jeudi 17 août 2023

Un crime des plus horribles - Chapitre 3 – L’horrible découverte

 


Arsène Bénestière parcourut les quatre-cents mètres de distance entre la maison et la sucrerie en un temps record.

Arrivé dans le bureau directorial de monsieur Bouchon, essoufflé, tenant à peine sur ses jambes, il ne put qu’articuler :

« Vite ! Vite ! Un malheur... chez les Leblond... Venez ! Vite !....

-   Un malheur ! Quel malheur ? demanda monsieur Bouchon envahi tout à coup de la même angoisse que son employé.

 

Reprenant souffle peu à peu, Arsène Bénestière laissa tomber ces mots effroyables :

«  Une tuerie ! Une horrible tuerie ! »

 

Après un court instant de stupeur, reprenant tout son sang-froid, le directeur de la sucrerie lança :

« Allons voir ! »

 

Et les deux hommes, arrivés sur les lieux, virent en effet.....

 

La vitre de la porte de la cuisine éclatée. Léon Alfred Leblond affalé, sur la table de la cuisine, baignant dans son sang, la tête explosée. Marie Joséphine Eugénie, son épouse, sur le sol atteinte elle aussi par une balle, gisait  dans une mare de sang. Non loin de leurs parents, près de la porte donnant sur le couloir, les deux aînés, Léon Etienne Ferdinand et Paul Marcel Ferdinand n’avaient pas été épargnés par les tirs de l’assassin. La petite Jeanne Anna Virginie, elle, avait été égorgée.

Le souffle court, le cœur prêt à se rompre sous l’emprise d’une émotion trop intense, les deux hommes, après leur découverte cauchemardesque, firent le tour de la maison qui avait été retournée de fond et comble. Armoires et tiroirs vidés de leur contenu jeté sur le sol en désordre et plusieurs fois piétiné.

Visiblement, le vol avait été le motif de cet acharnement meurtrier.

Un silence pesant régnait.  Une odeur de sang et de mort flottait.

 

Tout à coup, Arsène Bénestière murmura : « Et la mère Vinot ! »

Réalisant que la chambre de la vieille femme se situait tout au bout de la maison, le patron et l’ouvrier se précipitèrent avec un seul espoir, celui que la grand-mère avait pu être épargnée. Mais en arrivant à la porte de la chambre qui était grande ouverte, leur espérance fut anéantie, l’aïeule paralytique reposait dans son lit, sa chemise et ses draps maculés de sang. Elle avait été abattue d’un coup de fusil à bout portant.

 

Quel monstre avait pu agir ainsi ?

 

Revenant vers la cuisine, anéantis, le cœur au bord des lèvres, les deux hommes ne souhaitant pas s’appesantir sur l’horrible spectacle quittèrent la maison et retournèrent à la sucrerie le plus vite possible afin de prévenir les autorités.

Monsieur Bouchon téléphona au juge de paix de Beaumont et à celui de Brionne, au lieutenant de gendarmerie et au sous-préfet de Bernay.

 

Peu de temps après, la maison des crimes fut inspectée minutieusement par les autorités afin de découvrir le moindre indice menant au meurtrier.

 

Très rapidement, il fut recueilli quelques témoignages. On avait vu le soir précédant, un homme rôder autour de la maison des Leblond.

Un homme, était-ce le même, avait été aperçu, la veille dans les bois, non loin du hameau de la Rivière-Thibouville.

Un témoin, monsieur Blot, cultivateur demeurant dans la commune du Petit-Launay, avait eu la visite d’un individu, le matin même. Il lui avait demandé la possibilité de lui emprunter une brouette pour transporter une valise et des paquets jusqu’à la gare.

«  J’ vous paierai, et j’ laisserai la brouette à la gare. Vous pourrez la récupérer. »

 

Méfiant, Monsieur Blot avait préféré ordonner à son jeune commis de ferme, André Mesnil, d’accompagner l’emprunteur et ainsi de ramener aussitôt la brouette.

Pendant le trajet, le jeune Mesnil avait observé son compagnon de route. Semblant fatigué, pâle à l’extrême comme au sortir d’une maladie, l’homme, habillé de vêtements trop grands pour lui, fumait un cigare de très bonne qualité. À la gare, cet individu avait sorti de sa poche un porte-monnaie d’enfant duquel il sortit six sous qu’il remit au jeune garçon pour sa peine. Dans le porte-monnaie, ce dernier remarqua quelques pièces d’or.

Qui était cet homme ?

 

Et puis, il y eut un dépôt de plainte d’un armurier de Brionne, monsieur Picard, dont la vitrine avait été fracturée dans la nuit du 27 mars, acte de malveillance afin de dérober deux fusils de chasse, une carabine et deux revolvers.

À la gare, l’employé des chemins de fer en service renseigna les autorités sur un voyageur qui avait acheté un billet de train pour Lisieux.

 

De fil en aiguille, tous ces éléments menèrent tout de suite sur les traces d’un certain Alphonse Caillard, bien connu des services de police depuis des décennies.

Ce triste personnage fut arrêté à 10 h 30 du matin à Lisieux, au domicile de sa maîtresse, rue d’Orival.

Alphonse Caillard ne chercha pas à s’enfuir et passa aussitôt aux aveux.

 

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