Il y en eut bien
sûr, des sorciers, mais ils furent bien moins nombreux de leurs consœurs les sorcières.
Sylvestre Peterling
fut exécuté le 3 mai 1596 à Sélestat dans le Bas-Rhin pour faits de
sorcellerie.
Jean Stein subit le
même sort le 1er août 1624.
Mais peu
d’informations sur leur identité et leur procès.
Par contre pour
d’autres, nous trouvons des renseignements permettant de reconstituer leur
histoire.
C’est le cas
notamment pour Nicolas Desquinemare[1].
Fils de Antoine
Desquinemare, avocat à Rouen, et de Marie Aublé[2], Nicolas était le cinquième enfant d’une
fratrie qui en comptait sept.
Le couple avait eu
sept enfants, mais seulement trois avaient atteint l’âge adulte.
Nicolas avait vu le
jour le 12 mars 1666 à Rouen, paroisse de Saint-Vincent. Ses parrain et
marraine furent :
- ·
Maistre Guillaume Aublé, prêtre et curé de Boissay, non loin de Rouen.
- ·
Catherine Febvrier.
Guillaume Aublé
encouragea-t-il son filleul à entrer dans les ordres ?
Peut-être, car
Nicolas Desquinemare devint prieur-curé dans la paroisse de Bullay-en-Bray, non
loin de Neufchâtel.
Dans cette commune, depuis
le début des années 1720 se passaient des faits bien étranges. Surnaturels.
Diaboliques !
Les faits étaient
tels que le prieur-curé s’en inquiéta,
s’en épouvanta, au plus haut point.
Il se disait que
depuis neuf mois, plus de deux cents
enfants et plus de soixante adultes y étaient décédés de différentes maladies. Mais
le plus étrange, certains enfants au
moment de leur mort blasphémaient et se contorsionnaient d’une étrange manière.
N’était-ce pas la
marque du malin ?
Cinquante personnes
se disaient ensorcelées dont Marie Terrier, épouse de René Serée et Anne
Françoise Le Febvre, célibataire, toutes deux de la paroisse de Saint-Eloy de
Bully.
Nicolas Desquinemare
mena des exorcismes.
Puis, Anne-Françoise
Le Fèbvre fut menée à l’abbaye de Saint-Evroult qui possédait une fontaine
pouvant guérir de tout maléfice. Malgré les nombreux bains dans cette fontaine
miraculeuse, la jeune femme ne fut nullement délivrée.
Par contre, par sa
voix, se manifesta Béelzébut, accusant formellement Laurent Gandouet,
laboureur, d’être le faiseur d’envoûtements. Ce que le pauvre accusé nia
fortement.
Tout ce boucan se solda par l’arrestation de l’abbé Desquinemare par ordre du Roi et son incarcération au couvent de Bourg-Achard.
Etait-ce parce qu’il
ne pouvait pas tenir ses paroissiens ?
Anne-Françoise Le
Fèbvre, Marie Terrier et trois autres femmes furent conduites à la prison de
Rouen.
Laurent Gandouet
affirmait que ces femmes simulaient. L’abbé Desquinemare maintenait qu’elles
avaient toutes des marques de possession, comme l’attestaient les descriptions notées
dans son manuel.
Et quels étaient ces
signes probants ?
Dans son mémoire,
l’abbé Desquinemare les énumérait comme suit :
- ·
Les possédées parlaient et comprenaient les langues étrangères (latin – espagnol....)
- ·
Elles mangeaient et manipulaient le feu sans se brûler.
- ·
Elles mangeaient également des pierres, du verre, des araignées...
- ·
Elles déplaçaient des charges que quatre hommes réunis avaient peine à
bouger.
- ·
Elles poussaient des cris continuels, imitant le loup, le chien, le
bœuf...
- ·
Elles se contorsionnaient avec une agilité incroyable.
- ·
Elles pouvaient se jeter d’une hauteur de plusieurs mètres se relevant
sans aucune blessure.
Mais le Parlement de
Rouen conclut que « ces possédées » étaient des « affabulatrices en proie à des troubles
digestifs ».
Il est certain que
si ces femmes avalaient tout et n’importe quoi, leur estomac devait leur créer
bien des malaises..... d’où les contorsions et les cris !!
Quant à l’abbé
Desquinemare, il resta un temps détenu au prieuré de Bourg-Achard puis fut
envoyé à Valognes dans la Manche où il décéda en 1738. Il était âgé de
soixante-douze ans.
---------
Le prieuré Saint-Lô et Saint-Eustache,
ancien prieuré de chanoines réguliers, situé à Bourg-Achard, possédait au XIIe
siècle plusieurs patronages ainsi que le prieuré Notre-Dame-du-Bosc, dans la
forêt du Neubourg.
En 1770, il fut question de supprimer le prieuré. Il fut
finalement, réuni au séminaire de Saint-Vivien de Rouen, en 1766.
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