jeudi 18 juillet 2019

HISTOIRE VRAIE – DANS LE PARIS DE 1901


   

 Première agression – 30 décembre 1901


Pour les beaux yeux d’Amélie.
Pour la chevelure blonde d’Amélie.
Unies derrière leur chef et dans l’intérêt de celui-ci, les deux bandes s’affrontèrent de plus en plus souvent et ce ne furent qu’escarmouches, batailles rangées, règlement de compte au couteau.
Le ton monta progressivement jusqu’à ce 30 décembre 1901.

Dix heures du soir, dans le 11ème arrondissement de Paris, rue Popincourt, par une nuit sans lune dans le froid hivernal, Leca, col  relevé et mains dans les poches, avançait d’un bon pas. A ses côtés, Amélie, enveloppée dans un châle, se plaignait :

«  J’ai froid ! Et puis pourquoi tu marches si vite ?
-          Justement, en marchant vite t’auras moins froid !

A cette réponse, la jeune femme haussa les épaules et se mit à bouder.
Leca pressait le pas, oui. Un mauvais pressentiment l’habitait, aussi était-il sur ses gardes.
Il se retournait souvent, scrutant l’obscurité, à la recherche de quelque silhouette suspecte, tapie dans l’encoignure d’une porte cochère.
Rien ! Pourtant, il en aurait donné sa main à couper. Il sentait une présence. C’était certain, ils étaient épiés.
Ces pas qui résonnaient dans le silence de la nuit sur le sol gelé, donnant écho à leurs propres pas et qu’il percevait derrière lui, n’étaient pas le fruit de son imagination.
Et puis, cette intuition tenace qui le mettait si mal à l’aise. Leca n’était pourtant pas homme à se laisser dominer par la peur, mais il savait Manda à sa recherche, prêt à tout pour reprendre Amélie. Il connaissait son rival pour sa rancœur et sa cruauté et, de ce fait, il ne se sentait nullement rassuré.
Il pressa encore son allure. Les pas, derrière lui, prirent le même tempo.
Seule Amélie, qui s’était accrochée au bras de son homme, ronchonnait de plus belle.
« Mais, ralentis donc ! Je m’ suis tordue la cheville.
-          Vas-tu te taire ! lui lança-t-il d’un ton impérieux.
-          Ah ! Quel caractère !

Leca refusait de se retourner trop souvent, ne voulant pas donner, à ses poursuivants, l’impression qu’il craignait pour sa vie. Mais, au moindre bruit, il jetait un furtif regard en arrière.

« Mais, qu’est-ce c’ que t’as, à la fin ? T’as l’air bien nerveux ? lança Amélie agacée.
-          Vas-tu te taire !
-          Oh là là ! Quel carac..............

La jeune femme acheva sa phrase dans un hurlement. Devant eux, venaient de surgir deux hommes dont la caquette rabattue sur le haut du visage et le col de la veste remonté jusqu’aux oreilles préservaient l’anonymat.
Précautions bien vaines, car les deux assaillants furent rapidement identifiés par Leca et sa compagne, comme étant Manda et l’un de ses lieutenants, un nommé Heil.
Une attaque fugace, juste le temps pour Manda de frapper son rival derrière la tête avec une arme tranchante et de détaler avec son acolyte comme un lapin poursuivi par un chasseur.
Ni vus, ni connus !
Difficile de prouver la culpabilité de qui que ce soit.

Abasourdi, Leca porta la main à la base de son crâne. Il saignait abondamment. Même si la blessure ne semblait être que superficielle, son cuir chevelu présentait une belle entaille de plusieurs centimètres. Amélie, remise de ses émotions, aida son homme en appliquant son mouchoir sur la plaie afin d’arrêter rapidement l’hémorragie.

Toutefois, les cris d’Amélie avaient alerté deux agents de la sécurité qui patrouillaient non loin de là. Apercevant les deux fuyards, ces représentants de l’ordre se mirent en devoir de les intercepter et de les conduire manu militari au poste le plus proche.

Leca ne voulut pas porter plainte. Leurs problèmes, leurs règlements de comptes ne regardaient personne et surtout pas la maréchaussée !
Manda et son lieutenant furent donc remis en liberté après une nuit en cellule.
Affaire classée, en attendant la suite qui ne tarda pas à venir.


................  à suivre ................


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