jeudi 24 octobre 2024

Les sorciers et envoûteurs

 

       

Il y en eut bien sûr, des sorciers, mais ils furent bien moins nombreux de leurs consœurs les sorcières.

Sylvestre Peterling fut exécuté le 3 mai 1596 à Sélestat dans le Bas-Rhin pour faits de sorcellerie.

Jean Stein subit le même sort le 1er août 1624.

Mais peu d’informations sur leur identité et leur procès.

Par contre pour d’autres, nous trouvons des renseignements permettant de reconstituer leur histoire.     

C’est le cas notamment pour Nicolas Desquinemare[1].

Fils de Antoine Desquinemare, avocat à Rouen, et de Marie Aublé[2], Nicolas était le cinquième enfant d’une fratrie qui en comptait sept.

Le couple avait eu sept enfants, mais seulement trois avaient atteint l’âge adulte.

Nicolas avait vu le jour le 12 mars 1666 à Rouen, paroisse de Saint-Vincent. Ses parrain et marraine furent :

  • ·         Maistre Guillaume Aublé, prêtre et curé de Boissay, non loin de Rouen.
  • ·         Catherine Febvrier.

 

Guillaume Aublé encouragea-t-il son filleul à entrer dans les ordres ?

Peut-être, car Nicolas Desquinemare devint prieur-curé dans la paroisse de Bullay-en-Bray, non loin de Neufchâtel.

Dans cette commune, depuis le début des années 1720 se passaient des faits bien étranges. Surnaturels. Diaboliques !

Les faits étaient tels que le prieur-curé  s’en inquiéta, s’en épouvanta, au plus haut point.

Il se disait que depuis neuf mois, plus de deux cents enfants et plus de soixante adultes y étaient décédés de différentes maladies. Mais le plus étrange, certains enfants au moment de leur mort blasphémaient et se contorsionnaient d’une étrange manière.

 

N’était-ce pas la marque du malin ?

 

Cinquante personnes se disaient ensorcelées dont Marie Terrier, épouse de René Serée et Anne Françoise Le Febvre, célibataire, toutes deux de la paroisse de Saint-Eloy de Bully.

 

Nicolas Desquinemare mena des exorcismes.

Puis, Anne-Françoise Le Fèbvre fut menée à l’abbaye de Saint-Evroult qui possédait une fontaine pouvant guérir de tout maléfice. Malgré les nombreux bains dans cette fontaine miraculeuse, la jeune femme ne fut nullement délivrée.

Par contre, par sa voix, se manifesta Béelzébut, accusant formellement Laurent Gandouet, laboureur, d’être le faiseur d’envoûtements. Ce que le pauvre accusé nia fortement.

 

Tout ce boucan se solda par l’arrestation de l’abbé Desquinemare par ordre du Roi et son incarcération au couvent de Bourg-Achard.

Etait-ce parce qu’il ne pouvait pas tenir ses paroissiens ?

Anne-Françoise Le Fèbvre, Marie Terrier et trois autres femmes furent conduites à la prison de Rouen.

 

Laurent Gandouet affirmait que ces femmes simulaient. L’abbé Desquinemare maintenait qu’elles avaient toutes des marques de possession, comme l’attestaient les descriptions notées dans son manuel.

 

Et quels étaient ces signes probants ?

Dans son mémoire, l’abbé Desquinemare les énumérait comme suit :

  • ·         Les possédées parlaient et comprenaient les  langues étrangères (latin – espagnol....)
  • ·         Elles mangeaient et manipulaient le feu sans se brûler.
  • ·         Elles mangeaient également des pierres, du verre, des araignées...
  • ·         Elles déplaçaient des charges que quatre hommes réunis avaient peine à bouger.
  • ·         Elles poussaient des cris continuels, imitant le loup, le chien, le bœuf...
  • ·         Elles se contorsionnaient avec une agilité incroyable.
  • ·         Elles pouvaient se jeter d’une hauteur de plusieurs mètres se relevant sans aucune blessure.

 

Mais le Parlement de Rouen conclut que « ces possédées » étaient des « affabulatrices en proie à des troubles digestifs ».

Il est certain que si ces femmes avalaient tout et n’importe quoi, leur estomac devait leur créer bien des malaises..... d’où les contorsions et les cris !!

 

Quant à l’abbé Desquinemare, il resta un temps détenu au prieuré de Bourg-Achard puis fut envoyé à Valognes dans la Manche où il décéda en 1738. Il était âgé de soixante-douze ans.

 

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Le prieuré Saint-Lô et Saint-Eustache, ancien prieuré de chanoines réguliers, situé à Bourg-Achard,  possédait au XIIe siècle plusieurs patronages ainsi que le prieuré Notre-Dame-du-Bosc, dans la forêt du Neubourg.

En 1770, il fut question de supprimer le prieuré. Il fut finalement, réuni au séminaire de Saint-Vivien de Rouen, en 1766.

 



[1] Ecrit inspiré du livre de Yves Lecouturier « sorciers, sorcières et possédés en Normandie ».

[2] Mariage du couple,  le 2 décembre 1656 à Rouen – paroisse Saint-Vincent.

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