mercredi 9 août 2023

Un crime des plus horribles - Chapitre 2 – Dans la soirée du 27 mars 1898

  

Le 27 mars, le repas du soir achevé, après avoir couché ses enfants, Marie Joséphine Eugénie Etienne, épouse Leblond, revint dans la cuisine éclairée par un quinquet. Encore assis à table, son mari, Léon Alfred Leblond, lisait le journal.

« Ils ne vont pas tarder à dormir, dit-elle comme pour se rassurer, car elle entendait encore les deux aînés, Paul et Léonce, chuchoter et rire. La mère dort déjà. »

 

Puis elle se mit à desservir la table et à laver la vaisselle.

Dehors, la nuit avait enveloppé le jardin.

Un soir, comme tous les soirs, au cours de laquelle le couple pouvait parler plus librement hors de la présence des enfants.

Parler de la journée de travail et des événements dans le village, commenter les articles du journal et s’entretenir sur les problèmes du quotidien tournant autour des enfants et de la santé déclinante de la mère de Marie Joséphine Eugénie qui, paralytique, demandait des soins constants.

Oui, une soirée comme les autres.......

 

 

Quand Juste Arsène Bénestière arriva le lendemain vers 5 heures du matin, comme il en avait l’habitude quelques jours par mois afin d’aider à entretenir le potager de la famille Leblond, il s’aperçut qu’une des plates-bandes avait été piétinée. Il vit aussi que la haie, côté rue, avait subi quelques dommages.

        J’en parlerai à Monsieur Leblond un peu plus tard, se dit-il.

 

Se tournant vers la maison, il remarqua l’absence de bruit, inhabituelle à cette heure. La famille était-elle encore endormie ?

Malgré tout, il se mit à l’ouvrage, l’oreille guettant le moindre bruit.

Rien, toujours rien.

Pas le moindre bruit de voix, le moindre tintement de vaisselle, le moindre claquement de porte.

Ressentant un léger malaise, comme une prémonition à un malheur, Juste Arsène Bénestière se dirigea vers le logis plongé dans le silence, s’approcha de la porte vitrée de la cuisine et regarda à travers le carreau.

Le souffle coupé, les jambes flageolantes, il trouva toutefois la force de courir vers la fabrique de sucre non loin de là, pour avertir Monsieur Bouchon de ce qu’il venait de découvrir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.