Jane était veuve d’un certain Wenham. Elle vivait à Walkem dans le Hertfordshire en Angleterre.
Elle possédait un caractère un
tantinet querelleur. En clair, elle ne se laissait pas intimider.
Un jour, un fermier des environs
proféra à son encontre des accusations de sorcelleries. Aussitôt, elle attaqua
ce dernier en diffamation. La pauvre femme ne reçut en dédommagement qu’un
shilling et un sermon du recteur de Walkem, Rev Gardiner :
« Ma fille, lui dit-il entre
autres, il serait bon d’apaiser votre caractère. Un peu de modération ne vous ferait pas de
mal ! »
De quoi se mêlait-il cet homme ?
« Puisque c’est ainsi,
j’obtiendrai justice d’une autre manière ! » proféra-t-elle furieuse.
Que n’avait-elle pas dit là, devant
témoins ?
À quelque temps de là, la servante du
presbytère, Ann Thorne, tomba malade. Elle était pourtant réputée pour sa robustesse.
Et voilà qu’on chuchota que ce mal ne
serait pas naturel... Il n’en fallut pas plus pour que la veuve Wenham fût
montrée du doigt.
Sir Henry Chauncy, Juge de Paix local,
lança un mandat d’arrêt contre la présumée coupable.
Interrogatoires, au cours desquels fut
cherchée une quelconque marque dite du diable, introuvable d’ailleurs.
Autre épreuve : la prévenue dut
réciter le « Notre Père », prière qu’aucune sorcière ne pouvait
prononcer. Jane connaissait bien le Pater, mais, elle trébucha sur un mot... Mauvais signe ! Très mauvais
signe !
Signe diabolique.
Surtout que lors de la fouille du
logement de la veuve Wenham, il fut découvert, sous son oreiller, une fiole
contenant une potion.
Celle-ci ne pouvant qu’être magique,
l’étau de la justice se resserra.
Jane Wenham fut traduite devant la
cour d’assises d’Hertford, le 4 mars 1712.
De nombreux villageois témoignèrent en
sa défaveur. Mais trop, c’était trop !
Le Juge était perplexe d’autant plus
que certains déclarèrent avoir vu la veuve Wenham voler dans les airs.
À cette déclaration, le Juge répliqua
non sans humour : « Aucune loi ne l’interdit ! »
Jane Wenham fut condamnée, sans doute
pour satisfaire à la superstition des habitants du village, mais pour sa
sécurité, il lui fut attribué une résidence éloignée de Walkem où elle vécut
ses dernières années avec pour seules visites celles de l’évêque Francis
Hutchinson[1].
Jane veuve Wenham décéda en 1730, elle
repose à Hertingfordbury dans une tombe anonyme.
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