Que comprendrait un étranger, maîtrisant mal la langue française,
en entendant la phrase suivante ?
Un chaland regarde un chat lent sur un chaland.
Premier
« chaland » :
Le mot chaland connut
évidemment différentes orthographes :
·
Chalant – 1174.
·
Chaulant –
1250/1300.
·
Chalan – XIVème
siècle.
Chaland est le participe présent du verbe chaloir (importer –
commercer).
Issu du latin calere =
être chaud
Qui au sens figuré prit la signification de : être sur des
charbons – s’inquiéter.
Un chaland,
·
celui qui s’inquiète pour..
·
qui trouve un intérêt à ...
Mais qui fut aussi employé pour :
·
Un ami – un compagnon (1250-1300).
·
Un amoureux (1771).
·
Ou encore, au XIIIème siècle, un compagnon
exerçant le même métier qu’un autre.
·
Puis aussi, une personne qui achète
habituellement chez le même commerçant, sens que lui attribua Rabelais en 1548,
avec une petite nuance de coquin....
En ce qui concerne présentement notre chaland, il est un promeneur
sans but, à l’affût d’un événement hors du commun.
Est-il inquiet ?
À vrai dire rien ne le précise.
Un chat, un félin des plus ordinaires, qui est d’une grande lenteur
dans les soins qu’il apporte à sa toilette, passant et repassant sa patte
derrière son oreille, comme le chat de Marcel Aymé dans « les contes du
chat perché ».
Un chat lent... Nonchalant en quelque sorte !
Un chat lent vivant sur un chaland !
Troisième
chaland :
·
Caland en 1080.
·
Chaland vers
1160.
Un mot dont l’origine remonte au grec byzantin khelandion, terme de marine désignant un
grand bateau plat servant à transporter des marchandises.
Ce chat lent se trouve donc sur un chaland qui passe nonchalamment
sur un cours d’eau.
Le chaland sur le chemin de halage regarde passer le chaland sur
lequel le chat lent fait lentement, paresseusement, sa toilette.
Une scène paisible, ne trouvez-vous pas ?
Pour
cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire
historique de la langue française » Le Robert