jeudi 25 juillet 2019

HISTOIRE VRAIE – DANS LE PARIS DE 1901


   


1902 – un début d’année terriblement chaud !

Première partie

Affrontement après affrontement, l’atmosphère entre les deux bandes devint torride.
Une escalade de plus en plus barbare, de plus en plus sanglante.
Après l’agression, de la rue Popincourt, il ne fallut pas attendre bien longtemps avant de voir les noms des deux groupes rivaux s’étaler dans les journaux.

Le 5 janvier 1902, était-ce le hasard qui fit se rencontrer les adversaires à l’angle des rues des Haies et d’Avron ?
Hasard ou non, difficile de le savoir, comme toujours, mais hasard bizarre tout de même, car les hommes étaient armés de haches, poignards, couteaux et revolvers.
Les armes parlèrent haut et fort comme à leur habitude.
 
Leca fut le point de mir de ce combat et il ne dut son salut qu’à l’intervention de quelques amis venus à son secours. Il reçut, malgré cette aide, deux balles, une dans un bras et l’autre dans une cuisse. En raison de l’hémorragie provoquée par ces blessures, il fut conduit rapidement à l’hôpital Tenon.
Un séjour pendant lequel Monsieur Le Poittevin, juge d’instruction, mit au courant de la fusillade de la rue d’Avron vint interroger Leca,  blessé dans cette échauffourée.

Mais, pendant l’hospitalisation de Leca ou peut-être justement en raison de celle-ci, provoquant son absence sur le terrain, un autre fait se produisit.
Le nommé Lillois de la « bande à Leca » s’aventura, au cours d’une promenade avec sa maîtresse, dans le secteur de la « bande à Manda ». Bien mal lui en pris d’ailleurs, car le couple fut capturé et conduit, non sans violences, dans un sordide réduit de la rue Rébeval.

Prise d’otages pour faire céder Leca qui, cloué au lit, ne pouvait intervenir. Le message qui lui fut transmis, rédigé par Polly dit le Dénicheur, un lieutenant des plus fidèles de Manda, et dont le blessé prit connaissance, le mettait en demeure en  ces termes :
« Si tu ne nous rends pas Casque d’Or[1], nous tuerons Lillois et sa maîtresse. »
La réponse de l’amant en titre de la belle fut la suivante :
«  Vous êtes tous des lâches.  Je suis faible. Attendez ma sortie de l’hôpital. »

Des lâches ? Assurément !
Pendant leur captivité, les deux amants ne reçurent ni eau, ni nourriture.
Le Lillois subit de nombreux sévices, amusements cruels de la part de ses ravisseurs qui effectuèrent de nombreux dessins sur son corps mis à nu, avec la pointe de divers objets tranchants. Du sadisme à l’état pur !
Quant à la maîtresse du Lillois, je n’ose relater ce qu’elle a dû endurer.
Tous deux furent libérés plus de vingt-quatre heures après leur rapt.  


 
Le 9 janvier 1902, Amélie se rendit à l’hôpital, faire une visite à son amant.
« J’ veux sortir de là ! lui demanda le blessé.
-          Mais, t’es pas en état ! répliqua la jeune femme.
-          Vous m’ conduirez chez l’ père[2] ! Ici, je m’ sens pas en sécurité. Et puis, la police rode.

Devant l’insistance du blessé, Amélie se plia à sa volonté et commanda une voiture pour le début de l’après-midi. Ne pouvant soutenir, seule, son  homme, elle demanda à Erbs, Doumergue et Delbord de l’accompagner.

Dans la voiture, assis entre Erbs et Doumergue, Leca somnolé. Les secousses du véhicule ravivaient la douleur de ses blessures. Sur le siège, face à lui, Amélie, à côté de Delbord, anxieuse, regardait alternativement par la fenêtre sur sa gauche, puis sur sa droite. Elle n’avait pas l’esprit tranquille. Arrivant dans la rue du Bagnolet, elle aperçut Ponsart[3] sur le bas côté gauche de la chaussée faisant des signes à quelqu’un. Quelques secondes plus tard, Manda sauta sur le marchepied de la voiture et armé d’un poignard, frappa violemment Leca en pleine poitrine. Erbs[4] voulant arrêter le bras vengeur fut également blessé.
Son méfait accompli, Manda, l’agresseur, prit la poudre d’escampette, sans demander son reste, pendant que dans la voiture, c’était l’affolement.
Leca, blême à faire peur, une main sur sa poitrine, peinant à respirer, articula dans un faible souffle avant de perdre conscience :
« C’ coup-là, j’ crois qu’ j’ai mon compte ! » 

La voiture fit demi-tour, direction en urgence à l’hôpital Tenon.
Ce fut ensuite une succession d’arrestations opérées par les agents de la sûreté.
C’en était trop, il fallait remettre un peu d’ordre dans cette escalade de violence !


[1] « Casque d’or » - C’est la première fois qu’apparaît ce surnom attribué à Amélie Elie. Ce sobriquet ne lui vient nullement de ses proches ou ennemis qui ne l’appelaient jamais ainsi. Il lui a été donné par les journalistes dans un article parlant de la rivalité entre Leca et manda pour cette femme à la chevelure abondante et blonde.
Voilà pourquoi, je suis étonnée que cette appellation figure dans le courrier du dénicheur.
« Casque d’or » vous avez s’en aucun doute entendu parler d’elle, ne serait-ce que par le biais du  film réalisé en mars 1952, par Jacques Becker, avec Simone Signoret dans le rôle titre, Serge Reggiani et Claude Dauphin. Mais, nous en reparlerons.
[2] Alesio Leca – père – est né et décédé en Corse du Sud dans la ville de Evisa - il s’est marié à Paris avec Augustine Richelet en janvier 1874. Aucune infirmation sur son lieu de résidence en 1902.
[3] Ponsart ou Donsart, selon les divers journaux, de son prénom Maurice était surnommé « le Petit Rouquin » ou « le Rouquin ».
[4] On trouve aussi Herbs dans les divers articles de journaux, mais l’orthographe exacte est Erbs -  prénommé Georges.

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