tu te trompes, il se passera aujourd’hui quelque chose qui t’en empêchera ! »

 

L’amie de Suzanne ne savait plus comment la consoler, la réconforter.

Elle finit par dire :

« Quitte-le !

-          Le quitter ? Et si il me retrouve, il me fera la peau.....

 

 

Quitter son mari, Suzanne ne pensait qu’à cela.

Ce qui l’empêchait de le faire, la peur des coups dont elle connaissait trop bien la douleur.

 

Suzanne réfléchissait.

Suzanne se renseigna.

Suzanne demanda « la séparation ».

 

A suivre....

 



[1] Aucune indication concernant la date de rencontre avec celle qui devint son épouse.

[2] Suzanne Sadran, née le 24 décembre 1798, fille de Jacques Sadran et de Suzanne Rat (parents décédés bien avant le mariage) était propriétaire sans autre précision sur l’acte de mariage.

[3] François Vergnault, le père de Louis, se remaria l’année suivante, le 24 décembre 1840 avec Marie Thérèse Texier.

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