Avant 1765, on ne l’était sans doute pas, loquace, car ce ne fut
qu’après cette année-là que le mot apparut.
Il vient, comme c’est étrange, du latin. Et pour vous en apprendre
plus, des mots latins « loquax et loquacis », traduits par
« bavard – verbeux – babillard ».
« Loquax et Loquacis », eux-mêmes dérivés d’un autre mot,
latin également, « loqui », signifiant « parler ».
« Loquace » est donc un synonyme de bavard, avec une petite
nuance d’éloquence volubile, tout dans l’art de manier la rhétorique.
Quelqu’un de loquace doit avoir de la loquacité, manier le verbe
loquacement. Pas un simple bavard bafouilleur, ne sachant aligner deux mots, ni
un baveux répandant des baveries, propos n’ayant ni queue, ni tête.
Non ! Quelqu’un de loquace est pourvu de verve, d’esprit,
d’inspiration, de noblesse dans le phrasé !
Par contre, lorsque quelqu’un fait la remarque suivante :
« T’es pas bien loquace ! Y a-t-il quelque chose qui te
turlupine ? »
Cela veut dire que la personne à qui s’adresse cette question, n’est
pas très communicative. Ne prononce pas une parole. N’est pas bavarde.
Tiens, tiens !
En voilà encore un drôle de mot que ce verbe « turlupiner »
que je viens d’employer !
« Turlupin », nom masculin venant tout droit du XIVème
siècle. Pas tout jeune !
Par contre, rien en ce qui concerne ses origines.
A cette époque, le mot désignait un faux dévot, une personne ne
prenant pas au sérieux les choses de la religion, ce qui était inconcevable,
avouez-le.
Le mot dériva, comme tous les mots, emportés par le flux des paroles.
Rabelais l’utilisa pour nommer un « coquin ».
Début du XVIIème siècle, par ce mot, était désignée une
personne fainéante, un parasite.
Un peu plus tard, c’était quelqu’un d’hypocrite.
C’est là que le sens varia.
Un des personnages, créé par le comédien Henri Legrand, se nommait
« Turlupin » et dans la pièce, il possédait un caractère hypocrite,
justement.
Un passage sur les planches qui ne passa pas inaperçu, puisque le nom
« turlupin » fut attribué aux comédiens de foires, débitant des
plaisanteries de mauvais, de très mauvais, goût.
Et par extension, vers 1660, ce turlupin devint un mauvais, un très
mauvais, plaisant.
Déclinons maintenant toute la suite :
Turlupiner :
Au début, c’était se moquer – faire des plaisanteries sur quelqu’un.
Plaisanteries plus ou moins lourdes, plus ou moins offensantes, alors
le sens chemina vers, « tourmenter quelqu’un ».
Une turlupinade
Mais oui, ce mot existe ! Et vous êtes priés de l’employer à
partir d’aujourd’hui.
Plaisanterie de mauvais goût. Mais, tout comme le verbe turlupiner, à
force d’excès, il désigna un tourment, une inquiétude (début du XIXème
siècle).
Attention !
Si un turlupin turlupine avec ses turlupinades, il peut, à son tour,
être turlupiner !!!
Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire
historique de la langue française » Le Robert
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