mercredi 1 mai 2019

Chausse-t-on encore des godillots ?







« Godillots », souliers grossiers, comme le précise la définition de ce mot.

Mais connaissez-vous l’origine de ce mot ?

Ils portent tout simplement le nom de leur fabricant.
Souhaitez-vous connaître toute l’histoire ?
Eh bien voilà.

Le 15 mars 1816, Euphrasie Duchon , épouse de Pierre François Godillot, mit au monde en son foyer à Besançon, un petit Alexis.
Le père d’Alexis,  Pierre François ancien soldat de l’Empire s’était converti, à la Restauration, en sellier.
Installée à Paris en 1819, la petite entreprise prospéra si bien que Pierre Fraznçois finit par employer jusqu’à dix ouvriers.



Alexis, à vingt-trois ans, reprit la direction de l’entreprise paternelle.
On décrit Alexis Godillot comme « malingre et de faible apparence ». Constitution fragile, certes, mais un entrepreneur-né.
D’abord, Alexis va installer les ateliers  boulevard Poissonnière et rebaptiser son commerce « Bazar du voyage ».
Il mit sur le marché des produits de belle fabrication : sacs, valises, malles, articles de chasse, matériel de campement et couchage, casques, équipements militaires, « maisons mobiles » pour les cantonniers des chemins de fer.
Les produits séduisirent tellement qu’en cinq années le nombre de ses ouvriers se vit multiplier par quinze.
Le sieur Godillot put également s’enorgueillir d’être le « malletier du roi ».
La gloire !

1848 : Alexis Godillot équipa la Garde Nationale, l’armée piémontaise et l’armée française en Algérie.

Il avait plusieurs cordes à son arc, le sieur Godillot, car ce fut lui qui mit en scène le mariage de Napoléon III et d’Eugénie, le 29 janvier 1953, s’imposant comme l’animateur de la fête impériale.

Les guerres reprirent et il fallut équiper les armées : selles pour les cavaliers, tentes de troupe, matériel d’ambulance, objets de campements et surtout habiller et chausser les soldats.

Pendant la guerre de Crimée, de 1854 à 1856, Alexis Godillot  équipa les cent mille soldats.

En 1859, l’année de Magenta et de Solferino, il fournit 100 000 paires de chaussures à l’armée.
Les « chaussures Godillot » offraient pour la première fois un réel confort pour les soldats, car Alexis avait eu l’idée de confectionner, non seulement des chaussures différentes pour le pied droit et le pied gauche,  mais de produire plusieurs tailles  différentes et surtout,  d’aménager une semelle interne prenant en compte la forme de la voute plantaire.
Le grand luxe !

Voilà pourquoi le mot « godillot » devint, en 1862, le synonyme de grosse chaussure.
Mais chaussure de marche, chaussure confortable, en raison du progrès dans sa conception, comme nous venons de le voir.

Mais Alexis Godillot ne fut pas qu’un industriel.
Il eut une vie privée.
Le 19 décembre 1844, à Paris dans le deuxième arrondissement, il avait épousé Marie-Louise Michel, née en 1818 dans la capitale.
De cette union, naquirent trois enfants :
·         Jeanne Françoise Joséphine Alix
Née le 1er octobre 1845 et décédée en 1866, à l'âge de 21 ans.

·         Georges Olivier

Né le 23 mars 1847 et décédé le 12 novembre 1929, à l'âge de 82 ans.
Ingénieur civil (centrale) administrateur de la société générale de fournitures militaires.  Il           reprit la suite de son père.

·         Marguerite Clara  

Née le 29 septembre 1853 et décédée en 1924, à l'âge de 71 ans.



En 1879, au décès de son épouse, Alexis Godillot organisa sa propre succession qui pour les fabrications militaires prit la forme d'une société anonyme dont Alexis Godillot se retira progressivement.
S'installant à Hyères dans l’hôtel particulier qu’il avait acquis en 1864, il devint le premier adjoint au maire et participa au développement de la ville. Une fontaine porte son nom.
Il décéda le 13 avril 1893, à Paris. Il repose au cimetière de Montmartre.


N’est-elle pas jolie mon histoire ? Histoire vraie, bien entendue.

La godasse, mot formé à partir de « godillot », désigne une grosse chaussure, puis, vers 1888, une chaussure en général.

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Après godillot et godasse, voilà venir les groles !

Grole ou grolle est un nom féminin, terme dialectal provençal, dérivé de « grolier » mot utilisé, en 1289, pour nommer un savetier.
Au XIXème siècle, les groles, vieux souliers, ont fait leur chemin vers l’argot parisien.

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« Avoir les grolles » : locution pour exprimer la peur dont l’origine remonte à l’ancien français « grouler » ou « grouiller », verbes employés pour « trembler ». Rien à voir avec les chaussures !

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