mercredi 29 mai 2019

HISTOIRE VRAIE - AU DEBUT DU XXème SIECLE - HISTOIRE TIREBOUCHONNEE !!



Rixe sanglante.........
Avec, dans le rôle principal,  « tire-bouchon » !


Je vais, avant de clore ce chapitre sanglant « d’agressions et meurtres au tire-bouchon », vous parler de ce sombre jour où.......


Le débit de boissons tenu par le sieur Coudières, au 151 boulevard de la Villette, ne désemplissait pas du moment de son ouverture, jusqu'à l’extinction des lumières de la grande salle.
Il faut préciser que la proximité des abattoirs[1] et celle du canal de l’Ourcq[2] amenaient grands nombres de clients, et notamment les jours d’arrivages des bestiaux par chemin de fer, et ceux des diverses foires.
Chacun s’y retrouvait pour le petit café arrosé du matin (vers les 4 heures du matin), le casse-croute de milieu de matinée accompagné du ballon de rouge, le repas du midi, et cela jusqu’au.... Enfin, un vrai rituel pour les habitués.
Sans oublier les divers employés arrivant de la province et les voyageurs de commerce. Pas besoin de montre ni de calendrier pour le patron du débit, la venue de ses clients le renseignait précisément sur l’heure et le jour de la semaine.

Le 31 mars 1901, c’était un dimanche, vers les 11 heures et demie du soir, la salle était encore pleine à craquer. Assis devant les tables ou debout devant le comptoir, les consommateurs discutaient. Discussions parfois animées et échauffées, les journées étant longues et le travail pénible.

Comment et pourquoi éclata une dispute entre deux hommes qui en vinrent rapidement aux mains.
Les chaises tombèrent et se fut rapidement une incroyable mêlée, d’autant plus que les plus costauds essayaient de séparer les adversaires qui bien connus du lieu, cherchaient à en découdre.
Il s’agissait, en effet de Gabriel Tête, voiturier, demeurant non loin de là au 4 rue Riguet et d’Octave Chanaud résidant encore plus près du débit de boissons, rue Decrétan.

Coudières, le patron, de derrière son comptoir, hurlait :
« Hé, les gars, si vous voulez vous châtaigner, sortez de là et allez dans la rue ! »

  
Certains plaisantins, trop heureux de l’aubaine, encourageaient avec chaleur l’un ou l’autre des combattants, ou, entendant le bruit des verres se brisant sur le sol lançaient :
« Faites chauffer la colle !! »

La bataille prit rapidement fin, car, malheureusement, le voiturier reçut des coups forts violents, assénés par Octave Chanaud. Ce dernier, en effet, s’était armé d’un tire-bouchon, arraché aux mains du garçon de café pour attaquer son adversaire. L’arme improvisée avait atteint Gabriel Tête au front et à la joue gauche. Sur le choc, le blessé s’affaissa, perdant abondamment son sang.
On s’inquiéta de l’état du pauvre homme dont le visage ruisselait de grosses larmes de sang.
Octave Chanaud, abasourdi, le tire-bouchon toujours à la main, semblait émerger d’un cauchemar profond, regardant tour à tour sa main munie de l’arme et les visages fermés des clients qui faisait cercle autour de la victime toujours allongée sur le carrelage du troquet.

Coudières fit le tout du comptoir, se fraya un passage jusqu’à son malheureux client et :
« Bon les gars, c’est fini. On ferme ! Et puis, celui-là, faut l’soigner. Faut l’porter chez l’pharmacien à côté. On n’ peut pas  l’ laisser s’vider d’son sang. Et puis, moi, c’est que j’ veux pas avoir d’ennuis ! »

Gabriel Tête, se tenant le crâne à deux mains, réussit à se redresser. Soutenu par quelques bras musclés, il fut accompagné chez le sieur pharmacien qui bien que son officine fût fermée, voulut bien donner les soins nécessaires, précisant toutefois qu’il était obligé de demander l’identité de chacun et de prévenir la police. Il acheva son petit discours par :
« C’est la loi quand il y a blessures après une rixe.

Une fois pansé, Gabriel Tête qui avait à présent une forte migraine, demanda à être raccompagné à son domicile. 


Le commissaire de police du quartier Saint-Vincent-de-Paul,  Maurice de son patronyme, interrogea les deux hommes et les témoins.
Le sieur Chanaud prétendit n’avoir agi qu’en « légitime défense ».


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Comment ai-je eu vent de ce fait divers ?
Bah, tout simplement en lisant le journal. Juste un petit encadré de quelques lignes relatant l’évènement avec comme gros titre, « Rixe sanglante ».

Dans quel journal ?
Le Radical du 3 avril 1901.

Je suppose que vous aimeriez avoir un peu plus de renseignements ?
Eh bien, vous n’en aurez point !
Aucune suite dans la presse les jours suivants.

Gabriel Tête porta-t-il plainte ?
L’affaire fut-elle classée ?
Rien de rien !

Mais, si toutefois, vous avez quelques renseignements intéressants, vous pouvez me les communiquer.
Je me ferai un immense plaisir de poursuivre l’écriture de cette histoire......... VRAIE !


[1] Ce fut en 1865 que les abattoirs et marchés aux bestiaux de Paris  furent regroupés à la Villette sur 39 hectares.
La Villette, nommée la « cité du sang », car au début du XXème siècle 23 000 moutons et 5 000 bœufs étaient abattus chaque jour. L'établissement était desservi par deux gares :
·         La gare de Paris-Bestiaux, au sud du Canal de l’Ourcq.
·         La gare de Paris-Abattoirs, au nord du canal.
A la même époque, les abattoirs de Vaugirard étaient les autres grands abattoirs parisiens, mais toutefois bien moins importants que ceux de la Villette.
L’abattoir de la Villette ferma en mars 1974. Cinq années plus tard, l’ensemble fut converti en un parc unique au monde, de 55 hectares, associant nature, architecture, culture et loisirs.
[2] Le canal de l’Ourcq, construit au XIXe siècle pour alimenter Paris en eau potable, va de Mareuil-sur-Ourcq au Bassin de la Villette.

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