mercredi 23 août 2023

Un crime des plus horribles - Chapitre 4 – Qui était le suspect, Alphonse Caillard, bien connu des services de police ?



Alphonse Désiré Caillard, le père du suspect, était un honnête homme, un excellent ouvrier, très estimé de ses patrons. Et pour preuve, il était resté vingt années chez un patron et dix années chez un autre.

Il avait épousé Eléonore Euphrasie Bonneville. Très vite, il s’aperçut qu’il avait fait une mauvaise union.

Toutefois, quatre enfants étaient nés. Deux filles et deux garçons.

L’aînée, Louise Alphonsine qui n’avait jamais posé de problèmes, avait épousé un fossoyeur des environs. La seconde fille, plus jeune, avait eu un enfant, au hasard d’une rencontre. Elle était partie, un jour, abandonnant le petit qui avait été placé dans une famille.

 

Alphonse Caillard était le second enfant du couple. Il vit le jour le 16 mars 1871 à La Madeleine-de-Nonancourt dans l’Eure.

Un autre fils, Victor Eugène, né dix ans plus tard, avait fait un séjour dans une maison pénitentiaire.

 

Alphonse Caillard s’éleva un peu tout seul, courant les champs.

Un père travaillant durement tout au long du jour pour gagner l’argent du ménage.

Une mère, absente du foyer car, disait-on, courant le guilledou. D’ailleurs, selon les commérages, le père biologique d’Alphonse était un cheminot qui vivait « dans l’intimité de la mère[1] » et à qui il ressemblait beaucoup.

 

Après l’école qu’il ne fréquenta qu’avec parcimonie, le jeune Caillard entra en apprentissage chez monsieur Levasseur, entrepreneur de maçonnerie où travaillait Caillard–père. Celui-ci pensa qu’ayant un œil sur son fils, il pourrait plus facilement le canaliser.

En effet, ce fils, depuis son plus jeune âge, d’un « caractère sournois, hypocrite, vindicatif, querelleur, montrait une grande perversité[2] ».

 

Mais malgré la présence paternelle, le jeune apprenti continua  à multiplier les méfaits, à tel point qu’il fut renvoyé.

 

À la suite de ce licenciement, le jeune Caillard fut embauché dans la filature de Monsieur Maris à Nonancourt. Son emploi, rattacheur[3] à mi-temps, l’autre demi-journée le jeune employé devait fréquenter l’école. Ce qu’Alphonse Caillard ne respecta nullement, préférant galvauder de-ci-de-là, effectuant chapardages, saccages et mutilations d’arbres fruitiers.

Après avoir sermonné plusieurs fois l’ouvrier, le contremaître, Théophile Morlet, voyant qu’il n’arriverait à rien avec ce mauvais sujet, lui signifia son renvoi.


 

Plus d’emploi, plus d’argent pour vivre !

Commença alors pour le jeune Caillard une période d’errance et de nombreux délits.

Son plaisir d’un moment fut de se placer sur le parapet surplombant la ligne de chemin de fer Paris-Granville et de lancer des cailloux sur les wagons. Il alla jusqu’à déposer une traverse sur les rails.

 

Un temps, il retourna travailler dans une autre filature.

Accusé de vols à plusieurs reprises, il fut arrêté par les gendarmes et écopa de six mois de prison.

Sa peine purgée, il fut appelé sous les drapeaux, mais de faible constitution, il fut ajourné, puis réformé.


Il quitta alors sa région natale.

Avait-il l’intention de commencer une autre vie, honnête celle-ci ?

 

À Franqueville, il embaucha dix-sept mois dans une entreprise, sans qu’il ne lui fût fait aucun reproche.

Mais, il vola son patron....

Dehors !

Instable, n’arrivant à se fixer, préférant le vol à l’effort soutenu d’un emploi stable, le jeune homme enchaîna toute sorte de petits boulots.

 

En 1896, passant par Nassandre, il se présenta à la sucrerie.

« Y-a-t-il de l’embauche ? s’enquiert-il

        Toujours pour ceux qui veulent travailler ! lui fut-il répondu.

        Ça m’va !!!  affirma Caillard.

 

Oui, mais ce « ça m’ va » ne dura que six semaines.

Après ce délai, il reprit la route.

 

Puis il y eut l’affaire d’Ouville-la-rivière.......



[1] Journal la Justice du 14 avril 1898.

[2] Infos trouvées dans les journaux : « l’express du midi » et « la presse » en date du 9 juillet 1898.

[3] Rattacheur : jeune garçon (ou jeune fille) chargé de se faufiler derrière les métiers à tisser sans que les navettes de ceux-ci soient arrêtées, afin de rattacher les fils qui avaient cassé. Compétences requises : être fluet et agile.

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