jeudi 11 juillet 2019

HISTOIRE VRAIE – DANS LE PARIS DE 1901




Tromperies et conséquences


Amélie Elie ne tarda pas à retrouver un amoureux. Fréquentant les guinguettes, chaque dimanche, lieux  où on guinchait et buvait, tout rapprochement s’avérait bien aisé. Aussi trouvait-on facilement chaussure à son pied.
Amélie arborant une chevelure blond-roux, une démarche souple et déhanchée, un rire cristallin, ne passait pas inaperçue.  Elle attirait le regard aguicheur de tous les hommes, mais aussi celui, assassin, des femmes les accompagnant.

Les amours ? Ça va ! Ça vient !
Les changements de partenaires étaient fréquents.

Voilà dans quel lieu et dans quelle circonstance, Amélie rencontra les deux hommes qui allaient marquer un tournant dans sa vie.
Deux hommes dont l’un était déjà en ménage.
Deux hommes, amis de longues dates et très intimes.
Dominique François Eugène Leca[1], dit Le Corse, 27 ans,  travaillant comme  découpeur sur bois, vivant à la colle avec Victorine van Maël.
Joseph Pleigneur[2], dit Manda, 25 ans, vivotant de tout et de rien. On disait même, mais ne faut-il pas se méfier des mauvaises langues, qu’il m‘était avec grande facilité ses maîtresses au turbin.
On chuchotait aussi, mais n’était-ce pas pure médisance, que tous deux et quelques acolytes de leur espèce, s’emparaient avec aisance du bien d’autrui, n’hésitant pas pour cela à jouer du surin.
Une époque où se promener, seul, la nuit était fortement déconseillé dans certains quartiers et notamment ceux des XIXème et XXème arrondissements de Paris. Les mauvaises rencontres n’étaient pas exclues et les mauvais coups encore moins et cela, confirmé par de nombreux articles de presse. Alors, c’était bien vrai !


Pleigneur, dit Manda tomba immédiatement sous le charme de la belle Amélie qui répondit favorablement aux avances de « l’homme », autre surnom par lequel Manda était connu.

Tout allait donc très bien, dans le meilleur des mondes, jusqu’au jour où........

Manda se présenta un après-midi chez son ami Leca. Préparait-il un autre mauvais coup et voulait-il mettre son ami dans la combine ?
Qu’importe !
Il se présenta donc au domicile de son ami, mais celui-ci s’était absenté. Ce fut Victorine qui l’en informa après lui avoir ouvert la porte et invité à boire un verre.
L’après-midi passa bien vite. Pourquoi se quitter ainsi alors que Leca ne devait rentrer que bien plus tard ?
« J’ t’invite à diner ! » lança Manda à la jeune femme qui, ravie de l’invitation, pensa qu’une soirée en galante compagnie serait bien plus agréable que de rester seule.
Une soirée qui s’éternisa un peu, beaucoup même, et bien au-delà de la convenance !
La belle ne rentra au domicile de Leca que tard dans la matinée du lendemain.
En ce lieu, Leca, l’amant délaissé, ayant un tantinet abusé de la bouteille en attendant le retour de sa belle, tournait en rond dans son logement. Lorsqu’il entendit s’ouvrir la porte, il se rua sur sa maîtresse, vociférant des menaces, les poings levés prêts à frapper.
Ce fut alors des explications orageuses, mêlés de coups et de hurlements.
Victorine se défendit. Elle n’était pas d’un caractère à encaisser sans rien dire. Ne l’appelait-on pas la « Panthère de Charonne », et ce n’était nullement une renommée surfaite ?

Tout ce tintouin se termina par le fracas d’une porte claquée à toute volée. Victorine venait de quitter Leca et sans allait d »’un pas ferme et rapide se réfugier chez son nouvel amant. Une irruption dans la vie de Manda qui ne fut pas du tout, mais alors pas du tout, du goût de la maîtresse en titre, ma dite Amélie.
Qu’à cela ne tienne, Amélie décida de se venger.

Toute guillerette, cette jeune femme alla rendre, bien innocemment, une petite visite à Leca. Une visite du genre :
« Tiens, j’ passais par là, alors, je m’ suis dit et si j’allais voir Victorine ? Mais, je vois qu’elle n’est pas là ! »
Tiens donc ! Où va se cacher la perfidie tout de même !
Le brave Leca, pas encore tout à fait remis de l’esclandre orageuse de la veille avec sa Victorine, trouva là, l’aubaine de se faire consoler. N’était-ce pas le souhait, non avoué, de la gentille Amélie ?
Gentille, gentille ? Pas tout à fait !
Et voilà Leca et Amélie, bras-dessus bras-dessous, partis en promenade. Promenade qui dériva en plaisirs amoureux.
Leca dans les bras d’Amélie se trouva revigoré. Amélie sous les étreintes de Leca se sentit vengée.
Chacun y trouva donc son compte !

Mais ne pensez pas que les choses en restèrent là.
Oh que non !
Si cela avait été le cas, la vie aurait été bien trop simple et une vie ne doit-elle pas avoir du piquant ? Enfin, modérément tout de même.

Manda, lorsqu’il apprit la double trahison de sa maîtresse et de son ami, ne le vit pas d’un bon œil.
Furieux, Manda !
Que lui se permette de tromper sa femme, c’était dans l’ordre des choses, celles des mâles.
Mais qu’Amélie, sa chose, son gagne-pain (surtout) aille dans les bras d’un autre qui allait recevoir tous les bénéfices, entendez par là, la gagneuse et ses revenus, non. Non ! Non !

Et voilà comment se gâta l’amitié qui soudait Manda et Leca, entraînant par ce fait, la division d’une bande unie en deux groupes ennemis.
Ennemis à mort !!


[1] Dominique François Eugène Leca né le 25 septembre 1874 à Paris
[2] Joseph Pleigneur né à Paris le 19 avril 1876 à Paris.

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