lundi 22 juillet 2019

CATASTROPHE NATURELLE - ELBEUF 1908






Des intempéries et catastrophes naturelles, 
il y en eut de tout temps.....







Ce furent des trombes d’eau qui déferlèrent sur la ville d’Elbeuf-sur-Seine et ses alentours. Des trombes d’eau d’une violence inouïe.
La journée s’annonçait belle, pourtant. Une agréable journée de début d’été.
Mais, vers les quatre heures après-midi, le temps changea.
D’abord, quelques éclairs fendirent le ciel assombri tout à coup, puis la déflagration du tonnerre.
« Un simple orage, pensa-t-on, rien de plus. »

Mais ce n’était que les prémices d’une suite presque irréelle.
En effet, une pluie mêlée de grêlons d’une grosseur incroyable s’abattit soudain, transformant les rues et places en véritables torrents. Du jamais-vu de mémoire d’anciens.
Vers les 6 heures, le temps sembla s’éclaircir.
Le danger s’était-il éloigné ?
Cette pensée faisait preuve d’un optimiste exagéré, car de forts coups de vent ramenèrent l’orage dont l’intensité s’était décuplée, sur la ville.
Un vrai déluge !
L’eau déversée du ciel dévala en avalanche des plateaux du Neubourg et de Bourgtheroulde, empruntant les rues, dévastant les rues. Les premières touchées, les rues de Bourtheroulde et du Thuit-Anger, la rue de l’hospice également et celles de la République, de la Nation..... Partout !


Un mur d’eau, mais aussi de boue, d’environ un mètre de haut, avec une puissance inimaginable entrainant tout sur son passage, pénétrant les maisons, noyant les caves.
Tout l’ouest de la ville donnait un spectacle effrayant.
Dans les quartiers, les habitants, impuissants, s’étaient réfugiés au premier étage des maisons, et par les fenêtres ouvertes, regardaient, incrédules, ce désastre apocalyptique qui dura plus de deux heures.
Deux heures pendant lesquelles chacun se demandait quand cela s’arrêtera. Oui, quand ?

L’ouest de la ville ravagé, mais il en fut de même à l’autre extrémité d’Elbeuf-sur-Seine. L’eau, provenant de la vallée de la Saussaye envahit le chemin de la Saussaye et la rue Victor Hugo.
La force du courant emporta le mur d’enceinte de la ferme Benoit. La brèche ouverte, l’étable fut submergée, une des vaches périe, emportée par le flot.  


Cette masse mouvante de boue et de gravats envahit la voie de chemin de fer jusqu’à la gare d’Elbeuf-ville. Les trains venant de Louviers furent bloqués. Il fallut l’aide de soixante soldats pour déblayer la voie qui ne fut opérationnelle qu’à minuit passé.
Pendant ce temps, six pompes de la compagnie de Sapeurs Pompiers, mises en action, commençaient leur travail de nettoyages des maisons, caves, sous-sol..... Certains immeubles ébranlés par ce monstrueux torrent menaçant ruine, il était urgent de mettre en sécurité les quartiers les plus sinistrés.

Pas de paresseux. Chacun remontait ses manches. L’entraide était de mise. La vie de la ville dépendait de la bonne volonté de tous.

Pour comble de malheur, pendant ce terrible épisode, la foudre tomba sur la filature Alloend-Bessand, rue Victor Hugo à Caudebec-les-Elbeuf, provoquant un incendie.

 Il fallut plusieurs jours pour un retour à la normal. Pendant ce temps, Elbeuf-sur-Seine resta coupé du monde extérieur, sans communication télégraphique ni téléphonique, sans aucune voie d’accès.....
Un bilan fut établi afin de déterminer le montant des dégâts. Le chiffre de deux millions de francs fut annoncé, mais il s’avéra par la suite que cette somme avait été sous-estimée.




Texte écrit à partir d’un article découvert dans « le journal de Rouen »,   en date du 1er juillet 1908.
Illustrations : « Mémoire en Images » - Elbeuf- Des évènements et des hommes – tome 2 de Pierre Largesse – Editions Alan Sutton – septembre 2006

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